Le premier tiers du parcours de la grande course de la 20e édition de la Solo Maître CoQ s’annonçait complexe et susceptible de générer des écarts. Il s’est, de fait, révélé délicat et important, la faute notamment aux courants sous le pont de l’île de Ré mais aussi et surtout à une zone de transition que les 30 solitaires en lice ont dû négocier entre le phare des Baleines et Yeu. Ce vendredi après-midi, 16 milles séparent ainsi le premier du dernier, et trois premiers ont fait un léger break. Corentin Horeau (Mutuelle Bleue), Alexis Loison (Groupe RÉEL) et Guillaume Pirouelle (Région Normandie) devancent le gros du peloton de plus de dix milles aux abords des Birvideaux. Solides, ces trois-là pourraient bien continuer d’accentuer leur avance dans les heures qui viennent lors de la remontée au près tonique jusqu’au plateau de Rochebonne à venir. Une remontée qui risque bien, en effet, de faire de grosses différences entre les marins les plus expérimentés et les autres.
Si le départ de cette grande étape offshore de la 20e Solo Maître CoQ s’est déroulé dans des conditions idéales, avec entre 12 et 14 nœuds de vent, très vite, la situation s’est corsée. Et pour cause, aux abords du pont de l’île de Ré, le vent s’est littéralement effondré et les courants ont nettement contrarié les marins, en témoignent certaines traces complètement biscornues sur la cartographie. « C’est effectivement un peu parti en distribil », a confirmé Denis Hugues, le Directeur de course avec son franc-parler habituel. De premiers écarts se sont ainsi créés au large de La Rochelle, avec, aux avant-postes, un certain Guillaume Pirouelle (Région Normandie) qui s’est toutefois fait doubler en fin de nuit par Corentin Horeau (Mutuelle Bleue) et Alexis Loison (Groupe RÉEL), passés un peu plus au large de l’île d’Yeu et ayant, de ce fait, été les premiers à récupérer le nouveau vent de sud-ouest. Depuis, ces deux-là cavalent en tête et creusent progressivement l’écart sur Guillaume, mais aussi et surtout sur le reste des troupes.
Une fin costaude et humide
Leur belle avance pourrait bien continue de se creuser ostensiblement dans les heures qui viennent, sur le long bord de près entre Belle-Ile et le plateau de Rochonne, ainsi que l’explique Christian Dumard, le consultant météo de l’épreuve : « Les marins les plus expérimentés vont probablement mieux s’en sortir que les autres. Le jeu va être assez restrient sur le plan stratégique dans la mesure où on est dans un schéma de bords un peu obligatoires. La vitesse mais aussi la maîtrise du bateau vont être très importants ». Il y a fort à parier que dans ce contexte les plus aguerris encaissent le mieux l’inconfort de la nuit prochaine. Une nuit lors de laquelle ça va forcément taper et mouiller, sans parler du froid en cette période hivernale qui risque de saisir les Figaristes jusqu’aux os, ni du mal de mer auquel certains sont évidemment sujets. « Le vent souffle actuellement entre 13 et 15 nœuds mais après le passage des Birvideaux, en milieu d’après-midi, il va se renforcer graduellement pour se stabiliser entre 20 et 25 nœuds avec de possibles rafales à 28 sur une mer assez formée », a détaillé Christian Dumard.
Houlographe ou pas ?
La fin de parcours s’annonce donc, comme prévu, assez tonique et éprouvante, au moins jusqu’au plateau de Rochebonne. La situation devrait ensuite petit à petit s’apaiser avec un léger affaiblissement du vent. Restera néanmoins un dernier petit aller et retour entre Port Olona et la bouée Houlographe située au large d’Oléron. Tout dépendra toutefois des timings de passage de la flotte à Petite Barge demain matin. En fonction de l’heure et des écarts entre les concurrents, la Direction de course pourrait décider de laisser la course se poursuivre jusqu’à la fin ou l’écourter de quelques milles. Dans le premier cas, les premières arrivées pourraient être jugées entre 16 et 18 heures, dans l’autre, dans la matinée.
A noter par ailleurs : Camille Bertel Valence (Cap Ingelec) est rentrée au port des Sables d’Olonne ce matin aux environs de 9h30 à la suite d’un gros cocotier de spi dans son étai.