Jérémie Beyou (Charal) était à la vacation de 10h ce matin.
" Heureusement que c’est bientôt la fin, je ne ferais pas des semaines comme ça. On a des conditions super instables, ce n’est pas très pratique pour avancer vite et pour se reposer. On tient le coup et on garde le moral car on sait qu’on avance vers l’arrivée. C’est ça qui prédomine dans l’état d’esprit.
Sur les fichiers GRIB, on ne voit pas que le vent est instable. En passant les Açores, on avait un vent très « rafaleux », entre 35 et 55 nœuds donc c’est difficile d’adapter la voile du bateau et d’aller droit. Le vent a énormément molli, il y a de grosses occlusions devant donc ça créé beaucoup de grains. A la sortie de la nuit, j’avais entre 0 et 20 nœuds, ça empêche d’avoir une vitesse constante. Le bateau va bien, par moment ça avance très bien, mais je navigue dans un mode très conservateur car la mer n’était pas belle. Je devais parfois lever le pied. Si je pouvais accélérer, je le ferais.
Rien que de penser à l’arrivée, plein d’émotions ressortent. Je l’ai déjà vécu et je sais que c’est un moment très intense. En 2017, je m’étais laissé porter par les choses et je crois que j’ai envie de faire pareil là. Me laisser porter par les gens qui sont là, le fait d’avoir bouclé la boucle, par la fierté de l’avoir fait, d’avoir réussi à ramener le bateau à bon port. C’était génial en 2017, j’espère que ça sera aussi bien.
C’est drôle, avant je ne parlais jamais avec mes concurrents. Et là je me suis pris à faire aussi ça, je me sentais un peu isolé et j’avais envie de partager avec des gens qui vivaient la même chose que moi. J’ai découvert qu’être derrière ce n’était pas facile, on vit les choses plus au ralenti, il faut être plus dans la gestion, il n’y pas toujours quelqu’un à coté pour avoir un repère de vitesse, etc. C’est une course très différente et donc à chaque fois j’appelais la fille ou le gars qui était à côté pour savoir comment il gérait cela à bord. Je parle beaucoup à Romain car c’est une pipelette, mais j’appelle toujours Manu, Alan, etc. Au départ, je le faisais pour moi car j’avais besoin d’échanger avec les gens qui vivaient la même chose que moi et j’ai senti que c’était réciproque en face et que c’était sympa. J’ai peut-être une seconde carrière à la Jean-Yves Chauve en tant qu’animateur sur la Solitaire du figaro, mais je crois que je ne chante pas aussi bien que lui ! (rires) "