Vendée Globe : un rayon de soleil pour les courageux

Par Figaronautisme.com

Quelle que soit leur position dans le classement, les solitaires du Vendée Globe apprécient une trêve sous les rayons bienveillants de Zébulon. Tandis que la majorité de la flotte profite d’un bain de vitamine D, certains poursuivent leur route dans des conditions plus rudes, rêvant encore d’un ciel dégagé. Une certitude demeure : sous le soleil, même la misère semble plus douce.

On les aime nos marins, mais là, ils poussent le bouchon un peu loin ! Pendant qu’on grelotte dans nos bonnets et nos bas de laine, voilà que nos solitaires nous racontent par le menu cette sensation exquise de refaire découvrir le soleil à ses orteils… Et quel bonheur visiblement, surtout après le contraste saisissant du Grand Sud et de ses glaçons menaçants !

Cette nuit, c’est Guirec Soudée (Freelance.com, 23e) qui a été le plus bavard sur le sujet, lui qui en a bien bavé ces dernières semaines à la barre, et savoure d’autant plus cette petite victoire sous le cagnard !

Qu’est ce que c’est bon de pouvoir se mettre pied nu, en short, en t-shirt, de pouvoir prendre soin de soi, de pouvoir aérer le bateau, de faire des machines… toutes ces choses impossibles dans le Grand Sud ! J’aime bien le froid, mais à bord j’ai pas de chauffage, c’était très humide, j’arrivais à rien sécher, j’ai un peu enchaîné les dépressions, je me suis fait un peu malmener ! Pouvoir souffler comme ça, c’est un moment que j’attendais depuis un bout de temps, il est bien mérité !


« Je profite un peu plus ! »
Une joie d’autant plus appréciée qu’elle s’accompagne d’un joli coup pour le marin finistérien, qui a distancé le petit paquet avec lequel il naviguait, de Violette Dorange (Devenir, 28e) à Sébastien Marsset (Foussier, 24e) ! Après le passage de la dépression aux Malouines, finalement moins violente que redouté – « par rapport à ce que j’ai eu dans le Sud, 45 nœuds maintenant c’est une promenade de santé » - le « bizuth » du Vendée Globe s’est un peu inquiété. Allait-il se retrouver empétolé, alors que tous ses camarades devant avaient réussi à se faufiler ? Il cravache alors plus que jamais, et réussit à accrocher le petit flux de Sud-Sud-Est qui lui tend sa risée : " Trop content ! Déjà parce que je suis au portant, en plus c’est une route qui va être plus rapide, plus confortable, et qui va me permettre de préserver mon J2 abîmé. C’est cool aussi de ne pas avoir trop de bateaux proches derrière moi, ça met un peu moins de pression, je profite un peu plus ! Après ceux de devant sont un peu loin, je sais pas comment je vais pouvoir les rattraper, mais s’il y a une opportunité je la prendrai ! "


Ce sera donc bien au large que le skipper de Freelance.com vivra sa remontée du Brésil, en espérant qu’il ait un peu plus de réussite que ses camarades de devant, le trio mené par Damien Seguin (Groupe Apicil, 18e), qui progresse péniblement. Pour les partisans de l’option Ouest plus proche des côtes brésiliennes, les vitesses ne sont pas beaucoup plus impressionnantes, mais les trajectoires moins hachées laissent penser que le moment est tout de même moins compliqué ! C’est d’ailleurs Isabelle Joschke (MACSF, 15e) qui, malgré son foil en moins, réalise la bonne opération du moment, en prenant la tête de la petite troupe de poursuivants !

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« C’est mémorable ! »
La journée a aussi été belle, forcément, pour Antoine Cornic (Human Immobilier, 30e) et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 31e), qui ont tous deux franchi le Cap Horn et peuvent, à leur tour, rêver des températures plus douces qu’ils sentent presque déjà sur leur frimousse… Joint quelques heures avant son passage, le marin chinois, qui prévoyait déjà de faire péter le champagne, ne masquait pas sa vive émotion à vivre ce « moment merveilleux » : " C’est mémorable ! Mon équipe et moi avons beaucoup travaillé pour en arriver là, c’est pas facile du tout, mais les bonnes choses vont arriver, on va enfin arrêter cette navigation dans l’océan austral qui est glacial, et retourner dans l’Atlantique ! Je serai de plus en plus près de la ligne d’arrivée et de ma famille et mes amis, c’est encourageant ! Je suis très content que mon bateau passe cette épreuve des Mers du Sud et garde son potentiel à 100 % ! "

Ils ne sont désormais plus que trois dans le Pacifique, mais pour Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 34e) les quelques 1 700 milles qui le séparent du Cap Horn doivent forcément sembler un peu plus long en sachant tous ses camarades déjà bien affairés à travailler leur bronzage.

« J’ai hâte que ça finisse aussi ! »
En tous cas, c’est ce que ressent Sam Goodchild (VULNERABLE, 5e) vis-à-vis de l’arrivée ! Le marin britannique trouve en effet le temps un peu plus long depuis qu’il sait ses deux camarades Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er) et Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA, 2e) confortablement installés dans un lit king size sans secousse (pas le même, on vous rassure, ils ont arrêté de se marquer à la culotte, selon des sources sûres !)

" On commence un peu trop penser à la maison parce que ça se rapproche, c’est pas forcément évident, c’est la première fois depuis le début où je trouve le temps un peu long, le fait de savoir que l’arrivée approche, j’essaie de me concentrer sur l’essentiel, le présent, le réglage de voile, de m’occuper de moi-même et du bateau. Je suis très content d’être là et j’ai hâte que ça finisse aussi ! "


Il a d’autant plus hâte que le chemin ne s’annonce pas sans difficultés ! Alors qu’il ferraille avec Jérémie Beyou (Charal, 4e), qui a mis le turbo depuis le passage de l'Equateur, le skipper de VULNERABLE nous racontait le dilemme qui fait actuellement turbiner ses méninges :

Il y a cette dépression qui arrive aux Açores dans trois-quatre jours et nous barre un peu la route avec 50-60 nœuds de vent et 8-9 mètres de mer ! Pour l’instant, on n’a pas besoin de prendre une décision, c’est plutôt samedi-dimanche qu’il faudra choisir. Pour l’instant, il y a trois options : foncer dedans et gérer comme on peut, essayer de passer vers le Sud-Est pour rester dans une mer un peu moins forte, ou ralentir et attendre que le plus fort passe, et choper le train derrière. Mais ça veut dire attendre les copains, et ça ne donne pas très envie ! Mais si c’est ça ou prendre trop de risques, il va falloir le faire…


Voilà pour le menu pas très réjouissant, d’autant que marins et bateaux commencent à souffrir sérieusement. Après Paul Meilhat (Biotherm, 6e) qui a perdu son étai, Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 7e) toujours à l’aveuglette, ou encore Thomas Ruyant (VULNERABLE, 9e) et Boris Herrmann (Malizia – Sea Explorer, 10e) avec leurs problèmes de voiles d’avant, tous sont sur le qui-vive pour rester dans la locomotive. Sam Goodchild a d’ailleurs dû affaler hier matin sa grand-voile pour régler un souci de latte, et a plus que jamais conscience que le classement sera déterminé par sa capacité à préserver son destrier jusqu’à la ligne d’arrivée !

En attendant la précieuse délivrance, il continue à profiter de la météo clémente, alors que déjà les degrés commencent à s’égrener, ce qui pour l’heure est plutôt accueilli avec soulagement. « On doit être à 25 degrés plutôt que 30, et ça change quand même la vie à bord, on arrive à dormir mieux, c’est plus agréable ! », nous disait-il, l’inconscient ! Au large de la Bretagne, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e) ne doit pas en dire autant, emmitouflé dans ses couches de vêtements à tirer des bords vers les Glénans. Mais la chaleur humaine devrait vite compenser, pour celui qui est attendu de pied ferme par toute la Vendée, et s'apprête à compléter un podium amplement mérité !

Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.


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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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