Découvrir le monde par les mers : l'histoire de la croisière

Les prémices des vacances en mer
Les réelles origines des croisières ne sont pas très claires, beaucoup se contredisent encore sur ce sujet. L’expansion du voyage en bateau a débuté avec Vasco de Gama, quittant Lisbonne le 8 juillet 1497 pour naviguer en direction de l’Inde, avec qui il veut faire affaire. Ensuite, d’innombrables périples se sont enchaînés, il est donc presque impossible d’attribuer à un seul navire tout le mérite de conception du phénomène de la croisière. Des inventions spécifiques ont fait leur apparition, deux d’entre elles ont particulièrement contribué à l’industrialisation de la croisière : la machine à vapeur (1769) et l’hélice (1827). Grâce à ces découvertes, les hommes vont toujours plus loin et toujours plus vite, ils s’approprient la mer au point d’en faire une destination pittoresque.
Ici, il est important de faire la distinction entre « la croisière » qui est « un voyage d’agrément effectué par un paquebot, un navire de plaisance » (Le Robert) et l’industrie touristique maritime dans laquelle s’est développée cette activité de croisière. Le concept de tourisme maritime, lui, est né il y a longtemps. Il était, pendant très longtemps, réservé aux aristocrates et à la riche bourgeoisie.
Dans l’imaginaire collective, la croisière est un service plutôt luxueux, cette position prend place avec le Grand Tour du XVIIème et XVIIIème siècle. Ce voyage est un rite de passage proposé aux jeunes aristocrates européens pour peaufiner leur culture en voyageant en Méditerranée à bord de navires somptueux. Ce mythe a enrichi la vision opulente de la croisière. Le concept connu depuis longtemps, plaît à cette élite et la Peninsunal and Oriental Steam Navigation Compagny, aussi connue sous le nom de P&O, organisa en 1844 la première croisière touristique à bord de l’« Iberia », un bateau à vapeur qui accueillit 53 passagers de première et seconde classe pour une expédition en Méditerranée. Ils naviguèrent dans 10 ports au total, dont Athènes, Alexandrie, Porto et Lisbonne.
Depuis ce voyage, les compagnies ne cesseront d’innover pour rendre les circuits toujours plus agréables et reposants pour les clients. Les horizons se sont par la suite élargis et désormais, il existe des croisières partout dans le monde. Les bateaux se sont perfectionnés ce qui n’a fait qu’accroître la demande de ce nouveau type d’excursion. Le Serenade of the Seas de la compagnie Royal Carribean International propose la plus longue croisière du monde, l'Ultimate World Cruise : elle s’étend sur presque 9 mois, 150 ports, 65 pays pour un prix de minimum 51 000 euros par cabine. Le paquebot est un gigantesque édifice de 293 m de long, capable d’accueillir 2 110 passagers.
Mais finalement, à quoi ressemble une croisière ?
La croisière est un monde à part entière. La construction d’un immense bateau, comme l’Icon of the Seas de Royal Caribbean Cruise Line, livré en 2024, dure en moyenne de 18 mois à 3 ans selon la complexité du chantier.
Généralement, la structure des bateaux est réalisée selon le même modèle d’empilement des ponts, chacun dédié à différentes activités. Les deux premiers ponts sont les ponts machines, réservés au fonctionnement du bateau (appareils, stockage...), ensuite il y a les ponts pour les passagers, en bas pour l’équipage et plus haut pour les clients (divisés en première et deuxième classe, voire plus), puis les zones publiques avec : les restaurants, bars, clubs.... On y retrouve le pont principal, ou « rez-de-chaussée » du paquebot. Et pour finir nous avons le pont supérieur, en extérieur, avec sa vue imprenable sur la mer et sa gigantesque piscine.
À bord on y retrouve des casinos, minigolf, cinéma, salle de sport, restaurants, magasins et discothèque. Une infinité d’activités sont proposées pour que le consommateur ne s’ennuie jamais. Sans oublier le mythique Dîner de Gala du Commandant, l’occasion pour tout le monde de revêtir ses plus beaux habits et profiter des festivités en compagnie de l’équipage.
Les bateaux naviguent la nuit pour arriver le jour aux ports ou aux zones de mouillages afin de permettre aux clients de visiter chaque destination la journée. Une fois descendus du bateau, ils peuvent effectuer en autonomie leur visite ou acheter une excursion organisée par la compagnie.
Les destinations ont, elles aussi, évolué. Selon les dernières données de la Cruise Lines International Association (CLIA), les croisiéristes privilégient désormais quatre grandes zones : les Caraïbes, qui concentrent encore près de 40 % du marché mondial, la Méditerranée, le nord de l’Europe (Baltique et fjords), ainsi que la région Asie-Pacifique, en pleine expansion. Les croisières vers les régions polaires, Arctique comme Antarctique, connaissent également un essor spectaculaire, portées par la curiosité croissante pour les voyages d’expédition et les destinations extrêmes. Autant de paysages contrastés qu’il ne reste plus qu’à choisir selon ses envies de voyage.
Un seul mot d’ordre : le repos. Il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges. Des croisières à thème(s) sont organisées : Star Wars, Top chef, New Kids on the Block et même sur les chats. Aujourd’hui, beaucoup de personnes à la retraite ont choisi de vivre sur ces navires, ils représentent la part majoritaire des touristes qui choisissent cet environnement de vacances.
Et demain ?
L’industrie de la croisière continue d’évoluer. Les compagnies investissent dans des navires plus respectueux de l’environnement : propulsion au gaz naturel liquéfié (GNL), limitation des émissions, systèmes de recyclage et de traitement des eaux usées.
Les chantiers explorent aussi de nouvelles pistes, comme les croisières hybrides ou assistées par voiles, renouant ainsi avec l’esprit originel du voyage en mer.
De la première expédition du Iberia aux géants des mers d’aujourd’hui, la croisière reste avant tout une promesse : celle d’un monde flottant où l’on voyage sans quitter la mer.