Naviguer sur la mer de Marmara : l’élégance d’un détour inattendu

Par Figaronautisme.com

Entre la mer Égée et la mer Noire, la mer de Marmara dessine une voie singulière : celle d’une navigation en demi-teinte, moins spectaculaire qu’une croisière en Méditerranée mais bien plus riche qu’on ne l’imagine. À l’écart des grandes routes de plaisance, cette mer intérieure située au cœur de la Turquie tisse des liens entre les rives d’Istanbul, les îles oubliées du temps, et les petits ports à l’accueil franc et discret. Naviguer sur la mer de Marmara, c’est choisir un itinéraire où la lenteur a du sens, où l’histoire affleure à chaque escale, et où le plaisir de la mer se conjugue avec celui de la découverte culturelle.

Un premier choc visuel : Istanbul par la mer
L’approche maritime d’Istanbul a quelque chose de solennel. En arrivant depuis le sud, le regard est happé par les silhouettes de Sainte-Sophie, de la Mosquée bleue et du palais de Topkapi, qui dominent la ville depuis la Corne d’Or. C’est une des rares capitales où l’on peut accoster en voilier dans un décor digne d’un roman d’aventure. À Kalamis Marina, bien abritée et située sur la rive asiatique, les infrastructures sont excellentes et permettent de séjourner plusieurs jours pour visiter la ville sans contrainte.
Istanbul est aussi un bon point de départ pour une croisière dans l’ensemble de la mer de Marmara. Les distances sont relativement courtes, les conditions de navigation assez douces, et l’ambiance résolument orientée vers la plaisance familiale. Mais pour bien profiter de cette zone, mieux vaut ne pas être pressé : ici, l’essentiel est dans la lenteur et la variété.

Les îles des Princes : calme, criques et culture
À seulement 10 milles d’Istanbul, l’archipel des îles des Princes offre une parenthèse presque irréelle. Ces îles, dont Büyükada est la plus grande, conjuguent calme, baignades et patrimoine. On y accoste facilement pour la journée ou pour la nuit, à condition d’arriver en début d’après-midi, notamment en haute saison. Le charme des îles tient aussi à leur ambiance très particulière : pas de voitures, peu de bruit, des maisons en bois peintes, des sentiers bordés de pins, et des panoramas à couper le souffle. On s’y déplace à pied ou à vélo, on y déguste du poisson grillé à l’ombre des figuiers, et l’on découvre une autre facette d’Istanbul, à la fois balnéaire et contemplative.
Heybeliada, la deuxième île par la taille, est plus sauvage et propice à la randonnée. Burgazada, plus discrète, séduit par ses petites criques accessibles en annexe. Quant à Kinaliada, plus rocheuse, elle attire les amateurs de baignade en eau claire. Chaque île possède son port, ses cafés, et sa propre lumière en fin de journée.

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iles des Princes© AdobeStock

Marmara Adasi et Avsa : escapades maritimes plus confidentielles
En poursuivant vers l’ouest, à une trentaine de milles des îles des Princes, on atteint Marmara Adasi, une île au relief marqué, longtemps exploitée pour ses carrières de marbre blanc. Son petit port de plaisance, simple mais efficace, est un bon point d’ancrage pour partir explorer l’intérieur. Les villages sont paisibles, les plages peu fréquentées, et l’ambiance authentique. On est loin des stations balnéaires formatées.
Juste à côté, l’île d’Avsa est plus festive et connue pour ses plages accessibles. Elle attire une population turque qui vient profiter des plaisirs simples de la mer, dans une atmosphère conviviale. Plusieurs petites criques permettent de mouiller à l’écart du village principal. Sur place, il n’est pas rare de tomber sur un producteur local qui propose son vin ou son fromage fait maison - un luxe rare dans une zone encore peu soumise aux logiques touristiques de masse.

Activités nautiques et plaisirs simples
La mer de Marmara n’est pas un terrain de jeu spectaculaire, mais elle offre un large éventail de plaisirs nautiques. Les zones abritées autour des îles sont idéales pour le paddle ou le kayak, souvent proposés à la location sur Büyükada ou Burgazada. La plongée, bien que moins réputée qu’en Méditerranée, réserve quelques belles surprises : épaves anciennes, faune côtière variée, et une eau généralement claire au printemps et en début d’automne.
La pêche de loisir, très pratiquée localement, séduit aussi les navigateurs qui souhaitent rapporter de quoi garnir la table du bord. En fin de journée, jeter l’ancre dans une crique, sortir la canne, et cuisiner son poisson à bord fait partie des plaisirs simples mais rares dans les zones plus densément naviguées.

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Marmara Adasi© AdobeStock

Un itinéraire à part, pour marins curieux
Peu fréquentée par les flottes de charter et rarement évoquée dans les guides internationaux, la mer de Marmara reste une destination à découvrir, presque confidentielle. C’est ce qui en fait tout le charme : une navigation tranquille, dans un environnement à la fois domestique et lointain, où l’on navigue entre le tumulte d’Istanbul et la quiétude de villages oubliés.

C’est aussi une zone de transition idéale pour les navigateurs qui rejoignent la mer Noire ou redescendent vers l’Égée, mais qui souhaitent éviter les zones trop fréquentées. La mer de Marmara ne se donne pas tout de suite, mais elle récompense largement ceux qui prennent le temps de l’apprivoiser. En cela, elle est bien plus qu’une mer intérieure : elle est un monde à part, entre deux continents, entre deux époques.
Naviguer sur la mer de Marmara, c’est entrer dans un monde aux multiples facettes, où chaque escale raconte une histoire et où l’aventure se vit à son propre rythme. Que l’on vienne pour l’histoire, pour les paysages ou pour l’accueil chaleureux, cette mer intérieure a tout pour devenir une étape précieuse dans l’itinéraire des plaisanciers avides de découvertes.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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