Entretien avec Alfred Carignant, PDG des Canalous « Notre offre permettra une vraie déconnexion après le confinement »
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Quelle est la situation pour la navigation fluviale par rapport à la navigation de plaisance, êtes-vous soumis aux mêmes règles ? « Non mais la VNF qui gère la majorité des voies d’eau a annoncé qu’ils n’ouvriraient pas avant le 20 avril. Donc tous les clients qui avaient fait une réservation jusque-là, on leur a proposé de décaler leur séjour. Toutes nos équipes sont dans l’attente de la réouverture puisque le confinement est intervenu au début de notre saison. »
Quel sera l'impact pour votre activité ? « Nous sommes assez sereins car nous avons un produit qui est dans l’air du temps et qui le sera plus que jamais parce que cette crise sanitaire va peut-être un peu changer les comportements des gens, ils iront moins loin, en tout cas pas dans du tourisme de masse. Nous avons une offre qui permet de découvrir une autre facette de sa région, tout le patrimoine français, c’est tout le temps accessible en voiture et quand vous prenez le bateau, vous êtes le capitaine, vous partez en famille ou entre amis. Après le confinement, les gens auront l’occasion de prendre une bouffée d’air, de se retrouver avec leur cercle familial ou amical proche. C’était déjà le cas avant, mais ce le sera encore plus je pense. Avec 8500 km de voies navigables, il y a énormément de paysages magnifiques et insoupçonnés, une super gastronomie, des zones plus rurales que d’autres… Cela permet une vraie déconnexion ! »
Qu'en est-il pour vos bases à l'étranger ? « Nous sommes présents essentiellement en France mais nous avons des partenaires en Italie, Allemagne, Hollande, Suède, Russie… nous sommes tous dans le même bateau. Sur cette saison, nos clients étrangers vont sûrement reporter leur séjour sur 2021. Mais je pense que dès que le confinement sera levé, nous ferons une bonne saison avec la clientèle française comme expliqué précédemment. »
Et pour les constructions, les livraisons de vos bateaux ? « Nous avons un chantier de construction à Digoin (Saône-et-Loire) qui est pour l’instant stoppé pour la sécurité de nos salariés. On regarde pour redémarrer mais ce n’est pas très gênant que le chantier prenne du retard car, comme la saison commence en mars, les livraisons étaient déjà effectuées. »
Des nouveautés pour la prochaine saison ? « Cette année, c’est la deuxième saison pour notre flotte de bateaux électriques. Nous l’avons présentée en janvier au salon de Düsseldorf et cela s’est très bien passé. On maîtrisait déjà l’électrique mais pas les standards de l’automobile. La problématique que l’on avait et que nous avons exposée à la VNF était la suivante : notre offre est une offre de liberté, et ce n’est pas pour qu’on impose des haltes aux clients pour charger pendant des heures. Ce qui nous manque : l’infrastructure nous permettant de recharger rapidement les bateaux. Nous avons donc pris les standards de l’automobile, des bornes de recharge rapides, et maintenant en 2h, le parc batteries est rechargé à 80%. Et au-delà de ce point, les bateaux sont totalement silencieux et on redécouvre certains bruits de la nature.
Nous avons également des projets de nouveaux bateaux que nous espérions sortir cette année mais du coup ce sera sûrement différé à l’année prochaine.
Nous avons aussi investi dans la dématérialisation pour le check-in / check-out. Tous nos bateaux sont équipés d’un boîtier connecté qui nous permet de connaître la position GPS, l’état des batteries, de surveiller la cale moteur avec une sonde, les casses moteur et il y a un accéléromètre pour savoir si le bateau a des chocs, cela nous permet de savoir si le client pilote correctement. Et cela à un effet immédiat car lorsque l’on informe le client de ce système, il fait beaucoup plus attention ! Nous avons également un logiciel d’initiation pour la prise en main du bateau, sur smartphone ou tablette, pour plus d’efficacité, notamment auprès des clients étrangers pour lesquels nous ne maîtrisons pas forcément la langue. »
Comment se passe l'initiation, la prise en main ? « Une initiation dure entre 30 et 45 minutes. Nous donnons l’essentiel : la partie fonctionnement du bateau qui est relativement simple, et la partie théorique et pratique de la navigation. Un carnet de bord permet d’avoir toujours les informations théoriques à bord et pour la navigation, il faut piloter pendant 20-30 minutes pour bien comprendre. Et dans la pratique, c’est beaucoup plus simple avec des personnes qui n’ont jamais navigué car très prudents et à l’écoute. »
Quel est le profil type de vos clients ? « Nous avons une offre low cost qui sont des anciens bateaux à petits prix avec un peu moins de services pour les jeunes, une gamme classique plutôt adressée à la famille et une gamme Premium avec une salle de bain privative pour chaque cabine, ce qui s’adresse plutôt à des couples d’amis qui recherchent du confort et de l’intimité. Nous avons également deux bateaux accessibles aux personnes en fauteuil roulant. Comme il n’y a pas besoin d’expérience et qu’il n’y a pas/peu de risques, nous nous adressons à tout type de personne et nous avons vraiment une large clientèle. Le principal reste tout de même des couples d’amis entre 55 et 75 ans, et les familles avec enfants. Et nous avons aussi de plus en plus d’enterrements de vie de garçon. »
Combien de bases comptent les Canalous ? « Nous avons une activité d’exploitation en direct, avec 300 bateaux pour 20 sites en France et après, nous avons un réseau d’adhérents qui nous permet de commercialiser environ 500 bateaux sur une cinquantaine de bases de départ. »