
Du suspens, de la tension, des rebondissements, du sport, de la performance, des déceptions, de la jubilation, des paysages à couper le souffle, des éléments, mer et vent cléments, une concurrence au plus haut niveau… que dire encore ? Que les classements varient de pointages en pointages au gré des changements de cap ! Cette Transat Jacques Vabre 15ème du nom offre aux protagonistes tous les ingrédients dont rêvent secrètement tout coureur au large le temps d'une carrière. Au terme d’une semaine de course scandée par d’inattendus épisodes météos en Manche et Mer d’Iroise, un petit groupe de 6 Imoca s’est détaché et fait le trou ce matin entre les Canaries et l’archipel du Cap Vert. Meneur d’allure de ces voiliers les plus performants du moment et tous, à degrés divers, favoris de l’épreuve, LinkedOut de Thomas Ruyant et Morgan Lagravière. Les deux marins livrent depuis la compression enregistrée au passage des Canaries, un combat épique à trois unités, bord à bord après 1 800 milles de course avec deux des ténors de l’épreuves Apivia et Charal. « On est à vue et ça se joue au moindre mètre ! » déclare, totalement bluffé, Morgan Lagravière, au comble du bonheur de vivre avec une telle intensité toutes les facettes de ce métier de coureur au large, de sa composante sportive la plus extrême, à l’envie d’ailleurs et de sentiments exclusifs que seul le sport de haut niveau procure. « Nos bateaux sont proprement hallucinants » poursuit Morgan, tout à l’observation à bâbord comme sur tribord des deux « avions de chasse » au meilleur de leurs formes. « Entre Apivia (Dalin-Meilhat), Charal (Beyou-Pratt) et nous, ça se joue à des poulièmes de noeuds! C’est stressant bien sûr, mais délicieusement excitant ! » Le passage aux Canaries entre Gran Canaria et Fuerteventura a facilité le regroupement en tête de flotte. « On a un moment accusé le coup avec Thomas, car nous étions parvenus la veille à nous doter d’un petit matelas d’une trentaine de milles d’avance. Mais c’est la preuve de la solidité de notre duo. On s’est très vite remis dans le bain en ne pensant qu’à une seule chose, la performance. » Les deux hommes vont ainsi chercher très loin, dans l’échange et la communication, la bonne compréhension de leur plan Verdier. « Nos progrès en une semaine sont stupéfiants » poursuit Morgan. « On a appris énormément de choses sur nos réglages, sur nos choix de et envois de voiles, et on progresse chaque jour davantage. Ainsi, dans ces conditions de portant pur que nous rencontrons, on a ré apprivoisé notre grand spi, dont nous nous méfions quelque peu avant le départ. Il nous donne entière satisfaction et constitue depuis plusieurs jours notre arme favorite. » Une arme dont les deux pilotes de LinkedOut aimerait pourtant ces prochains jours, pouvoir se défaire, histoire de naviguer dans d’autres configurations, celles pour lesquelles le bateau a été dessiné. « On espère en approche du pot au Noir, naviguer de manière « plus appuyée », travers au vent. Ce sera l’occasion de nous jauger là encore vis à vis de nos adversaires directs, car actuellement, nous sommes vraiment très proches en performances."