Remonter l'Amazone de Belém à Manáos
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Vous recherchez une aventure originale qui sorte des sentiers battus ? Alors pourquoi ne pas envisager une remontée de l’Amazone de Belém à Manáos. Plusieurs solutions sont possibles, mais la plus insolite, celle qui vous fera découvrir non seulement des paysages et des villages typiques mais aussi un peuple accueillant, est de le faire sur un bateau de ligne, un de ceux qu’empruntent les locaux pour se déplacer sur le fleuve.
Belém la ville de départ
La capitale de l’état du Para, Belém est située sur la rivière Guama dans la baie de Guajará sur l'estuaire des fleuves Rio Tocantins et Rio Pará. Elle est séparée du Delta de l’Amazone par l’île de Marajó. C’est une ville importante qui a vu sa population grandir rapidement pour devenir avec plus de 1,4 millions d’habitants la deuxième ville du Nord Brésil après Manàos. De par sa situation géographique (01°27’ S, 48°30’W), elle a un climat équatorial sans saison sèche avec une température relativement constante autour 30°C et des précipitations qui peuvent être importantes de janvier à mai (entre 300 et 400 mm d’eau) pour se stabiliser en moyenne à 120 mm de juin à décembre.
Visiter Belém et ses environs
La ville de Belém mérite une longue visite qui vous permettra de découvrir ses avenues bordées de manguiers géants, ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle "la cité des manguiers", ses marchés, ses musées et ses nombreux commerces de rue. A ne pas manquer, le marché (Ver o Peso) situé au bord du fleuve, en particulier celui aux poissons et aux plantes médicinales, censées tout guérir, voire plus. L’arrivée des bateaux de pêche est également un spectacle impressionnant. Ce quartier a été entièrement rénové et de nombreux restaurants et boutiques s’y sont installés. Lorsque vous aurez exploré toutes les richesses de cette ville, y compris son fort (Forte do Predépio), vous pouvez vous rendre à l’Amazone Bioparque situé à une dizaine de kilomètre. Là, vous pourrez découvrir une faune et une flore riches qui résument les paysages amazoniens. Si vous êtes « lève tôt » (4h du matin) ne manquez pas l’île aux perroquets, leur réveil est un beau spectacle. Sur le fleuve au large de Belém, il y a une cinquantaine d’îles plus ou moins grandes dont la majorité est sauvage et inhabitée. Si vous recherchez les plages, choisissez Mosqueiro encore appelée « l’île de l’amour » qui offre 18 plages de sable fin. Plus dépaysant, l’île de Marajo, d’une superficie d’environ 40.000 km², voisine de celle de la Suisse, mérite que l’on s’y attarde. Pour s’y rendre des bateaux réguliers partent de Belém, comptez 3 heures de traversée. Sur cette île, la plus grande au monde entourée d’eau douce, vous découvrirez des plages de sable fin sur la côte orientale alors que la majeure partie de la côte occidentale est recouverte d’une forêt dense souvent inaccessible. La faune, surtout des oiseaux, est importante et variée : perroquets, flamants roses, échassiers… ainsi que les ibis rouges (guaras), symbole de l'île. Mais il y a aussi des reptiles comme les grands anacondas et d’autres espèces comme le bothrops considéré comme très dangereux. Côté mammifères, ce sont les singes qui dominent. La ville principale, considérée comme la capitale, est Soure (environ 20.000 habitants). La population de l’île vit principalement de l’élevage des buffles, de la pêche et de l’agriculture. Le buffle est utilisé aussi bien pour se déplacer que pour traverser la mangrove ou encore comme monture par la police, ce qui peut surprendre la première fois.
L’Amazone de Belém à Manáos
Pour remonter de Belém à Manáos, le moyen le plus dépaysant est d’emprunter un bateau local. C’est ce que font les locaux pour rejoindre les villages situés au bord du fleuve. Ne vous attendez pas à une croisière grand luxe ; vous avez le choix entre le hamac ou une cabine appelée pompeusement suite mais qui dispose au minimum de deux lits superposés, d’une douche et de la climatisation. Sur le bateau que nous avons pris, sur les 250 places, il n’y avait que 6 cabines de 2 lits. La remontée dure plusieurs jours et vous vivez aux rythmes de la vie à bord, des escales et de la diversité des paysages.
Manáos ville d’arrivée
Là, nous changeons d’état, on quitte le Para pour celui de l’Amazonas tout en gardant le même climat équatorial. Manáos, porte d’entrée de la forêt amazonienne, avec pratiquement 2 millions d’habitants en est la capitale. A la grande époque de l’industrie du pneumatique (fin du XIXe), Manáos se lance dans la récolte du latex (matériau de base du caoutchouc), elle connaît alors un grand développement économique et culturel grâce aux capitaux venus principalement d’Europe. Mais en 1876, un explorateur britannique (H. A. Wickham) rapporta une grande quantité de graines à partir desquelles les agronomes réussirent à faire pousser des hévéas en serre. Au début du XXe siècle, la culture intensive de ces arbres en Malaisie et Indonésie où ils avaient été transplantés et la production de latex qui en découlait, mirent fin brutalement aux productions de Manáos devenues trop chères. Toutefois de son passé, elle a gardé des monuments comme le théâtre (Teatro Amazonas) qui dispose de sept cents places et a été construit avec des briques importées d'Europe, des verres français, du marbre italien et des tuiles d'Alsace ou le marché municipal ainsi que le port flottant. Vous pouvez aussi visiter le jardin botanique (espèces végétales et animales), le parc municipal du Mindu, le parc animalier et il faut voir la rencontre des eaux. Ce phénomène naturel est produit par la confluence des eaux noires du fleuve Negro avec les eaux beiges du fleuve Solimões, qui se rejoignent pour former le fleuve Amazone. Sur une longueur de six kilomètres, les eaux des deux fleuves coulent conjointement sans se mélanger. Ce phénomène est dû à l'écart de température entre les eaux et à la vitesse de leur courant.