Plongée dans les eaux turquoise de Port-Cros
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Il suffit juste de baisser les yeux et de tendre la main. À fleur de roche ou encore depuis le fond du petit canyon, à une dizaine de mètres de profondeur, le spectacle se révèle aussi accessible qu'étourdissant. Une plongée aux abords de l'île varoise de Port-Cros reste, même pour les plus réfractaires, un sommet dans le répertoire varié que peut proposer ce théâtre de la mer, partie intégrante du parc national.
Néophytes ou professionnels ne sauraient se lasser de pareille animation. Là, des bancs peuplés de saupes, ces poissons à rayures jaunes ; ici, un mérou brun - on en dénombre quelque 727 spécimens dans les parages - tapis dans la roche, tellement curieux qu'il se laisse caresser par le plongeur du jour! Les études scientifiques menées dans le parc montrent que la population a crû de 162 spécimens en trois ans. «Cette augmentation régulière n'a que peu d'incidence sur la population d'invertébrés, le régime alimentaire du mérou étant principalement basé sur les poissons de pleine eau: bogues, castagnoles, mulets... très nombreux à Port-Cros», explique un représentant du parc. À l'inverse, certains plongeurs notent une disparition progressive des poulpes et des langoustes, dont les mérous sont si friands...
«En bateau, ce n'est pas très loin de Porquerolles, témoigne le recordman du monde d'apnée statique (11'35''), Stéphane Mifsud, qui vit à Hyères, face aux îles d'Or. Sur l'îlot de la Gabinière, il y a une réserve sous-marine et un parcours pédagogique. Faire le tour de l'îlot à la palme dure environ quarante-cinq minutes. On peut y croiser des bancs de barracudas, des mérous, des saupes, des dentis, des daurades... C'est absolument exceptionnel et très accessible puisqu'il suffit de mettre la tête dans l'eau pour voir ces poissons.» Pas besoin, donc, d'être un pro de l'apnée. Une simple balade avec palmes et tuba peut contenter les plus rétifs à mettre la tête sous l'eau et permet une belle sortie en famille.
Au nord-est de l'île, balayée régulièrement par les vents, la pointe de la Galère est accessible en bateau en s'amarrant directement à une bouée car, ici, le mouillage est interdit pour ne pas abîmer les fonds. Par une vingtaine de mètres sous la mer, les abords de la roche laissent parfois apparaître la silhouette longiligne de barracudas. La grande arête rocheuse peuplée par congres et de murènes abrite également de minuscules crevettes et mêmes de petites langoustes, alors qu'au fond, par 40 mètres, gorgones jaunes et posidonies - les plus chanceux pourront apercevoir de petits hippocampes - tapissent la perspective azur de cet écrin pour plongeurs débutants ou éclairés. Bien sûr, le parc sous-marin compte également des espèces envahissantes. La taxifolia est bien là. Grâce au concours des clubs de plongée (quelque 60 000 sorties sont ainsi recensées chaque année) qui signalent sa présence, cette algue est désormais mieux repérée... Tout comme les dauphins et rorquals que les plus chanceux ont parfois le bonheur de croiser lors d'une plongée d'été.