Tout comme Tabarly en son temps, une nouvelle génération de marins a pris en main la course au large. Loin des héros-aventuriers, ce sont des "marins sportifs" qui pilotent avec dextérité des "machines volantes" innovantes, stars du Vendée Globe 2020.
Ils sont trentenaires ou quadragénaires, certains n'ont encore jamais fait le tour du monde et dimanche, au large des Sables-d'Olonne, ils seront à la barre de bateaux nouvelle génération, ultra-technologiques et particulièrement violents à mener, pour la grande course en solitaire et sans escale.
Des engins à ne pas mettre entre toutes les mains, pour lesquels ils se sont impliqués personnellement dans la conception et qui leur a demandé une préparation de très haut niveau, où visualisation mentale, yoga et méditation ont fait leur apparition.
Jérémie Beyou (Charal), Charlie Dalin (Apivia), Thomas Ruyant (LinkedOut), Sébastien Simon (Arkéa Paprec), Alex Thomson (Hugo Boss), Armel Tripon (L'Occitane en Provence) et Nicolas Troussel (Corum L'Epargne) sont les acteurs majeurs de la nouvelle édition du Vendée Globe, avec des profils qui tranchent avec les vieux loups de mer.
"Il y a pas mal de mes idées qui sont arrivées sur le bateau. Ce que j'aime dans la course au large, c'est la compétition, la performance et là, on a des machines incroyables entre les mains", lance à l'AFP Dalin (36 ans).
Architecte naval de formation, Charlie Dalin est épaulé par François Gabart, celui qui a ouvert la voie à cette nouvelle génération de marins. A 29 ans, l'ingénieur remportait le Vendée Globe 2012/2013 pour sa toute première circumnavigation.
Sébastien Simon, spécialiste en structure composite, se retrouve pleinement dans cette nouvelle façon d'aborder la course au large en solo.
"Les bateaux volants, c'est violent, brusque, avec de fortes accélérations et décélérations, ce sont des bateaux vraiment exigeants, et ça, ça va dans le sens d'avoir des nouvelles générations de marins plus sportifs", relève le benjamin de cette nouvelle horde.
Armel Tripon (45 ans), qui a découvert la voile assez tard, pense également cette longue aventure des mers comme un défi sportif.
"J'ai toujours eu dans l'idée de faire le Vendée Globe en mode compétitif, faire le tour pour le tour ça ne m'aurait pas plu. Je n'aurais pas été en accord avec moi-même, il y aurait eu quelque chose de faussé", confie Tripon, qui pratique la méditation.
"Sur cette préparation du Vendée, depuis 2 ans on a intensifié. Au début c'était des méditations de 5 minutes, aujourd'hui c'est presque une heure. Plus j'avance et plus je comprends le sens de tout ça, je vais l'utiliser en course, c'est un moyen de se ressourcer à moindre frais", détaille le Nantais, qui fait aussi beaucoup de visualisation.
"J'ai une vie très monacale, c'est très calé. J'ai une rigueur sur l'hygiène, les repas. Je sais que ça contribue à la performance", poursuit le skipper, qui a fait développer une application pour gérer au mieux son temps de sommeil, un facteur clé de la performance.
Jérémie Beyou (44 ans) prendra, lui, le départ de son 4e Vendée Globe. Troisième de la dernière édition, il s'est adjoint cette année les services de la psy des sportifs, Meriem Salmi, pour l'accompagner à tenir sa place de favori face aux jeunes loups.
"On a fait faire un bond en avant à ces bateaux-là, c'est de la folie. Même moi qui ne suis ni architecte ni ingénieur, j'ai mis ma petite pierre à l'édifice de cette progression-là", souligne Beyou, qui attend impatiemment la victoire.
Lui a pris part à plus de la moitié des Vendée Globe qui se sont couru. Et pourtant le Gallois Alex Thomson (46 ans) est presque le fer de lance de cette nouvelle génération.
"Gagner le Vendée Globe, c'est le but, ce n'est pas un rêve. Et pour ça, je réfléchis constamment à comment aller plus haut, comment faire différemment", dit le Britannique, deuxième du dernier Vendée Globe.