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Ils n’étaient que sept en 1925 sur la ligne de départ en face de Cowes sur l'île de Wight. Il faut dire que la route est ardue pour aller virer le mythique et redouté phare du Fastnet, isolé au large des côtes irlandaises. Le vainqueur de cette première édition, le bien nommé Jolie Brise, mettra à 6 jours 2h et 45 min avant de couper la ligne d’arrivée située alors devant Plymouth. Surtout que même en plein été, la course se courant traditionnellement au mois d’août, la météo peut être redoutable. Si depuis la tragique édition de 1978 les conditions de sécurité ont été bien etendu renforcées, avec notamment des exigeances de qualifications élevées pour tous les équipiers, le départ de la dernière édition, disputé dans 35 nœuds de vent a rappellé à tous les concurrents qu’un Fastnet se mérite. Avec une centaine d’abandon sur les 337 partants, dont 50 sur les 24 premières heures de course.
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98 années de légende
Cette course, qui est à l’origine de la création du Royal Ocean Racing Club (RORC) et son parcours sont restés immuables pendant près d’un siècle. Elle a, comme est venu le rappeler Jeremy Wilton CEO du RORC, inspiré la plupart des grandes courses au large telles que Sydney-Hobart ou la Middle Sea Race. Mais en 2021, la vénérable institution Britannique fait sa révolution et rompt avec la tradition en déplaçant le site d’arrivée à Cherbourg. Un changement de parcours qui rajoute une difficulté avec le passage à quelques encablures de la ligne du terrible Raz Blanchard aux courants record. Mais Cherbourg dispose aussi d’un plan d’eau remarquable avec la plus grande rade artificielle d’Europe, d’installations portuaires à même d’accueillir un grand nombre de voiliers, et d’une population tournée vers la mer, toujours prête à s’enflammer pour les grands exploits maritimes.
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500 bateaux attendus
C’est ce que sont venus confirmer les quatre collectivités locales réunies dans une association, présidée par Jean-Louis Valentin, qui gère cet évènement prometteur. Car si l’édition 2021 a été menacée jusqu’au dernier moment par la pandémie de Covid et limitée dans ses animations pour les mêmes raisons, 2023 s’annonce en revanche sans nuages. Benoît Arrivée, le maire de Cherbourg-en-Cotentin, David Margueritte président de la Communauté d'agglomération du Cotentin, Jean Morin Pdt Dpt Manche et Augustin Bœuf Conseiller Régional de la Normandie en charge du nautisme ont fait preuve d’une belle unanimité et d’un même enthousiasme sur la scène du Nautic pour la potentielle réception de 4 000 marins. Car ce sont près de 500 bateaux qui sont attendus sur la ligne de départ. Et encore, il s’agit là d’une jauge maximum fixée par l’organisation, car il devrait y avoir beaucoup plus de candidats à vouloir s’inscrire le 11 janvier prochain dès 11 heure du matin. Le départ lui est fixé le 22 juillet mais beaucoup de bateaux se donneront rendez-vous à Cherbourg pour une semaine “pré-départ” du 17 au 21 juillet, avec notamment une présentation des équipages le 20 juillet. Les arrivées, et les remises de prix, s’étaleront ensuite du 23 au 29 juillet. Car si le record en multicoque est de 33 heures et 14 minutes, la magie de la Rolex Fastnet Race réside aussi dans le fait qu’elle permet aux amateurs de partir sur la même ligne que les professionnels. Alors si Charles Caudrelier et son Gitana, tenants du titre seront bien là, tout comme Yohann Richomme qui ne compte pas moins d’une dizaine de participations et s’alignera à bord de son futur Imoca, ou encore le Normand Alexis Loison fort de 5 victoires dont une toutes classes en double avec son père, ce sont des centaines d’amateurs éclairés qui vont animer la course. Ils vont faire vibrer les milliers de spectateurs attendus pendant sept jours sur le village de 20 000 m². C’est certain, en juillet 2023 c’est bien à Cherbourg-en-Cotentin que la plus mythique des courses au large écrira une nouvelle page de sa légende.