Un mois après son retour à terre, Isabelle Joschke se confie

Quel effet cela fait-il d’avoir fait le tour du monde sans jamais avoir posé pied à terre ?
"J’ai encore du mal à le réaliser. L’autre bout du monde, c’est à la fois extrêmement loin et accessible. Ce que j’ai compris, c’est qu’il y a encore beaucoup d’endroits où la nature est le maître et non l’homme. En soi, je trouve cela plutôt rassurant."
Quel est le plus beau paysage que tu aies vu durant ce Vendée Globe ?
"Le plus beau, ce sont les nuits d’été du Pacifique Sud. Les nuits sont très courtes, les couleurs incroyables et la lune plus belle que jamais. Ce sont des nuits que l’on peut voir dans des conditions anticycloniques, là où la mer est calme et l’ambiance reposante. Ces paysages, c’était comme une récréation entre deux dépressions. Là, je savais pourquoi je faisais tous ces efforts, je savais ce que je faisais là."
Dans quelle partie du globe le climat a-t-il été le plus impitoyable ?
"Dans l’océan Indien. Il semblerait que l’été austral ait eu du « retard » et que les conditions que j’y ai rencontrées correspondent plus à l’automne. La mer était dure, croisée, cassante, et le vent terriblement instable. C’était dur pour les nerfs."
Peux-tu nous parler de la manière dont tu as fait face aux changements de température ?
"Comme je suis très frileuse, je fais régulièrement des séances de cryothérapie et je pratique la douche écossaise pour habituer mon corps mais je reste sensible au froid. Alors j’ai adapté mon alimentation, j’ai mangé plus régulièrement, en choisissant des aliments plus caloriques que dans l’Atlantique. Avec Anne-Lise, qui préparait mes plats, nous avons sélectionné des aliments « réchauffant » en s’appuyant sur son expérience et sur la médecine chinoise. Question vestimentaire, j’étais bien équipée avec des pulls et bonnets en cachemire très épais. J’avais à bord un petit chauffage, dont je n’ai malheureusement pas pu me servir. Cela m’a un peu manqué, mais j’ai tenu le coup."
Comment as-tu été accueillie durant ton escale au Brésil ?
"Avec mon équipe, nous avons été très bien accueillis à Salvador, notamment par Dominique le Bras, le directeur de la Marina. C’est un port que j’adore et où j’ai mes plus beaux souvenirs d’arrivée de course lors de la Mini Transat et de la Transat Jacques Vabre. Pour moi, faire escale à Bahia, c’était une sorte de consolation."
Pourrais-tu nous partager ton plus beau souvenir ?
"Mon plus beau souvenir, c’est le retour dans l’océan Atlantique après le passage du cap Horn. C’était une délivrance après 40 jours passés dans les mers du sud. Les conditions climatiques se sont métamorphosées en quelques heures. D’un coup, j’ai retrouvé une mer calme et le soleil. J’ai eu l’impression de renaître."
Finalement, cette course au bout du monde t’a-t-elle donné envie d’amarrer dans un port en particulier ?
"À chaque fois que je suis passée près d’une île, ça m’a fait rêver. Certaines sont complètement perdues au milieu de l’Atlantique et d’autres en plein dans les mers du Sud, là où le climat est particulièrement rude. À chaque fois, cela m’a donné envie de poser le pied à terre. La région qui m’attire le plus reste la Terre de Feu et tout ce qu’il y a autour du Cap Horn. J’aimerais visiter Ushuaïa et les îles Malouines."