Les conditions de navigation se sont nettement accélérées avec la consistance d’un flux de secteur Est d’une vingtaine de nœuds dès que les côtes bretonnes ont disparu derrière l’horizon. A plus de dix nœuds de moyenne, au classement de 5h00, Alexis Loison (Région Normandie) avait repris la tête devant Morgan Lagravière (Voile d’engagement) qui menait sur les pointages précédents alors que Joan Mulloy (Believe in Grace-Businesspost.ie) fermait la marche à une dizaine de milles. Sur ce long bord de cent milles entre Portsall et le phare anglais de Wolf Rock, la cadence élevée a permis de rattraper une partie du retard constaté sur les routages et c’est vers 9h00 ce dimanche que les leaders devraient entamer leur long louvoyage vers l’île de Wight.
Des rails et un petit train
A peine les côtes bretonnes dans leur sillage, la flotte devait traverser les deux rails (montant et descendant) du trafic des cargos empruntant le DST de Ouessant. Pas de problème majeur puisque les Figaro Bénéteau 3 allongeaient la foulée à près de douze nœuds, coupant perpendiculairement cette voie maritime. Les solitaires devaient toutefois rester sur le pont, ne serait-ce que parce que la meute était encore très groupée et que le barreur était plus véloce que le pilote automatique. Peu de repos en vue donc pour cette « coupure de Manche » mais les skippers avaient déjà prévu un break en atterrissant sur les côtes anglaises.
Car si le début d’une nuit profondément anthracite ne favorisait pas le visuel des réglages du grand spinnaker, elle devait s’éclairer à l’aurore d’un croissant lunaire bienfaisant. Surtout que le vent d’Est avait prévu de s’orienter un peu plus au Sud-Est en mollissant légèrement autour de quinze nœuds. Un empannage pour parer la marque était donc prévisible. Emmené par Morgan Lagravière (Voile d’engagement), la flotte s’étirait progressivement avec un pack d’une vingtaine de solitaires finalement peu séparés latéralement (1,5 milles) : une armada un poil plus rapide où se retrouvaient tous les favoris et spécialistes de La Solitaire URGO Le Figaro, à l’exception notable de Pierre Leboucher (Guyot environnement) sous petit spi, et d’Adrien Hardy (Sans nature, pas de futur !) en milieu de classement tout comme Benjamin Schwartz (Action contre la faim)…
Le vent restant relativement stable en direction et oscillant entre 18 et 22 nœuds, la procession vers la Cornouaille britannique va perdurer jusqu’à l’approche du phare anglais, Wolfrock en pleine mer, entre la pointe de Land’s End et les Scilly. Et comme les chenilles du pin, les solitaires vont se suivre sur un même cap jusqu’à un empannage en bout de bord. Il ne devrait donc pas y avoir d’écarts considérables lorsque la meute va obliquer vers l’Est et entamer son long louvoyage vers la bouée Owers, dans l’Est de l’île de Wight…