Côte d'Azur : promenade de cap en cap, sur le sentier des douaniers

Pour les navigateurs côtiers qui longent la Riviera d’est en ouest, il y a mille façons de vivre la Côte d’Azur. L’une d’elles consiste à poser pied à terre, le temps d’une boucle à pied, en suivant les anciens chemins des douaniers. Ces sentiers, qui longent les caps les plus emblématiques entre Menton et Antibes, offrent une perspective rare : celle d’un littoral abordé à la fois depuis la mer... et depuis la terre, à hauteur d’homme. Une façon singulière de conjuguer plaisance et randonnée, entre criques accessibles en annexe, escales abritées et points de vue suspendus.
Cap Martin : l’escale architecturale
En approchant Roquebrune-Cap-Martin par la mer, on distingue déjà les volumes blancs de la villa E-1027, chef-d’oeuvre moderniste d’Eileen Gray posé à quelques mètres au-dessus de la Méditerranée. Les plaisanciers qui choisissent d’accoster à Menton ou au port de Carnolès peuvent suivre à pied le sentier Le Corbusier, qui épouse les rochers jusqu’à la pointe du cap. Une balade entre deux époques : celle des têtes couronnées qui fréquentaient la villa Cyrnos et celle de l’architecture visionnaire, avec le cabanon minimaliste de Le Corbusier et ses unités de camping colorées, tout juste restaurées.
Le parcours chemine à quelques mètres au-dessus de l’eau, ponctué d’escaliers, de passerelles et de vues plongeantes sur les bateaux ancrés au large. En saison, parapentistes et kitesurfeurs animent le ciel ; et à terre, les pins laissent deviner de somptueuses propriétés privées dont seules les mers ont vraiment le recul nécessaire pour les admirer dans leur ensemble.
Cap d’Ail : au fil de l’élégance
À deux milles nautiques à peine du port de Fontvieille, la plage Marquet marque le début d’un autre tronçon spectaculaire. Là encore, le sentier épouse le relief pour longer criques et villas cachées, en direction de la plage de la Mala. Ceux qui arrivent en bateau la connaissent bien : c’est l’un des mouillages les plus prisés de la côte, à l’abri du Cap Rognoso. Depuis la plage, une courte montée donne accès au sentier côtier.
Ce rivage fut celui des artistes : Sacha Guitry, Greta Garbo ou Winston Churchill y avaient leurs repères. Le sentier permet aujourd’hui encore d’approcher leurs anciennes résidences depuis la terre, tout en gardant un oeil sur la mer. La promenade est jalonnée de panneaux explicatifs, mais l’essentiel se passe ailleurs : dans cette proximité permanente avec l’eau, dans cette alternance de passages suspendus et de criques baignées de lumière, où l'on retrouve parfois l’annexe d’un voilier échoué pour une baignade.
Cap Ferrat : plaisance, pinède et patrimoine
Depuis l’anse de Passable ou le port de Saint-Jean, les plaisanciers peuvent rejoindre le chemin du littoral qui fait le tour complet de la presqu’île. Le rivage est ici intact sur des kilomètres. À bâbord, une succession de caps déchiquetés ; à tribord, des murs de pierre cachant quelques-unes des plus belles villas du littoral. On aperçoit au passage la silhouette du Grand Hôtel du Cap Ferrat, son Club Dauphin et, plus loin, le phare qui guide encore les navigateurs dans les nuits claires.
Le contraste est saisissant : d’un côté, les yachts à l’ancre face à la pointe Malalongue ; de l’autre, une nature brute, des marches glissantes taillées dans la roche, et une ambiance presque insulaire. En chemin, quelques escaliers permettent de rejoindre des criques où jeter l’ancre en journée, quand la météo le permet. L’escale est complète : baignade, balade, terrasse et histoire s’y mêlent sans jamais empiéter les unes sur les autres.
Cap d’Antibes : l’esprit du large
À l’entrée du golfe Juan, au départ de la Garoupe, commence le sentier de Tirepoil. Le nom dit tout : ici, le vent du large est un compagnon fidèle. Depuis un mouillage bien abrité ou le port d’Antibes, il suffit d’un pas à terre pour traverser l’un des paysages les plus intacts de la côte. Loin de l’agitation urbaine, le sentier borde les parcs fermés des villas les plus spectaculaires du cap. On devine le château de la Croë, propriété du duc de Windsor puis de Roman Abramovitch, et l’on termine à la villa Eilenroc, aujourd’hui propriété de la ville.
Depuis la mer, ce cap impressionne par ses hautes falaises et sa végétation dense. Mais à pied, on en découvre les parfums, les escaliers de pierre et les points de vue sur la baie des Anges. Entre deux navigations, cette parenthèse à terre donne un autre relief à l’escale, un équilibre rare entre navigation et contemplation.
Ces caps sont autant d’escales naturelles pour les navigateurs côtiers qui souhaitent combiner plaisance et découverte à pied. Par la mer, on atteint un rivage encore préservé ; par la terre, on découvre des morceaux d’histoire, de nature et d’architecture invisibles depuis le pont d’un bateau. Une complémentarité qui, de Menton à Antibes, donne au littoral azuréen une richesse rare, à explorer en toutes saisons.
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