#RDR2022 : des rêves de glissades au portant

Par Figaronautisme.com

Les marins de la classe IMOCA ont souffert hier dans un front très violent. Louis Burton (démâtage) et Fabrice Amedeo (voie d’eau dans la zone de vie) ont fait les frais du vent fort et de la mer chaotique. Les autres marins sont passés entre les gouttes. Nous sommes parvenus à joindre cinq skippers en vacation ce dimanche matin. Tous décrivent des conditions instables, à des allures encore serrées du vent, et confient leur hâte d’enfin glisser au portant...

Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne)

« Hier, ce n’était pas super bien. Le bateau a souffert et il souffre encore. La mer est chaotique et après avoir passé le front, j’ai cru que ça allait s’améliorer, que ça allait mollir mais ce n’était pas du tout le cas. Toute la nuit, j’ai dû naviguer avec moins de toile que ce que j’aurais dû faire. Il y a des grains et on part dans des vitesses que l’on ne contrôle pas, ce n’est vraiment pas simple. Les démâtages de Louis (Burton), Aurélien (Ducroz) et Amélie (Grassi) puis le chavirage de Thibaut (Vauchel-Camus), ça jette un froid d’un coup. Même si le jeu est ouvert, ce n'est vraiment pas le moment de casser. Là, on va filer plein Sud jusqu’à ce soir 20 heures où il faudra passer un petit front. On se redécalera dans les Açores en faisant un virement de bord de 6 à 8 heures avant de refaire du Sud en espérant passer sous l’anticyclone. J’en rêve de l’anticyclone. Là on est dans des angles hyper serrés au près, ce n’est pas agréable pour le bonhomme et pour le bateau. Ça manque la mer bleu caractéristique, le soleil, les poissons qui volent et les belles glissades. Là, c’est un peu la boucherie ! Depuis le début de la course, j’essaie de placer le curseur au bon endroit, en naviguant parfois un peu en deçà parce que je n’ai pas envie de cravacher tout le temps. »

Thomas Ruyant (LinkedOut)

« C’est toujours sport ! Là, j’ai 10 nœuds de vent mais il y a 10 minutes, j’en avait 30. On a un beau temps à grains depuis la fin du front. Avant c’était sport avec une mer de face mais assez classique pour un front. Après le virement, on a eu des heures compliquées avec une mer croisée. On faisait mal au bateau pour aller vite, ce n’était pas agréable, ça tapait fort. Depuis le milieu de la nuit, on a eu pas mal de grains avec des rotations de vent importante, ce n’est vraiment pas simple. J’ai 2/3 trucs qui ont volé à l’intérieur mais rien de méchant, tout roule à bord. La mer est chaotique, c’est sauvage. Je suis impatient de retrouver un peu de portant et une mer plus praticable mais ce n’est pas pour tout de suite. Je pense que d’ici deux jours, on pourra faire un peu de portant. Là, il y a toujours un match dans le match avec Charlie devant. Moi, je m’accrocherai jusqu’au bout ! Les bateaux de dernières générations vont vite, ils sont dans le coup, c’est top, il y a du match à tous les étages et tant mieux ! Charlie, c’est un des marins les plus talentueux, il a un bateau avec des foils un peu plus grands et ça galope. Il sera dur à aller chercher ! »

Isabelle Joschke (MACSF)

« Je suis entre deux grains, j’ai entre 5 et 10 nœuds de vent. Je suis balloté par la mer, ce n’est pas du tout agréable. J’ai eu 23 nœuds il y a 10 minutes et dans 5 minutes, ce sera pareil ! Tout va bien mais la nuit a été fatigante, ça a été ça toute la nuit, le vent bascule de 15 à 30 nœuds. Il fallait réagir et éviter que le bateau puisse virer de bord. Il est parti au tas une fois ! La météo n’est pas du tout facile à appréhender, les choix sont durs à faire et on vit vraiment au jour le jour… Je suis comme tout le monde, je me gratte la tête ! J’ai besoin de sommeil, les 24 dernières heures ont été vraiment éprouvantes, j’ai eu du bricolage à faire, d’autant qu’il me manque un des winchs principaux pour les voiles. Chaque manœuvre me demande beaucoup plus de temps et d’énergie... Je suis bien fatiguée mais j’ai la niaque. Sportivement, même si le début de course a été éprouvant et qu’il y a encore beaucoup de manœuvres à suivre, je suis contente de tirer mon épingle du jeu. »

Giancarlo Pedote (Prysmian Group)

« On savait que le front serait violent. Sur les cartes, c’était un peu figé avec surtout de la mer croisée, comme d’habitude. Malheureusement, Louis (Burton) a perdu son mât, Damien (Seguin) avait dû abandonner avant… J’ai une forte pensée pour eux parce que ce n’est jamais facile. Les conditions étaient dures mais on a connu bien pire que ça. Après, ça commence à être usant de faire du près. Là on a des rafales à près de 30 nœuds, ça mollit à 12… Ce n’est vraiment pas agréable. Je suis sur la traine du front, il y a du soleil, des grains, des éclaircies et le vent est très instable. Ça tape beaucoup. À un moment donné, on a envie que ça arrive, qu’on rentre dans l’anticyclone, qu’on pousse vers le sud. Hier, j’ai déchiré mon J2 qui s’est coupé net. Là, je viens de me prendre une risée et le bateau est parti comme une fusée ! »

Sébastien Marsset (Mon Courtier Energie – Cap Agir Ensemble)

« Ça se passe bien. Je n’ai rien cassé jusqu’à présent. Les conditions sont plus faciles mais elles restent toniques. Il y a de la mer, des rafales, le vent passe de 6 à 23 nœuds, difficile de trouver le bon réglage, entre être sur-toilé et sous-toilé. J’ai eu un gros grain hier dans la nuit… Ce n’est pas facile le mode d’emploi dans ce genre de condition. Hier, je me disais que la Route du Rhum avait vraiment commencé, en étant dans mon mode de vie de marin, à couper avec les préoccupations terrestres, à me sentir chez moi dans le bateau. C’est ma maison pendant une bonne dizaine de jours encore, l’espace-temps est différent. Tu es debout la nuit, tu dors le jour. Je suis bien rentré dedans. C’est ce que j’apprécie dans la course, cette parenthèse offerte par le large. Je ne suis pas insatisfait de ma position. Honnêtement, je me mets peu de pression là-dessus. L’enjeu, c’est déjà de finir la course. Franchement, je suis content de mes choix de route. Je n’ai pas un des bateaux les plus rapides, c’est difficile de se faire distancer et parfois dur à avaler. J’essaie de me focaliser sur ce que je peux faire bien et trouver la petite bête pour accélérer. Si je regarde seulement les vitesses pures et les moyennes, ça m’emmène dans une spirale négative. Je cherche donc d’autres leviers pour avancer. Et je suis content de mon positionnement, c’est correct ! »

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…