Des magistrats somaliens achèvent cette semaine en France une formation à la lutte contre la piraterie, ce pays très déshérité espérant pouvoir juger un jour tous ses ressortissants accusés de ce crime, dont une douzaine sont détenus en France.
"Nous sommes en pleine réforme pour amener notre système judiciaire aux normes internationales. L'endroit normal pour juger les crimes commis au large de la Somalie est la Somalie", explique la vice-ministre fédérale somalienne de la Justice Fahma Ahmed Nur, en déplacement à Lorient (Morbihan), dernière étape de ce cursus international.
Dispensée par l'Ecole nationale de la magistrature (ENM) sous l'égide du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), cette formation, débutée aux Emirats Arabes Unis, a rassemblé trente magistrats et juristes somaliens en tout.
Huit d'entre eux assistent en Bretagne à son volet final, avec pour point d'orgue mercredi une démonstration d'intervention anti-piraterie des commandos de marine de Lanester, près de Lorient, habitués à patrouiller dans le golfe d'Aden.
L'ENM est "l'une des rares écoles de magistrature au monde à disposer d'une véritable école d'application et à pouvoir montrer en détail tous les aspects de la chaîne pénale, y compris ce type d'interception", relève son directeur adjoint Samuel Vuelta Simon.
Pour l'ONU, "l'objectif est que d'ici 2015, la Somalie puisse juger ses pirates selon les normes internationales", indique Simone Boneschi, l'un des responsables de ce projet du PNUD intitulé "Accès à la justice".
"Les défis sont immenses, mais de grands progrès ont déjà été faits", ajoute M. Boneschi, dans ce pays miné par 22 ans de troubles et qui ne semble avoir retrouvé un exécutif pérenne que depuis l'élection du président Hassan Cheikh Mohamoud en septembre.