La flotte de la Golden Globe approche de la porte de Marina Rubicón à Lanzarote

Par Figaronautisme.com

Les bateaux et les marins ont vécu leur baptême du feu dans le Golfe de Gascogne, menés par un Pat Lawless (IRL) inoxydable. Ertan Beskardes (UK) a subit un court-circuit électrique et s’est assommé en tombant dans le cockpit, Guy deBoer (USA) a eu le mal de mer pour la première fois de sa vie et perdu tout contact radio, le favori Damien Guillou (FR) et revenu aux Sables d’Olonne sur rupture d’attache de son régulateur d’allure, incertain de pouvoir rejoindre la course à temps et Edward Walentynowicz (CAN) a décidé d’abandonner, envisageant une participation plus sereine en 2026.

Mais quel changement en une semaine !

Simon Curwen (UK) et Tapio Lehtinen (FIN) sont maintenant en tête de la flotte, naviguant à proximité et se poussant mutuellement sur des moyennes quotidiennes élevées, Pat Lawless (IRL), auteur d’un superbe début de course, s’est perdu dans son option Est, laissant les leaders s’échapper, et permettant aux partisans de l’option Ouest Abhilash Tomy (IND), Guy deBoer (USA) et Kirsten Neuschäfer (RSA) de se rapprocher maintenant que les routes convergent à 100 miles de la porte de Lanzarote.

Guy deBoer, qui répare régulièrement son accastillage depuis le départ, a évité de justesse une collision avec un bateau de pêche, comme il le raconte dans l’appel satellite GGR SoundCloud de mercredi dernier. En début de semaine dernière, sortant de la descente après avoir entendu un bruit étrange, il s’est trouvé nez à nez avec un bateau de pêche droit devant lui et s’est précipité à la barre, s’entaillant la jambe au passage, mais évitant la collision de 5 mètres… Le pêcheur incapable de changer de cap, hurlait depuis le pont, Guy a ensuite frolé le chalut à l’arrière du bateau en pêche, en évitant le croche-pied de justesse! Guy avait été projeté à travers la cabine en début de course et a endommagé son alarme AIS, qui ne l’a pas alertée . Pour une raison inconnue, le bateau de pêche n’a pas vu le signal AIS de son transpondeur et ne l’a pas appelé sur la VHF.

Après l’abandon d’Edward Walentynowicz (CAN), qui fournissait des rapports météo détaillés à ses camarades, Guy, dont la jambe se rétablit bien, est devenu le météorologue officiel de la flotte, partageant les informations sur son Weatherwax lors des conversations régulières entre skippers par radio HF.

Elliott Smith (USA) a signalé un problème avec le calage et la collerette d’étambrai de son mât traversant, endommagée au cours de la première semaine, permettant un mouvement de son mât au niveau du pont. Il sait qu’il doit le réparer d’une manière ou d’une autre bien avant les vents soutenus de l’Atlantique Sud. Il est satisfait de sa casquette de descente montée ces derniers jours qui le protège maintenant des embruns, mais a une fuite persistante au niveau du rail de fargue et de la liaison coque-pont.

Imperturbable après un départ moyen, Kirsten Neuschäfer et son Minnehaha ont affiché des moyennes impressionnantes dès leur sortie du golfe, rattrapant leur retard et s’éloignant maintenant du 3° groupe pour rejoindre le peloton de chasse. On sait que son Cape George 36, est rapide, mais Kirsten sait comment le faire avancer : sous gennaker de jour comme de nuit et passant le maximum de temps à la barre avec peu de sommeil, elle signe un retour spectaculaire au premier plan, tout comme Guy deBoer à fond au largue serré sous asymétrique, heureux du potentiel de vitesse de son plan Perry.

Le Cape George 36 de Kirsten et le Tashiba 36 de Guy deBoer sont similaires : longueur de coque maximale, longue ligne de flottaison, fort déplacement autour de 10 tonnes, rapport de lest élevé et plan de voilure en côtre généreux permettent d’atteindre des vitesses légèrement supérieures à celles de leurs homologues, bien que le Rustler 36 d’Abhilash Tomy – un yacht plus léger et moins puissant perçu par beaucoup comme un bateau sain, sans trou de performance- arrive encore à les tenir à distance, mais jusqu’à quand ?

Le Rustler 36 n’est peut-être pas le bateau le plus rapide de la flotte comme beaucoup l’ont cru après la victoire de Jean-Luc Van Den Heede dans la GGR 2018. Le Saga 36 de Pat qui a montré un vrai potentiel dans les vents forts de la première semaine, semble moins à l’aise dans les vents plus légers cette semaine. Devant, le Gaia 36 de Tapio avec de fines entrées d’eau, le rapport de lest et tirant d’eau le plus élevé de la flotte et un faible franc-bord brille par tous les temps et à toutes les allures, même si le Biscay 36 de Simon Curwen parvient toujours à le maintenir à distance.

Damien Guillou (FR), également sur un Rustler 36, travaille dur pour son retour en course. Revenu aux Sables d’Olonne avec un axe de support de régulateur d’allure cassé, il a choisi avec Vincent Riou et Jacques Fort de remplacer l’axe de 10mm pour du 12mm; de renforcer les fixations existantes, d’ajouter un support supplémentaire, avant de repartir 6 jours après la flotte. Depuis, il navigue dans des vents instables mais affiche régulièrement des moyennes journalières dans le haut de la flotte avec un retard réduit à 4 jours. Ses nombreuses saisons en Figaro et 7 participations à la Solitaire lui sont certainement très utiles !

Le plus important, c’est que tous les bateaux sont maintenant sortis du Golfe de Gascogne, qu’aucun d’entre eux n’ai eu d’interaction avec des orques, malgré une frayeur précoce pour Elliott Smith (USA), deux orques ont visité son bateau mais n’ont pas mordu., et que la plupart des marins ont cessé de se faire mal à l’exception de Guy Waites (UK),  qui a eu un “désaccord” avec la bôme de Sagarmatha.

Tous les skippers profitent enfin d’un peu de temps au débridé, avec une mer décente, des températures et des baromètres en hausse, affichant de bonnes vitesses sur une route plus directe vers Lanzarote. Les leaders sont attendus à la porte photo devant Rubicon Marina à 20:00 heures UTC aujourd’hui Vendredi 26 avec les 10 premiers marins attendus dans les 30 premières heures!

Chaque marin doit s’approcher de la marque de dépôt de films de Lanzarote, à 300 mètres au sud de Rubicon Marina, sous grand-voile réduite. Une fois par le travers, ils affallent leurs voiles d’avant et naviguent à vitesse réduite pendant 20 minutes en passant leur films les lettres avant de -littéralement- mettre les voiles… Don, Jane et Aïda diffuseront en direct des interviews vidéo en français et en anglais sur Facebook, Rob filmera et montera des vidéos (VNR), et Nora mettra à jour les photos au fur et à mesure de leur passage et du partage de leurs aventures. Pour beaucoup d’entre eux, ce sera la première occasion de connaître leur position au sein de la flotte!

Après la porte photo, la plupart de la flotte fera face à une vaste zone de calme qui se formera samedi entre les Açores et Lisbonne, puis descendra progressivement sur les Canaries dimanche pour y rester jusqu’à lundi. Cela pourrait créer un premièr “passage à niveau” et redistribuer les cartes entre les premiers et leurs poursuivants, avant le pot au noir en travers de la route vers la prochaine marque : l’île de Trindade au Brésil.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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