Vendée Globe : un Sablais sur le podium

Par Figaronautisme.com

Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) s’apprête à écrire une page mémorable de l’histoire du Vendée Globe. Attendu entre 23 heures et 1 heure cette nuit aux Sables d’Olonne, il pourrait devenir le premier Sablais à décrocher une place sur le podium de cette course mythique. Une fierté immense pour le territoire, portée par le courage d’un marin qui touche enfin au but après des mois de lutte contre les éléments.

Sébastien Simon s’apprête à boucler une aventure exceptionnelle en décrochant la troisième place du Vendée Globe, un exploit qui illustre parfaitement sa détermination. Son parcours n’a pas été sans embûches : la perte de son foil bâbord dans l’océan Indien, avant même la mi-parcours, aurait pu compromettre ses ambitions. Pourtant, le skipper du Groupe Dubreuil a su faire preuve d’ingéniosité et de résilience, adaptant sans relâche sa navigation pour rester compétitif et sécuriser sa place dans le Top 3. À l’approche des Sables d’Olonne, il ajuste avec précision les derniers détails techniques tout en restant sur le qui-vive tel un écureuil près d’un casse-noix. « Je n’ai pas dormi de la nuit à cause du trafic maritime important, et j’ai dû enchaîner les virements dans le courant, car mon timing pour passer le Raz de Sein n’était pas idéal. Du coup, je suis un peu fatigué, mais ça va même si en ce moment je navigue sur mon mauvais bord. Cela m’oblige à réguler constamment pour maintenir une bonne vitesse, car je gagne facilement deux nœuds en gardant le bateau stable », a commenté le Sablais. Bien qu’assuré de monter sur le podium, il ne relâche pas ses efforts, restant concentré et traquant le moindre gain de vitesse comme d’autres traquent des trèfles à quatre feuilles. « Sinon, le temps semblerait encore plus long ! Après avoir joué avec les courants, ce sont désormais les petites rotations du vent que j’essaie d’exploiter au maximum. Chaque détail compte, et ma motivation est simple : cela me fera arriver plus tôt. Il n’y a aucune raison de ne pas le faire, au contraire ! »

Derniers milles, dernières émotions
Ces derniers milles, qu’il décrit comme les plus longs de toute la course, sont empreints d’un mélange d’impatience et d’émotion. Il savoure la perspective de retrouver la terre ferme, tout en mesurant l’ampleur du parcours accompli. Ce matin, une surprise de taille est venue illuminer cette dernière ligne droite : un message vidéo d’encouragement de Patrick Bruel, accompagné de Patrick Fiori et Nolwenn Leroy, enregistré lors de la tournée des Enfoirés-Restos du Cœur. Ce clin d’œil chaleureux reflète l’esprit du tube emblématique du chanteur, « Alors regarde », qui invite à contempler le chemin parcouru tout en avançant avec détermination. Une idée qui résonne particulièrement avec l’état d’esprit de Sébastien, partagé entre impatience et introspection à l’approche des Sables d’Olonne : " J’ai vraiment hâte d’arriver. Les conditions sont belles, tout va bien, mais j’ai envie de conclure cette troisième place, de retrouver la terre, mes proches, et de profiter pleinement de ce moment. "

À la fois nostalgique et tourné vers l’arrivée, il confie également : « C’est étrange, j’ai l’impression que le départ était hier. Tout est passé si vite, et pourtant ces derniers milles me paraissent interminables. Les moments difficiles, je les ai déjà oubliés, comme s’ils appartenaient à une autre vie. ». Cette sensation d’étrangeté rend l’attente encore plus intense, chaque instant devenant un prélude à ce moment tant attendu : le passage de ligne. Estimé entre 23 heures et 1 heure la nuit prochaine, il promet d’être un sas d’émotion avant l’apothéose finale : la remontée du chenal, prévue à 8 heures demain matin, entouré de ses proches et de ses supporters. L’aventure touche à sa fin, mais elle ouvre déjà la porte à tout ce qu’elle a transformé en lui : des souvenirs indélébiles, de nouvelles ambitions prêtes à éclore et une force renouvelée.

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L’art de s’adapter
Une force renouvelée, voilà ce qu’incarne précisément l’état d’esprit de Paul Meilhat. Victime d’une perte d’étai il y a deux jours, le skipper de Biotherm évolue actuellement en mode dégradé sous J3, avec le foil à 70%, mais reste positif autant que combatif. Autrement dit, il a enfilé son costume de licorne, mais garde son sabre laser à portée. « Il n’y a pas vraiment de règle en course au large : chaque situation est unique. Rien n’est noir ou blanc, tout est en nuances, en compromis. Donc priorité à la sécurité, puis en deuxième à la compétition. En fait, cette phrase s’applique depuis le départ : ça ne m’aide pas, je dois faire comme je le sens », note Paul, décrivant une navigation où chaque instant demande des ajustements : « Ma situation n’est pas idéale, mais elle me permet de continuer à avancer. Dès que possible, je monterai au mât pour installer une nouvelle drisse de capelage. Dans deux jours, une dorsale devrait apporter des vents faibles, ce qui pourrait être un moment favorable pour effectuer cette opération. Cependant, à ce moment-là, la houle provoquée par la grosse dépression, attendue dans trois ou quatre jours, commencera déjà à se faire sentir. Mon dilemme : monter avec peu d’air mais une forte houle ou le faire dans des conditions plus ventées mais sur une mer plus stable. Quoi qu’il arrive, il n’y aura pas de timing parfait », a précisé le skipper dont le choix se résume, en somme, à un saut dans les cactus ou à autre dans les orties.

Entre pression et imprévus
Quant à la fameuse dépression qui se profile, il l’anticipe avec sérénité : « Le gros du vent fort va être assez simple à éviter. Rester un peu plus au sud en adoptant une trajectoire plus méridionale en direction des Canaries devrait suffire ». Ça s’annonce toutefois plus coton pour ses deux concurrents plus en avant, Sam Goodchild (VULNERABLE) ou Jérémie Beyou (Charal). Ces deux-là vont très certainement devoir faire le dos rond le moment venu, face à des vents pouvant atteindre 45-50 nœuds près des Açores et, surtout, des vagues de sept à huit mètres attendues au cœur du système. Avec une période de 14 secondes, ces conditions leur rappelleront inévitablement celles du Grand Sud. « On le sait, l’Atlantique Nord en hiver peut être bien plus copieux que les mers du Sud lors de l’été austral », a observé Paul Meilhat, évoquant les derniers défis de la course. À ce stade, la fatigue des bateaux et l'accumulation des petits pépins techniques amplifie la pression. Chaque ajustement devient plus difficile et chaque erreur plus coûteuse. Les marins doivent faire preuve à la fois de détermination et de flexibilité, s’adaptant constamment aux imprévus. C’est dans la gestion de ces derniers obstacles, physiques et techniques, que leur véritable force se manifeste.


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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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