A l'ombre de l'impressionnant phare du Créac'h qui domine du haut de ses 55 mètres la côte magnifique et traîtresse de l'île d'Ouessant, se dissimule un lieu magique ouvert aux rêves, le Musée des Phares et Balises.
Ouvert en 1988, ce musée unique en France retrace l'histoire de la signalisation maritime des côtes - présentant de magnifiques optiques aux éclats fascinants - et l'édification des phares en mer dans des conditions souvent périlleuses. La collection offre environ 800 objets provenant de dons divers ainsi que du musée des phares à Paris, fermé en 1955.
Tout commence par des naufrages comme en attestent les nombreuses épaves autour de l'île, rappelle Nathalie Bolloré, médiatrice culturelle du lieu, géré par le Parc naturel régional d'Armorique (Pnra) et qui accueille 16.000 visiteurs par an.
Parmi ces naufrages, celui du Drummond Castle est resté dans les mémoires. En ce jour de juin 1896, les passagers du paquebot britannique, venant du Cap, s'apprêtaient à passer leur dernière nuit en mer quand le navire s'est éventré sur les récifs au sud d'Ouessant. Bilan, selon Mme Bolloré: trois survivants sur 251 passagers. En remerciement aux Ouessantins pour avoir enseveli dignement les dépouilles ramenées à la côte, la reine Victoria offrira le clocher de l'église du bourg de Lampaul.
Si le phare d'Alexandrie a été érigé avant Jésus-Christ, le plus vieux phare de France, celui de Cordouan (Gironde), ne date que de 1611, tandis qu'à Ouessant, celui du Stiff, une construction militaire sur des plans de Vauban désormais désaffectée, remonte à 1695. Mais c'est en 1825 que sera lancé le premier programme global de balisage des côtes de France pour guider les navires. Ce balisage est facilité par la révolution optique que constitue l'invention, par l'ingénieur des Ponts et Chaussée Augustin Fresnel (1788-1827, de la première lentille de Fresnel (1822), qui permet de multiplier la puissance de la lumière. Les phares du monde entier en seront ensuite progressivement équipés.
Le musée permet d'admirer plusieurs de ces optiques, à la géométrie complexe et aux dimensions parfois inattendues. A quatre faces, celle du Créac'h pèse 17 tonnes et repose sur un bain de mercure. Cette optique à 10 éclats a été montée en haut du phare en pièces détachées, chacune d'elle numérotée, avant d'y être remontées dans la lanterne de l'édifice. Chaque optique "a son propre code lumineux qui permet aux marins de les identifier sans erreur", rappelle Nathalie Bolloré. Pour compléter la visite, le musée propose un parcours commenté de deux heures sur la signalisation maritime sur la côte d'Ouessant, prétexte à un bon bol d'air!