Les conditions dantesques du golfe oubliées, Michel Desjoyeaux menait la flotte hier pour un dernier tronçon de tous les dangers.
Les clignotants mis à gauche toute, le cap Ortegal paré, 130 milles restaient à avaler aux 41 concurrents de la Solitaire du Figaro Éric Bompard Cachemire pour rejoindre Porto et la Douro Marina, terme de leur première étape. Une dernière partie après de longues enjambées de brise plus que soutenue, vécues par certains comme un pensum avec vracs périlleux à gogo. Alexis Loison (Groupe Fiva), lui, était dans le bon wagon. Le coup de vent d’une dizaine d’heures ayant aiguisé ses talents d’équilibriste : « Cela rentrait parfois à 37/38 nœuds avec une mer hachée et le bateau, même chargé sur l’arrière, plantait dans la vague de devant. Il n’y avait rien d’évident. J’ai fait des pointes à plus de 19 nœuds ».
Juste devant lui, Michel Desjoyeaux (TBS), en vieux baroudeur de ces parages, avait bien évidemment anticipé la suite du scénario. « Je savais qu’il y aurait moins de vent à terre. Je suis allé au large, un peu trop d’ailleurs, avec des petits soucis d’électronique qui m’ont fait faire des bêtises. Mais heureusement, cela n’a pas porté à conséquence puisque me voilà en tête de la course. Et je vois le petit train s’installer derrière moi », déclarait-il non sans une certaine jubilation.
Alors que le vent commençait sérieusement à faiblir, le triple vainqueur de la Solitaire, se disant reposé après un somme de 20 minutes, campait dans son option suivant la configuration du plan d’eau : « Actuellement il faut rester à la barre et aux écoutes car à chaque vague, en surf, le spi est déventé. Vis-à-vis de la zone de calme qui nous attend, et comme nous sommes en butée de la zone interdite du dispositif de séparation de trafic de la pointe nord-ouest de l’Espagne, nous ne pouvons pas aller plus au large. Il nous faut composé avec cela ».
Alors que les leaders du moment doublaient le cap Finisterre, la bulle dépressionnaire et sa pétole faisaient leur apparition. Dégonfler les spis comme baudruche et arasant les vagues. Michel Desjoyeaux croisait les doigts, alors qu’il ne savait pas trop ce qu’il se passait près de la côte où quelques aventuriers s’étaient risqués comme Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) en meneur des frondeurs : « Le plus compliqué reste maintenant à faire parce qu’on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. Je ne sais pas si je suis en confiance car il ne faut jamais vendre la boite de pâté avant d’avoir tué le cochon. En tous les cas, ça fait du bien de voir que je suis encore dans le coup et que j’ai pu faire de jolies choses. Mais il faut maintenant aller jusqu’au bout et surtout savoir que nous en sommes qu’à la première étape ».
Les concurrents sont attendus à Porto ce mercredi, suivant bien évidemment les caprices d’Eole.
Classement de 16 heures ce mardi 4 juin :
1. Alexis Loison (Groupe Fiva) à 119 milles de l’arrivée
2. Michel Desjoyeaux (TBS) à 0,07 mille du premier
3. Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) à 0,46
4. Adrien Hardy (Agir Recouvrement) à à, 62
5. Thierry Chabagny (Gedimat) à 0,75
6. Yann Éliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) à 0,80
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