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Cas d’école pour les routeurs, Francis s’apprête à réaliser l’une des figures classiques des grandes traversées, l’aile de mouette, en approche du coeur des zones de haute pression. Il empannera ainsi au juste moment, ni trop tôt pour conserver vitesse et gain sur la route, ni trop tard, pour éviter l’engluement dans les zones déventées du coeur de l'anticyclone. La mer, toujours formée, viendrait alors s’additionner pour arrêter fatalement le bateau. Une fois en bâbord amure, IDEC SPORT va de nouveau avaler les milles efficaces en direction de la Guadeloupe, distante ce soir d’un peu plus de 1 800 milles, soit la mi-parcours théorique de cette Route du Rhum.
« J‘ai bien fait marcher cette nuit » raconte le colosse de 62 ans. « J’ai beaucoup changé de voiles pour m’adapter à ce début d’alizé qui était très irrégulier. La houle est toujours forte, résiduelle des dépressions passées. Je cherche en permanence l’angle de vent le plus efficace, dans cet alizé qui varie beaucoup, de 15 à 20 degrés. C’est un travail d’attention permanente qui laisse peu de place au sommeil. Je suis plutôt satisfait des foils posés cette années sur IDEC SPORT. Je les ai gardé en permanence y compris dans la tempête, et je crois qu’ils ont été pour moi un gage de sécurité, à défaut de faire voler le bateau. Je suis heureux de disposer d’un bateau au maximum de ses possibilités, avec 100% de ses moyens pour cette deuxième partie de course dans l’alizé vers Pointe-à-Pitre. Tout peut arriver dans cette course, et je ne veux avoir aucun regret à l’arrivée, quelle que soit l’issue finale ! »