Une goutte froide sur la Bretagne
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Depuis ce printemps, le vent dominant reste orienté au nord ou au nord-ouest sur la Bretagne et le nord du Golfe de Gascogne. Les températures restent sous les moyennes de saison sur tout l'ouest de la France malgré, parfois, de très belles éclaircies. La température de la mer n'arrive pas non plus à remonter, stagnant autour de 15°C au mieux. Cette situation est liée à la présence d'un flux de nord-ouest descendant d'Islande.
De l'air froid en altitude
Dans ce flux descendant de l'Atlantique Nord, plusieurs types de temps sont possibles sur l'arc atlantique : soit nous bénéficions d'un effet de "bordure" anticyclonique en limite de l'anticyclone des Açores, apportant alors quelques belles journées pas trop chaudes. Soit, à l'inverse, des poches d'air froid arctique descendent via les îles britanniques : c'est ce qui se passe depuis le début de la semaine. Notons que la dépression Miguel de la semaine dernière était atypique, car il s'agissait de la remontée d'une dépression en provenance du Portugal.
Actuellement, l'air froid est un décrochage du vortex polaire, c'est à dire une bulle d'air froid à - 26°C (à 5000 m d'altitude) venue s'isoler et se bloquer sur la Bretagne, d'où l’appellation de "goutte froide". Il s'agit d'une dépression d'altitude, expliquant pourquoi les nuages et les pluies s'enroulent tout autour, ce qui est bien visible sur les images du satellite.
De l'instabilité et des grains
Concrètement, ce type de temps s'accompagne d'une forte instabilité avec des averses à répétition, des orages et des grains en mer. Le vent n'est pas forcément soutenu car le gradient de pression au niveau de la mer (les isobares resserrés) n'est pas très important. Mais l'air froid présent en altitude provoque un choc thermique avec la douceur du sol, qui se réchauffe plus vite : ce phénomène accroît le développement des nuages verticaux de la famille des cumulonimbus, porteurs de grains et d'orages. Les ciels sont souvent très photogéniques dans ces configurations, chaotiques et grandioses, offrant souvent des arcs en ciel.
Combien de temps ?
Une fois bloquée dans sa descente, freinée par les hautes pressions alentours, la goutte froide s'isole dans son coin et va tourner sur place comme une toupie : le mauvais temps peut donc persister plusieurs jours jusqu'à ce que le flux change de direction en altitude, chassant cette dépression, ou en attendant qu'elle se comble sur place. Pour cette semaine, elle reste stationnaire entre la Bretagne et les Pays de la Loire, puis sera en effet repoussée vers les îles britanniques à partir de jeudi par le regonflement de l'anticyclone sur le sud Gascogne. Elle aura donc effectué une descente depuis les îles britanniques, avant d'effectuer un sur-place mardi et mercredi, puis de remonter à nouveau sur les îles britanniques en fin de semaine. Ce yo-yo météo ne facilité pas la tâches des prévisionnistes, car sa trajectoire assez aléatoire n'est pas évidente à prévoir à l'avance.