
Cependant, il faudra encore attendre pour connaître le vainqueur de cette première étape de la course. En effet, le comité technique a constaté une rupture de plomb à bord du Figaro Bénéteau 3 de Fred Duthil et a réclamé contre lui, le marin sera convoqué par le jury.
Déclaration de Fred Duthil à l'arrivée :
« C’était une étape assez compliquée. On était à la queue leu leu avec des bords obligatoires jusqu’au DST des Scilly. J’ai pris un départ moyen et j’ai eu du mal à rentrer dans la course la première nuit. J’ai pris un petit peu de retard et ensuite c’était quasiment impossible de le rattraper. Par contre, on savait que des options se joueraient au retour sur cette portion-là. Ça n’a pas raté. On avait bien préparé différents scénarios avec les routeurs qui travaillaient avec moi au départ. L’éventualité que le front ressorte et rentre par l’ouest sortait un peu du scénario du retour. Quand j’ai entendu la météo, je me suis dit qu’il était là a priori. J’ai hésité à un moment à passer parce qu’il y avait des choix de DST à faire pour le retour. Ce n’était pas facile. J’ai essayé de forcer un peu entre les deux mais j’ai vu que ça ne le faisait pas. Le vent était déjà trop droite et je n’y arrivais pas. Je me suis dit qu’il fallait mettre de l’angle et aller chercher cette sortie de front. Je n’avais pas grand chose à perdre, j’étais un peu derrière. C’était hyper intéressant et on voit bien qu’avec ces bateaux-là, dès qu’on va chercher du vent et surtout de l’angle comme cette nuit, ça fait fait des milles rattrapés. Au début, on était tous hyper groupés. On était à vue jusqu’à là-haut. Je devais avoir 8 milles de retard sur Tom (Laperche), mais 2-3 milles sur le reste du paquet. La course est repartie de là. On voit les mecs qui sont en forme et qui vont vite. On a vu sur cette première portion que c’est dur d’aller plus vite qu’eux. C’était une étape intéressante et il va y en avoir deux autres encore bien corsées et pleines de rebondissements. Ça va être intéressant.

En rentrant dans la baie, j’étais deuxième. Malheureusement, Davy a oublié une bouée donc je me suis engouffré dans la brèche. Ca m’est déjà arrivé une fois. Je crois que c’était sur ma deuxième Solitaire en 2005. J’avais oublié une marque 0,5 mille avant l’arrivée à La Rochelle. J’avais les boules ! Il a fait pareil. Cette fois-ci, je ne l’ai pas oubliée ! Le jeu était de contrôler car il n’y avait vraiment pas d’écart. On sait que le vent est vraiment très tournoyant dans la baie. Il ne fallait pas prendre de risque en partant dans son coin. On a fait un petit Match Race avec Davy. C’était bien sympa. Il a fait une très belle étape. Il était vraiment remarquable niveau vitesse la nuit dernière. Il m’a rattrapé. Il a vraiment très, très bien navigué, bravo à lui !
Je suis content car je me suis vraiment reposé sur toute la montée et j’ai bien ménagé ma monture. Je ne me suis pas mis dedans. Je savais que le retour ne serait pas facile. Ça a payé !
Un moment à retenir ? Quand on nous annonce qu’on est en tête le matin après avoir pris une option et 24 heures sans nouvelles. »
La réaction de Davy Beaudart une fois la logne franchie :
« Ça se bouleverse énormément dans ma tête. Il y a eu des hauts et des bas pendant la course : un super haut à la fin quand on était un petit groupe en tête et un super bas car j’ai passé la ligne deuxième. J’aurais normalement dû la passer le premier. J’ai fait une petite boulette. J’étais énervé contre moi. Mais je suis hyper satisfait de l’option que j’ai choisi là-haut car elle a payé. Je me suis donné à fond sur la descente. On s’est éclaté. On a fait des bords incroyables! C’était génial. C’est inattendu. Je pense que je n’aurais jamais pu espérer ça. C’est ma troisième course en Figaro. Je débute totalement sur le circuit. Je ne sais pas comment interpréter ça. Je découvre.
On était un groupe de quatre bateaux. On en a perdu un en cours de route mais on s’est battu depuis hier jusqu’à ce matin. J’ai passé Fred au petit matin sous Penmarc’h et il me repasse. C’est hyper intense. C’est La Solitaire, c’est comme ça. C’est génial, il ne faut rien lâcher. J’étais à la barre ces 12 dernières heures, je n’ai pas dormi. Je suis éclaté mais je suis heureux !
Avant la course, j’avais cette idée d’option en tête. Avec les bulletins météo actualisés que l’on a eu au fur et à mesure et le timing que j’ai eu au passage du front là-haut, ça me paraissait opportun de tenter ça. Je n’étais pas en tête de flotte. J’ai tenté cette option. J’avais réécrit l’histoire plusieurs fois. Aujourd’hui ça paie. On n’a pas les positions des autres concurrents ni les infos réelles sur les passages météo, mais on essaie de mouliner tout ça et de trouver les meilleures solutions avec les neurones qui nous restent chaque jour.

Je vais m’allonger et dormir direct ! Je n’ai pas dormi depuis 24 heures. Je suis fatigué mais j’ai l’habitude de ce genre de situation. Il faut se ressaisir vite ! Je vais aller faire du bateau avec Fabio, mon préparateur, réparer deux-trois trucs et préparer la deuxième étape qui sera aussi un gros morceau. Il reste deux longues étapes, il ne faudra pas se foirer sur les deux autres. »
Cartographie actualisée toutes les 15 minutes 24h/24 et toutes les 5 minutes lors des passages clés ICI