Faut-il vraiment supprimer les douches de plage ? Le débat relancé par Biarritz

Été 2023, puis été 2024 : à Biarritz, les douches de plage restent désespérément fermées. En cause, les restrictions liées à la sécheresse, justifiées par les autorités comme une mesure de bon sens. Mais la décision fait grincer des dents. Les usagers ne comprennent pas toujours la logique d’un tel choix, dans une ville balnéaire où l’afflux de visiteurs ne faiblit pas. L’eau potable, utilisée pour se rincer du sable et du sel, devient un symbole. En juillet 2024, une pétition recueille plus de 17 000 signatures en quelques semaines. L’argument est simple : la consommation liée aux douches ne représenterait qu’une fraction des pertes d’eau liées aux fuites du réseau.
Face à la pression citoyenne, la municipalité annonce le retour des douches pour l’été 2025. Une dizaine de points d’eau seront remis en service, du 1er juillet au 31 août, avec des limitations strictes : un débit réduit et un temps d’utilisation plafonné à quinze secondes. Le compromis se veut raisonnable. Il ne convainc pas tout le monde.
Car le sujet dépasse les limites de Biarritz. Sur le littoral français, plusieurs communes ont pris des mesures similaires. En 2023, à Cagnes-sur-Mer, les douches ont été désactivées par arrêté préfectoral. À Antibes, en revanche, elles ont été maintenues, mais sous surveillance. Les maires invoquent la nécessité de préserver un minimum de confort, notamment pour les familles et les publics fragiles. Certains estiment que ces installations sont aussi une forme d’hospitalité.
À Biarritz, le débat a pris une tournure politique. L’opposition municipale, notamment écologiste, pointe l’incohérence de rouvrir des douches en pleine transition climatique. La majorité, elle, mise sur des solutions techniques. Une douche expérimentale, alimentée par de l’eau de mer désalinisée grâce à un procédé d’osmose inverse, a été évoquée en conseil municipal. Une innovation qui permettrait de concilier impératifs écologiques et services de base.
Le sujet, en apparence anecdotique, illustre une tension plus large. Dans une société de plus en plus contrainte par les enjeux de sobriété, faut-il renoncer à certains usages devenus traditionnels ? Ou au contraire les adapter, sans les effacer ? Cet été, à Biarritz comme ailleurs, la douche de plage cristallise ces interrogations. Le débat, lui, est loin d’être clos.