
Comment se passe le confinement ?
"Actuellement, je suis à la maison dans l’Eure et plutôt dans de bonnes conditions car je possède un jardin et il fait beau niveau météo pour le moment. Pour la préparation physique, c’est positif car cela me permet de courir et faire du vélo tous les jours. Côté Formule 1 bateau, c’est le calme plat. On ne sait pas comment la saison va se dérouler. On était tous prêts pour le Grand Prix F1 d’Arabie Saoudite, on avait même pris tous les billets d’avion. Or, l’épreuve a été annulée. Le Grand Prix du Portugal est décalé au mois de septembre mais on n’y croit pas trop. On reste dans l’incertitude !"

Où se trouvent vos catamarans de course ?
"Les bateaux étaient déjà partis par cargo en Arabie Saoudite mais on espère les avoir d’ici la fin du mois d’avril. Ils rejoindront notre base de La Rochelle, on pourra alors faire des essais. Mais entretemps, on ne peut pas travailler dessus. Cela va être une saison compliquée, si on a la chance encore d’avoir un calendrier ? On espère que le promoteur pourra nous organiser un mini championnat mondial d’ici la fin de saison. Nous restons confiants sur la Chine cet automne avec trois Grand Prix prévus à l’origine puis les courses aux Emirats Arabes Unis, à Abu Dhabi et à Sharjah."

Des conséquences sur vos partenaires ?
"Comme beaucoup d’écuries de F1 et d’autres sportifs, nous sommes dans un flou total car personne n’a jamais vécu ce genre de situation. On se sait pas comment vont réagir les partenaires ou le promoteur de la F1 motonautique. Tout le monde va-t-il tenir financièrement ? Personne ne le sait encore. Cela fait partie aussi de la vie et le manque d’évènements sportifs dans le monde entier à l’issue du confinement va nous permettre de repartir. Cela sera peut-être plus compliqué pour certains pays et compétitions…"

Comment voyez-vous l'avenir de la compétition motonautique ? Il y a déjà quelques projets de moteurs électriques…
« Cela continue effectivement à bouger beaucoup avec le motoriste américain Mercury qui travaille sur de nouveaux projets. Pour le moteur 100% électrique ce ne sera pas possible en Formule 1, compte tenu du poids actuel des batteries. Le bateau n’est pas fait, à ce jour, pour l’électricité car il y a trop d’inertie. En revanche, le moteur 4 temps est sûrement une évolution qui va bientôt arriver. Mercury Racing a déjà réalisé des essais cette année. Il y a un an, ils nous ont présenté un nouveau moteur de course, sur la base d’un hors-bord Mercury de type Verado. Ils souhaitent aussi le montrer en vitesse mais aussi en endurance, aux 24 heures motonautiques de Rouen. Pour le moment, le hors-bord est encore trop lourd, il y a pas mal de problèmes techniques à régler mais je pense que d’ici 3-4 ans nous aurons un moteur de course 4 temps très performant. Sera-t-il tout de suite en F1 ? Je ne sais pas mais c’est une belle évolution possible. Notre moteur 2 temps actuel 2,5 l continue à avoir un bon rendement écologique et économique avec une puissance exceptionnelle, il est difficile de le remplacer… On ira vers le 4 temps comme tous les sports mécaniques mais cela représente un investissement important aussi pour les écuries car il va falloir redessiner les coques, les chassis, etc."
Vous comptabilisez déjà 3 titres de Champion du Monde et 35 podiums en F1, sans compter près de 20 années de course inshore au compteur, vous arrêtez quand ?
"Une saison après l’autre (rires) ! J’arrête de dire chaque année que j’arrête car cela fait cinq ans que je le répète ! Plus sérieusement, je voulais arrêter à mon premier titre de Champion du Monde mais mes partenaires chinois n’ont pas voulu. Forcément quand tu viens d’être champion, tu veux continuer et en terminant plus tard second d'un championnat, tu sais que tu veux de nouveau être le meilleur. Mon écurie ne veut pas que j’arrête ma carrière et je dois transmettre mon expérience à Peter Morin (NDLR : autre pilote français de l’écurie). Ils considèrent que je peux être au top des résultats encore pendant plusieurs saisons ! "