Sam Davies a terminé son tour du monde

Par Figaronautisme.com / Vendée Globe

Après avoir été contrainte à l’abandon le 5 décembre au large de Cape Town suite à un choc avec un OFNI ayant entraîné des dommages structurels autour de la quille de son bateau, Sam Davies est de retour ! La navigatrice britannique est arrivée ce vendredi après-midi aux Sables d’Olonne après un tour du monde en solitaire qu’elle avait à cœur de boucler, même hors course.

Elle avait le potentiel pour terminer sur le podium. À 46 ans et forte de son immense expérience au large, Sam était en grande forme et caracolait à 20 nœuds de moyenne dans le peloton des chasseurs, cette nuit du 2 au 3 décembre, lorsque son bateau percute un OFNI. Son IMOCA s’arrête net, l’impact est important. Elle est projetée à l’intérieur de son bateau et se blesse aux côtes.

La déception est immense, à la hauteur de son engagement dans cette campagne de 4 ans, pour son 3e Vendée Globe. Pourtant, lorsqu’elle arrive sous le soleil, dans la baie de Cape Town, sa décision est prise : si les réparations sont réalisables, elle repartira en mer.

« Dans ma tête, la course était finie. Il fallait que j’arrête, que j’abandonne. Je me voyais déjà rentrer à la maison, mettre une robe et aller chercher Ruben à l’école, me remettre à la cuisine » raconte-t-elle à des journalistes sud-africains. « J’ai passé 24h à me répéter que j’allais m’arrêter, et puis j’ai changé d’avis. »

Nouveau départ hors-course

« C’est évident. Terminer la course, c’est donner tout son sens au projet Initiatives-Cœur. C’est un projet Solidaire, il m’a apporté la force et l’énergie de continuer ». Pour réparer son bateau, son équipe technique va travailler jour et nuit, épaulée par une bande de marins locaux. Le 14 décembre, Sam reprend la mer pour ce qui va peut-être devenir un de ses plus gros challenges personnels en 20 ans de carrière.

« C’est une nouvelle aventure. Je ne suis pas habituée à naviguer en solo comme ça. Je suis super contente de repartir. Je vois où sont les autres concurrents mais je ne vais pas me mettre la pression pour rattraper qui que ce soit. »

Dès lors, elle va naviguer prudemment et profiter de ce nouveau challenge, conservant sa motivation, même dans les moments difficiles. Lorsqu’elle reprend la mer dans l’océan Indien, elle est 800 milles derrière Sébastien Destremau et Ari Huusela. Elle retrouve Ari et Alexia dans le Pacifique et passe le cap Horn le 25 janvier. Au large des côtes brésiliennes, elle retrouve sa concurrente et amie Isabelle Joschke qui reprend elle aussi son périple hors course. Solidaire, le duo va s’accompagner et rester en contact pendant toute la remontée de l’Atlantique. Une manière aussi d’assurer mutuellement leur sécurité. Car Sam n’est pas au bout de ses peines. Le 11 février, dans les alizés de l’Atlantique Nord, l’étai de J2 d’Initiatives-Cœur casse. La navigatrice britannique sauve de justesse son gréement et progressera dès lors à vitesse réduite.

En bouclant la boucle comme Isabelle Joschke mercredi, Sam Davies a remporté une victoire personnelle. Elle termine ainsi son 3e tour du monde, une manière de chasser les fantômes de cette édition qui ne l’auront pas épargnée. Elle qui adore être sur l’eau, aura su profiter de cette expérience. « Je me suis toujours promise que si je me réveillais un matin en me disant que je n’avais pas envie d’aller naviguer, en me plaignant ou en me disant que je fais ça pour gagner de l’argent, alors, j’arrêterais et je ferais autre chose. J’aime tellement naviguer. Je veux que cela reste toujours un plaisir » déclarait-elle avant le départ de cette 9e édition.

Rétrospective du projet

Avec le projet Initiatives-Cœur, à bord de l’ancien Maître CoQ de Jérémie Beyou (et ex Banque Populaire VII d’Armel Le Cléac’h), un plan VPLP-Verdier de 2010 initialement conçu pour Michel Desjoyeaux, Sam Davies a réalisé une campagne exceptionnelle. Quatrième de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne 2020, 7e de la Transat Jacques Vabre 2019, 4e de la Bermudes 1000 Race et vainqueur de la Drheam Cup… elle prend donc le départ de ce 9e Vendée Globe avec l’étiquette de dangereuse outsider : Sam est l’une des meilleures navigatrices du moment. Depuis sa première Mini Transat il y a 20 ans, elle a engrangé une expérience considérable en course à travers les océans : 25 transatlantiques, une 4e place dans le Vendée Globe 2008-9, 6e de la Volvo Ocean Race en tant que skipper de l’équipage féminin SCA…

Et Sam, c’est aussi une tête bien faite, diplômée en ingénierie mécanique du St Johns Collège de Cambridge, une formation qui lui permet de s’investir pleinement dans les décisions techniques et l’optimisation de son bateau, qu’il s’agisse du pilote automatique sur lequel elle a beaucoup travaillé, des foils ou des configurations de voiles.

La course de Sam

Dès le début de cette 9e édition, elle prend un départ solide, non loin des leaders Apivia, HUGO BOSS et PRB. Elle est 8e aux Açores alors qu’elle arrondit sa route pour éviter le gros de la dépression tropicale Thêta. À l’Équateur, elle est toujours dans le top 10, aux côtés de Boris Herrmann.

Le 25 novembre, forcée de faire un détour pour contourner l’anticyclone de Sainte Hélène, elle perd des milles sur le groupe de tête. Mais avec Louis Burton, elle est la première à empanner pour attraper le train des dépressions des Quarantièmes : Sam revient dans le match.

La nuit du 2 décembre, alors qu’elle est 11e et qu’elle évolue à 20 nœuds de moyenne, 350 milles dans le sud de la pointe de l’Afrique du Sud, son bateau s’arrête brutalement. « J’étais en train de me préparer un repas chaud après avoir empanné et tout matossé. La nuit commençait à tomber quand j’ai heurté quelque chose… je n’ai rien vu du tout. »

« C’était comme si j’avais talonné. Le bateau est passé de 20 nœuds à zéro. Je savais que c’était la quille. J’ai entendu un crack, ça a enfourné avec l’impact. Tout a volé dans le bateau, y compris mon dîner qui a repeint tout l’intérieur. C’était très violent. Je me suis blessée aux côtes. Ce n’est pas très grave mais c’est très douloureux. »

Nautisme Article
© Vincent Curutchet / Alea

Les STATS de Sam Davies

Les grands passages

Équateur

9e le 19/11/2020 07h27 UTC après 10j 18h 07min, 18h 08min derrière le leader HUGO BOSS

Cap de Bonne Espérance

11e le 02/12/2020 14h39 UTC après 24j 01h 19min, 1j 15h 28min derrière le leader Apivia

Son bateau

Plan VPLP – Verdier mis à l’eau en 2010 (ex Maître CoQ)

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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