Solo Maître CoQ : Pierre Quiroga remporte l'étape, Tom Laperche s'impose au général

Régates
Par Figaronautisme.com / Solo Maître CoQ

La grande étape de la Solo Maître CoQ s’annonçait complète autant que complexe. Le fait est qu’elle a tenu toutes ses promesses avec à la fois des tout petits airs erratiques et du vent bien soutenu. Des conditions aux extrêmes, particulièrement techniques, qui ont naturellement fait les affaires des gros bras du circuit.

©BRESCHI / SOLO MAITRE COQ 2021
La grande étape de la Solo Maître CoQ s’annonçait complète autant que complexe. Le fait est qu’elle a tenu toutes ses promesses avec à la fois des tout petits airs erratiques et du vent bien soutenu. Des conditions aux extrêmes, particulièrement techniques, qui ont naturellement fait les affaires des gros bras du circuit.

Des conditions aux extrêmes, particulièrement techniques, qui ont naturellement fait les affaires des gros bras du circuit. En effet, après avoir réalisé un premier break du côté de l’île de Ré, ils ont creusé plus encore l’écart sur la deuxième moitié du peloton du côté des Birvideaux où ils ont pris la poudre d’escampette à des vitesses supersoniques quand leurs adversaires ont longtemps bataillé au près. Dans cette phase de la course, en mode « sous-marin », il a fallu toutefois réussir à tenir des cadences infernales, solidement rivé à la barre, pour tirer son épingle du jeu. Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) a impeccablement navigué dans chacune des périodes clés de la course, signant une victoire sans appel ce samedi, à 6h35, avec près de trente minutes d’avance sur Xavier Macaire (Groupe SNEF) et presque une heure tout pile sur Tom Laperche (Bretagne – CMB Performance). Au général, ce dernier remporte toutefois la mise devant Alan Roberts (Seacat Services) puis Gildas Mahé (Breizh Cola), et inscrit son nom pour la deuxième fois consécutive au palmarès de l’épreuve.

La première portion du parcours - une boucle de 340 milles au départ et à l’arrivée des Sables d’Olonne via Ré, Belle-Ile et Yeu -, s’annonçait cruciale car le scénario météo ne promettait ensuite que très peu d’opportunités de se refaire. Force est de constater que le contournement de l’île de Ré a été un vrai premier passage à niveau et Pierre Quiroga a, sans conteste, été le plus audacieux au niveau de la passe nord du pont. Il s’est alors installé aux commandes de la flotte avant d’enfoncer le clou sur la route des Birvideaux grâce à une trajectoire bien tendue, portant ainsi son avance jusqu’à 6 milles au niveau du phare breton. « Je me suis vraiment fait plaisir. J’ai fait plein de petits coups, comme j’en ai souvent l’habitude, et je me suis vachement démarqué du reste de la flotte. Bien sûr, j’ai fait quelques petites erreurs mais a priori moins que les autres », a commenté le Marseillais. « On a vraiment eu de tout en termes de vent : de zéro à 30-35 nœuds. J’ai même relevé jusqu’à 36 nœuds dans le front ! Il a fallu s’adapter. C’était vraiment fort, fort, fort pour redescendre de Belle-Ile. Je n’ai quasiment pas lâché le guidon depuis hier car le pilote de tenait pas. J’étais bloqué à la barre avec, à mes pieds, tout mon stock de nourriture et de boisson pour tenir jusqu’à ce matin », a commenté le Skipper Macif 2019 qui réalisé des surfs à plus de 21 nœuds, imprimant un rythme d’enfer pour conserver les attaques de ses poursuivants. « Ça a été un bord de « marcassin », mais je ne voulais pas lâcher ! », a ajouté Pierre qui a vu revenir comme des balles des pointures telles que Xavier Macaire et Tom Laperche, toujours très à l’aise dans le gros temps, mais qui a su conserver un bel avantage jusqu’à la ligne d’arrivée, ce matin, au lever du jour. Au classement général, malgré cette jolie victoire et sa belle deuxième place lors du premier côtier disputé lundi, Pierre termine cependant au pied du podium, la faute à une manche de 20e encaissée mardi. « J’ai été un peu trop joueur ce jour-là, mais ce que je regrette surtout, c’est d’avoir laissé filer la première place sur la première course alors que je l’avais dominée. Il y a eu une petite molle et Alan est passé mais au final, peu importe, j’ai montré de belles choses et je me suis vraiment fait plaisir cette semaine », a terminé Pierre Quiroga.

La régularité récompensée

S’il est passé tout près d’une double victoire de manche lors de cette 18e Solo Maître CoQ, Tom Laperche, lui, s’impose finalement sans avoir remporté de course, mais en ayant, en revanche, fait preuve d'une très belle régularité. Avec des places de 3e, 2e et 3e, le skipper Bretagne – CMB Performance remporte de belle manière l’épreuve et l’inscrit pour la deuxième fois à son palmarès, performance jusqu’alors seulement réalisée par Nicolas Lunven, vainqueur en 2010, 2011 et 2017. « Je suis content évidemment. Comme souvent en Figaro, c’est la constance qui a payé. J’avoue néanmoins que j’ai bien donné lors de la grande étape. Après le départ dans du tout petit temps, je me suis retrouvé en milieu de paquet du côté de l’île de Ré et ensuite ça a vachement tiré par devant avec le courant. Les premiers sont partis avec 3-4 milles d’avance. A ce moment-là j’ai pris conscience qu’il allait falloir vraiment bosser fort pour revenir. En ce sens, j’ai notamment bien négocié le passage de front. A ce moment-là, je me suis rendu-compte que tout le monde était un peu sur la défensive et que certains préparait les gennakers pour faire du portant. Pour ma part, je ne me suis pas posé de question, j’ai envoyé le spi et j’ai ainsi doublé plusieurs bateaux. J’ai vraiment attaqué et sur la portion entre les Birvideaux et le plateau de Rochebonne, j’ai tenu 17 nœuds de moyenne ! », a commenté Tom qui a notamment doublé Alan Roberts sur cette section et ainsi assuré sa victoire. Pour mémoire, avant le départ de ce dernier round, le Britannique et lui étaient à égalité de points au classement. « On savait que cette grande étape dotée d’un coefficient 3 (contre 1,5 pour chacun des deux côtiers, ndlr) serait déterminante. Forcément, c’est dommage pour moi d’avoir laissé passer Tom dans le dernier tiers du parcours. Ce sont toujours des petites bêtises qui font la différence entre un premier et un deuxième », a détaillé le skipper de Seacat Services, 5e de cette grande étape. « Au final, je suis content. J’ai vraiment géré la course comme une étape de Solitaire du Figaro. Je suis resté constamment à l’attaque mais j’ai aussi pu tester et valider beaucoup de choses. C’était vraiment une très belle édition de la Solo Maître CoQ, avec des choix intéressants à faire et de la belle bagarre. Ça promet pour la suite ! ».

Texte Perrine Vangilve

Retrouvez la totalité des classements une fois le dernier concurrent arrivé sur le site de l'épreuve en cliquant ici : Solo Maître CoQ Classement

Ils ont dit :

Gildas Mahé (Breizh Cola) 4e de la grande étape, 3e au général : « C’était un peu ma reprise de la saison en nav’ de nuit et j’ai fait deux belles nuits. La première, j’ai dormi un peu pour préparer le terrain pour la deuxième, et heureusement car on a été bien servi avec des tonnes et des tonnes d’eau à 10° sur le pont et dans le bateau. Lors du bord sous petit spi, avec des paquets de mer dans la figure en permanence, j’étais gelé. J’avais beau « wincher », ça ne suffisait pas à me réchauffer. Plus que le vent, c’est la mer qui a fait que c’était bien la guerre. En venant sur cette Solo Maître CoQ, j’espérais vraiment faire une belle grande étape et je suis assez content de mon résultat. J’ai surtout bien commencé car ensuite je suis tombé sur plus fort que moi dans la brise. Xavier (Macaire) et Tom (Laperche) sont revenus. Je n’arrivais pas à lutter contre eux. Ils allaient vraiment plus vite et maîtrisaient vraiment mieux le sujet que moi mais au début, ça avait été l’inverse dans les petits airs alors... En tous les cas, c’était complet et intéressant. Un podium, ça fait toujours du bien et je suis content d’avoir tiré mon épingle du jeu tactiquement sur les petits côtiers dans des conditions molles et instables. »

 

Xavier Macaire (Groupe SNEF), 2e de la grande étape, 5e au général : « J’ai particulièrement bien tiré mon épingle du jeu sur le long bord entre Ré et Belle-Ile où j’ai eu vraiment une bonne speed mais aussi un bon placement. Un peu comme Pierre Quiroga, j’ai choisi d’attaquer en route directe. Ça allait vite et c’était vraiment pas mal. J’ai réussi à bien fait marcher mon bateau et j’ai doublé plein de concurrents. C’était important de bien passer aux Birvideaux parce qu’il y a eu la bascule du vent à l’ouest. Pour ma part, je me suis retrouvé au près une demi-heure avant de passer le phare mais derrière, ça a creusé des écarts assez énormes. Au final, c’était super car il y a vraiment eu de tout. De la pétole au début puis 18-24 heures hyper musclées, sous spi ou sous gennak, avec un bateau qui tapait dans les vagues et des paquets d’eau qui passaient sur le pont… D’ailleurs, c’était franchement sport. C’est sympa de surfer à 20 nœuds en Figaro, mais à un moment tu as envie que ça s’arrête, que le bateau avance tranquillement. Le positif, c’est qu’on a pu voir plein de choses. Sur mon bateau, j’ai vu des choses qui ne marchaient pas, des bouts coincés... Clairement, c’était un bon crash test et ça m’a bien mis en confiance pour la suite. C’est toujours sympa de voir tout le travail réalisé en hiver se concrétiser en régate ! »

 

Fabien Delahaye (Laboratoires Gilbert – Loubsol), 6e de la grande étape et 10e du général : « Je ne sais pas si on a tous vécu la même chose, mais de mon point de vue, c’était un peu bourrin. Je pense que c’était la première fois qu’on faisait des bords aussi longs et aussi intenses en Figaro 3, avec, en prime, des configurations de voiles que l’on n’utilise pas forcément d’habitude. C’est allé très très vite ! Avec le retard qu’on a pris sur les routages au pont de l’île de Ré, on a quand même réussi à aller à Belle-Ile en un temps record. On a eu de la chance car le vent était un peu plus gauche que prévu et on a ainsi tenu les spis très longtemps. En tête de flotte, on a pris le front juste avant les Birvideaux.  Ça a créé des écarts énormes avec ceux de derrière qui se sont retrouvés à faire beaucoup de près alors que nous, c’était parti pour les glissades. Je me répète mais c’était une sacrée étape de bourrin. Heureusement, j’avais bien dormi la première nuit car je savais que la suite serait compliquée et ça n’a pas manqué car à partir de vendredi matin, je n’ai plus lâché la barre. Je n’ai rien mangé et j’arrive bien fatigué. Globalement, j’ai eu le sentiment d’aller plutôt vite au bon endroit mais j’ai eu plein de petits problèmes. Je pense que le podium était largement atteignable aujourd’hui. En tous les cas je n’en suis pas loin et c’est plutôt bien. La saison est lancée ! »

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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