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Que représente pour vous la Rolex Fastnet Race ?
« Pour moi c’est une course britannique historique ! Comme je suis moi-même anglaise, née à Portsmouth, cela me touche encore plus. J’en ai des souvenirs exceptionnels. Enfant, j’allais sur notre bateau de famille, dans la flotte des spectateurs, pour assister aux départs et aux arrivées. C’était mémorable... Dans l’histoire de la course il y a eu des années terribles, beaucoup de problèmes, des naufrages, qui à l’époque m’ont beaucoup marqués. Cette compétition est emblématique dans le monde de la voile. C’est la plus grande course océanique qui existe, avec un départ et une arrivée en Angleterre. C’est une course à laquelle tout navigateur anglais ambitionne de participer. »
Vous avez déjà participé à l’édition de 1993, vous aviez 19 ans. Quelle impact cette Fastnet Race a-t-elle eu sur votre développement en tant que skippeur ?
« Quand j’étais adolescente, j’adorais la voile. En famille on naviguait beaucoup mais seulement en croisière. Et moi j’admirais tous ces magnifiques bateaux qui partaient sur de longues courses, de plusieurs jours, et ça me donnait envie. Donc j’ai été frapper aux bonnes portes, j’ai fait le tour des pontons pour essayer de convaincre quelqu’un de m’emmener même si je n’avais pas l’expérience de la course. Et j’ai trouvé cette famille qui était propriétaire d’un bateau, un habitable : le Sun Legend, qui naviguait bien. Ils ont accepté de m’embarquer et m’ont appris beaucoup de choses sur la course au large. J’ai appris à être une bonne membre d’équipage. La Fastnet Race a eu une grande importance dans mon développement en tant que skippeur. Quand j’étais jeune c’était vraiment la course phare. Trouver un embarquement n’a pas été facile mais faire cette course sur un bon bateau, avec des équipages qui ont de l’expérience, c’était incroyable ! Et ça a aussi été l’occasion pour moi de rencontrer de très grands marins avec de l’expérience. »
Vous parlez de la course en équipage, pouvez-vous nous en dire plus sur le duo que vous formez avec Nicolas Lunven ?
« La Fastnet Race va nous permettre de découvrir comment on peut mieux s’organiser, puisque ce sera notre première course ensemble. Nicolas est un très bon marin. Je le connais bien, je m’entraîne avec lui sur l’eau depuis longtemps. Il a un parcours très impressionnant avec deux victoires sur la Solitaire du Figaro, c’est incroyable. Il a aussi beaucoup d’expérience sur les gros bateaux, les IMOCA. Moi j’ai beaucoup navigué contre lui puisqu’il naviguait avec Kevin Escoffier, qui était l’un de mes concurrents principaux, je sais donc qu’il connaît bien ce type de bateau. »
Quelques mots sur Initiatives-Coeur ?
« Initiatives-Coeur est un ancien bateau qui a eu la chance d’être optimisé un maximum pour son âge. Ce n’est pas le plus rapide de la flotte mais c’est un bateau qui peut être performant... Mais il faut aussi être malin pour essayer de limiter le manque de vitesse par rapport à un bateau neuf. Et Nicolas sait faire ça ! Il sait comment pousser un bateau au maximum de ses capacités. Moi j’ai envie de progresser encore, je suis convaincue de ne pas avoir toutes les clés du bateau Initiative Coeur. J’ai l’intime conviction que l’on peut le rendre encore plus rapide et Nico est le meilleur pour ça.
Initiatives-Coeur est unique, c’est un projet incroyable qui a été créé par Tanguy Delamotte. Nous avons deux objectifs : un objectif sportif et un objectif solidaire. Le projet soutient la chirurgie cardiaque en donnant de la visibilité mais surtout en récoltant de l’argent : grâce au partage de chaque aventure, nous récoltons récolte 1euro à chaque nouveau follower pendant les grandes courses. »
Avez-vous un objectif de performance sur cette course ?
« Nous voulons essayer de faire le mieux possible mais aussi profiter de cette course pour apprendre encore. Apprendre sur notre duo en vue de la Transat Jacques Vabre, qui se déroulera début novembre. La Fastnet Race c’est une sorte d’entraînement et un parcours de qualification. »
Quel est votre programme de navigation à venir, vos projets futurs ?
« Après la Fastnet Race, notre objectif principal sera la Transat Jacques Vabre, qui compte double. Toute l’année on a préparé cette course ! Disons que la première course de l’année c’est la Fastnet Race, mais il y aura aussi le Défi AZIMUT qui est une plus petite course à Lorient, au mois de septembre. »