Musicien électro, Romain Delahaye est parti pendant plus d'un mois à bord d'un bateau de pêche pour aller enregistrer son album dans l'Atlantique nord. Nommé "60°43' Nord", l'album est sorti en janvier 2015.
"Ce que j'apporte, ce n'est pas le sujet, c'est le processus", explique Romain Delahaye. Son projet est devenu un imposant livre-album, "60°43' Nord", soit la latitude la plus haute où il s'est rendu.
Côté livre (éditions Classic-Millefeuilles): photos et récit de voyage, en français et en anglais. Côté musique: dix instrumentaux électro composés sur le bateau et incluant des sons captés à bord, comme le vent, l'impact des vagues sur la coque ou les moteurs, pour "inviter à partir", espère le musicien, âgé de 35 ans. Romain Delahaye, un Parisien avec du sang breton dans les veines, a embarqué pour 34 jours au printemps 2013 à bord du chalutier "Joseph Roty II", une "usine flottante" de la Compagnie des pêches de Saint-Malo. Il a suivi une campagne au merlan bleu au large de l'Ecosse, sans escale, à bord de ce navire choisi pour sa destination: des eaux "hostiles" qui permettraient au musicien de croiser "la tempête".
"Il y avait 60 marins à bord, 20 Portugais, 20 Polonais, 20 Français. Le bateau a une activité 24 heures sur 24, pendant 34 jours. Moi j'avais carte blanche, j'avais accès à tous les recoins du navire. L'accueil a été convivial et respectueux", explique le musicien qui avait établi son QG dans la "cabine-hôpital". "J'étais là-bas pour l'horizon, la nature, la mer. Je m'y suis retrouvé mais sur une usine flottante, très bruyante, dans un endroit où le silence n'existe pas", souligne celui a parfois eu l'impression d'être "au beau milieu de l'océan" mais sans pouvoir ni l'entendre, ni le sentir, à cause des odeurs de gasoil et de poisson.
"L'inspiration a donc balancé entre ces deux extrêmes, entre quelque chose de très industriel, de très terrien d'une part, et quelque chose de plus mystique lié à la mer et aux éléments", poursuit Romain Delahaye. "Au final, c'est quand même la mer qui dicte sa loi même si elle se fait piller de tonnes de poissons", ajoute cet amoureux de la voile. Chaque titre est présenté dans le livre par une "radiographie" détaillée avec toutes les informations indiquant où et quand a il été composé mais aussi dans quelles conditions. L'auditeur apprendra ainsi que le troisième titre, "Hébrides", a été créé le 18e jour du périple, par une mer "très agitée, lames déferlanres grosses à énormes" avec un vent de 60 noeuds orienté sud-est.