Vers une situation tempétueuse en fin de semaine

La configuration météorologique globale à l'échelle de l'Europe de l'ouest, dite "synoptique", est propice au défilé des perturbations en raison d'un flux d'ouest très dynamique circulant au-dessus de l'Atlantique nord de Terre-Neuve à la Scandinavie. On appelle cela un "flux zonal", par opposition aux flux méridiens qui circulent sud-nord ou nord-sud. Ces grands vents d'ouest sont pilotés par un jet stream rapide, ces vents de haute altitude (8000 m à 10000 m) qui ceinturent l'hémisphère nord à plus ou moins grande vitesse. Lorsque le jet est rectiligne et circule à grande vitesse, actuellement autour de 200 km/h, il propulse les dépressions océaniques en ligne droite vers l'Europe de l'ouest. Cela dit, cet automne, le jet stream n'est pas aussi puissant qu'il pourrait l'être : il connaît des irrégularités avec des ralentissements de vitesse, l'obligeant à onduler tels des méandres d'un fleuve : cela explique les coups de vent de nord que nous avons pu connaître. Mais cette semaine, il subit une accélération assez brusque, qui culminera autour de 300 km/h ce vendredi. Cette accélération trouve sa cause dans les vagues de froid qui déferlent, à l'opposé, sur le continent nord américain, dynamisant le jet stream en direction de l'Europe selon le principe des vases communicants.
Un contexte fortement dépressionnaire jeudi et vendredi
Dans ce contexte d'un jet stream survitaminé, le flux va s'accélérer dès mercredi avec une succession de dépressions bien creuses descendant du sud du Groenland vers les îles britanniques. Plusieurs coups de vent d'ouest vont circuler sur le proche atlantique, la Manche et la mer du Nord. Les vents basculeront du secteur sud-ouest à nord-ouest en fonction du passage des fronts tandis que les coeurs dépressionnaires auront une pression souvent comprises de 970 à 980 hPa : il s'agit là de conditions musclées tout à fait classiques à cette époque de l'année, mais dont il faudra se méfier quand même. Les coefficients de marée sont en hausse, culminant à 87 vendredi et samedi. Ce sont des marées moyennes, évitant les risques de fortes submersions, mais les trains de houle s'annoncent grandioses, montant entre 10 et 12 m dans le golfe de Gascogne vendredi. La journée assurément la plus à risque pour les abords côtiers et portuaires est vendredi : alors qu'un minimum dépressionnaire potentiellement proche de 965 hPa circulera sur l'Angleterre, le gradient de pression sera très resserré sur toute la France, jusqu'en Méditerranée, dans ce flux orienté à l'ouest puis nord-ouest. On risque d'atteindre le seuil de la tempête sur le golfe de Gascogne vendredi, puis le bassin méditerranéen subira le déferlement de cette masse d'air plus frais vendredi soir : il s'agira alors d'une tempête bien musclée jusqu'à samedi matin, de secteur ouest. Cela chassera les perturbations vers l'Italie et annihiler tout risque d'épisode méditerranéen, qui se déclenche lorsque les vents soufflent du sud-est, ce qui ne sera pas le cas.
En conclusion, on retiendra que cette fin de semaine s'annonce rude pour le milieu maritime, mais cette situation est classique pour un mois de décembre. La particularité de cette configuration est d'affecter tous nos littoraux. Le temps se calmera assez nettement à partir de dimanche, et l'anticyclone devrait ramener le calme pour la semaine prochaine.