Louis Vuitton Cup : rien n’est perdu pour les Américains et les Suisses

Par Figaronautisme.com

Aujourd’hui, sur le plan d’eau, les Américaines et les Suisses ont su reprendre le contrôle de la situation. S'ils perdaient, tout était fini, mais les deux équipes ont réussi à renverser la vapeur grâce à une stratégie audacieuse et une coordination sans faille.

Alinghi Red Bull Racing VS INEOS Britannia
Maintenant ou jamais pour les Suisses, c'est la vie ou la mort car ils sont au bord de l'élimination. S'ils perdent, leur campagne s'arrête brusquement. S'ils gagnent, c'est le match. Les conditions sont légères et délicates, les deux bateaux sont donc sur leurs plus gros focs J1. Après un court retard dû au non-respect de la limite de vent, la course a commencé avec les deux bateaux luttant pour maintenir leur vol et gardant une distance très importante entre eux pour éviter les effets du sillage des ailes.

En tête de la course, Britannia a viré de bord sur la face d'Alinghi Red Bull Racing et s'est mis en position de partir sous le vent, forçant les Suisses à passer au-dessus de la ligne de départ. Alors que les deux bateaux se repliaient derrière la ligne pour les approches finales à bâbord, la paire s'est retrouvée en difficulté et les Suisses ont été rappelés au-dessus de la ligne avec seulement 4 mètres d'avance et la pénalité de 75 mètres qui s'en est suivie pourrait être révélatrice. La course est longue cependant et beaucoup de dangers. Britannia détient l'avantage initial et dans le premier bord au vent, tout est une question de pression et de limitation des manœuvres.

En haut de la porte, INEOS Britannia mène avec 17 secondes d'avance et les Suisses se séparent dans un premier temps, mais au premier croisement, les Britanniques sont devant et doivent empanner pour couvrir. La course est serrée et à la fin, les deux bateaux naviguent à des angles élevés pour rester sur les foils, les Suisses ayant du mal à rester en l'air. Britannia contourne la première porte sous le vent avec une marge d'une minute et 10 secondes, mais au premier virement de bord, à la limite, les Britanniques perdent leurs foils et les Suisses en profitent pleinement, chevauchant haut sur leurs foils pendant leur premier virement de bord pour prendre la tête. Les Britanniques parviennent à remonter avant la limite de droite, mais perdent à nouveau du terrain pendant le virement de bord. Les Suisses creusent une avance de plus de 500 mètres, le comité de course ayant raccourci les étapes du parcours à une distance d'un mille nautique. A la deuxième marque au vent, l'avance d'Alinghi Red Bull Racing était d'une longueur complète alors que les Britanniques sont à nouveau tombés des foils, ont écopé d'une pénalité de limite et semblent vraiment avoir du mal dans ces conditions.

Pour Alinghi Red Bull Racing, la bonne nouvelle est arrivée par le biais du casque : le comité de course raccourcissait le parcours à seulement cinq étapes, mais lors du prochain empannage, avec la porte sous le vent en vue, ils sont eux-mêmes tombés des foils et maintenant les deux bateaux sont en mode déplacement, les Britanniques ayant du mal à atteindre la deuxième marque au vent.

C'est maintenant une course contre la limite de temps de 45 minutes, alors que le vent tombe sur le parcours et que les Suisses sont à moins d'un mille nautique de l'arrivée. Lentement, ils ont pris le dernier bord au vent, naviguant sur des angles très larges pour essayer de gagner en vitesse. Il semblait difficile de savoir si les marins parviendraient à faire passer « BoatOne » la ligne dans le temps imparti, mais dans le dernier quart d'heure, les zéphyrs se sont suffisamment atténués et les Suisses ont une bouée de sauvetage. Le score est de 4-1 dans cette partie de la demi-finale de la Louis Vuitton Cup.

Alinghi Red Bull Racing bat INEOS Britannia
INEOS Britannia mène 4-1

NYYC American Magic VS Luna Rossa Prada Pirelli

Nautisme Article
© Ian Roman / Coupe de l'America


Après un court délai pour que le vent se lève, la course a commencé avec Magic entrant dans la zone de pré-départ pile au bon moment pour faire la traversée, mais les deux bateaux sont très prudents pour éviter le sillage des ailes et garder une large séparation.

En tête de la ligne, Magic part très tôt et tente de rattraper les Italiens sur un bâbord/tribord qui est évité et au départ les deux bateaux plongent du côté au vent de la ligne avec Luna Rossa au vent. Immédiatement Luna Rossa passe en mode haute vitesse avec plus de vitesse et toute la pression est sur Magic dans la course de vitesse vers la limite.

Les deux bateaux louvoient de manière synchronisée mais ce sont les Italiens qui ont la position cruciale au vent et Magic perd du terrain avant d'être obligé de virer de bord à mi-parcours pour effacer son vent. L'Italie ignore le mouvement et se dirige directement vers la layline bâbord tandis que Magic se positionne sur la layline tribord. Le delta est de 17 secondes sur Luna Rossa et Magic se partage la tactique au portant. Alors que les bateaux se rapprochent à mi-parcours, aucun des deux bateaux n'a gagné ou perdu et les barreurs recherchent les zones de pression plus loin sur le parcours.

Luna Rossa exécute bien le vent arrière, en limitant les manœuvres au minimum et contourne avec toujours 17 secondes d'avance. Magic divise le parcours et se dirige d'abord à droite sur le deuxième près, ce qui les ramène dans la course en revenant sur tribord amure et en forçant Luna Rossa à faire un énorme plongeon pour l'éviter, au cours duquel les Italiens reçoivent une pénalité pour une infraction aux limites du bateau qui est facilement effacée lorsque les bateaux se séparent des côtés du parcours.

Tout est une question de pression en haut du parcours et il y a encore un incident bâbord/tribord qui fait que l'Italie reçoit une nouvelle pénalité pour avoir croisé trop près. Encore une fois, la pénalité est effacée facilement, mais à la marque supérieure, Magic est en tête avec trois secondes d'avance tandis que Luna Rossa émet une réclamation pour un autre incident bâbord/tribord dans les dernières approches de la porte. Pas de pénalité.

Course palpitante, au portant au premier croisement, Magic conserve l'avantage tribord et croise devant mais cède la place aux Italiens alors que les deux bateaux vont de chaque côté du parcours avant de revenir pour un autre croisement. Cette fois, Magic a gagné une longueur de bateau et croise devant pour se placer à droite pour les approches finales sur la layline bâbord.

Luna Rossa entre à l'intérieur de la bouée à tribord et tente de provoquer un incident dans le cercle des deux bateaux autour de la bouée, mais cette décision ne fonctionne tout simplement pas. American Magic prend les mesures d'évitement appropriées et contourne l'extérieur alors que les Italiens tombent des foils. Dans ces conditions et sur un parcours limite, il devient presque impossible pour Luna Rossa de prendre de la vitesse pour reprendre le vol et Magic creuse une avance impressionnante de plus de 1 500 mètres. Tout ce qu'American Magic doit faire, c'est rester sur les foils et cette course est à eux.

Dans la dernière manche, Tom Slingsby et Lucas Calabrese ne commettent aucune erreur, convertissant l'occasion grâce à un excellent contrôle de vol d'Andrew Campbell et Mike Menninger, marquant une victoire brillante pour garder leurs espoirs de demi-finale de la Louis Vuitton Cup en vie et porter le score à 4-1. Cela faisait longtemps que cela arrivait. Superbe exécution de NYYC American Magic.

NYYC American Magic bat Luna Rossa Prada Pirelli
Luna Rossa Prada Pirelli mène 4-1

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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