
Energy Observer poursuit sa navigation pour la 6e année de son Odyssée autour du monde, à la découverte des enjeux énergétiques du continent africain. Le premier navire propulsé aux énergies renouvelables et à l’hydrogène, premier ambassadeur français des 17 Objectifs de développement durable, va bientôt larguer les amarres après quelques semaines d'arrêt technique pour mettre le cap vers l'Est de l'Afrique.
De l'Afrique à l'Amérique du Sud
Après une année 2022 à sillonner l’Asie du Sud Est, de l’Indonésie jusqu’à l’Inde en passant par Singapour, Energy Observer s'apprête à traverser l’océan Indien, puis l'océan Atlantique jusqu'en Amérique du Sud. Parsemé d’états insulaires isolés, l’océan Indien est un témoin exposé au réchauffement climatique et particulièrement sensible aux enjeux énergétiques.
Au terme de cette traversée, le navire fera escale en Afrique du Sud, locomotive économique du continent à la dépendance historique au charbon. Puis au Brésil où de nombreux projets d’énergies alternatives sont développés.
2023 sera donc plus que jamais axée sur l’observation et le décryptage des enjeux énergétiques de notre époque, dans un hémisphère sud en pleine mutation.
Abritant 17% de la population mondiale actuelle, l'Afrique représente 6% de la consommation énergétique et 3% des émissions des gaz à effet de serre dans le monde. L'électrification reste un défi majeur : 43% de la population n'a pas encore accès à l'électricité, pourtant un facteur essentiel de développement sanctuarisé par l'ODD 7 de l'Agenda 2030.
En mai 2022, 12 pays africains qui représentent plus de 40% des émissions totales de CO2 du continent se sont engagés à atteindre zéro émission nette d’ici la moitié du siècle.
L'Afrique compte également plus de 40 % des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine ; des minéraux essentiels pour les batteries et les technologies hydrogène (source : IEA 2022).
L'énergie est indéniablement un élément clé du développement du continent, et les infrastructures nécessaires sont immenses, tout comme les besoins !
" L'Afrique est un continent déterminant pour le futur du paysage énergétique mondial. Le potentiel de développement des énergies renouvelables et de la production d'hydrogène vert y est immense, et la présence des matières premières nécessaires à l'essor des technologies pour la transition énergétique sont tout autant d'enjeux passionnants que nous avons hâte de découvrir et de partager à travers notre Odyssée." Victorien Erussard - Président, capitaine et fondateur d'Energy Observer
Une transition énergétique aux multiples facettes
À l'heure où l'Afrique du Sud, actuellement le 14e émetteur de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, vise le net zéro d'ici 2050, c'est une feuille de route ambitieuse qui a été adoptée et passe par le développement des énergies renouvelables et la production d'hydrogène vert.
Dans un pays où le charbon reste au cœur du développement économique en créant plus de 92 000 emplois et demeure la principale source d'énergie et d'électricité du pays - représentant 71% de la consommation d’énergie primaire et plus de 86% de la production d’électricité - le challenge est de taille.
L'abandon du charbon sera difficile pour l'économie la plus développée du continent. Pays parmi les plus emblématiques en termes de contraintes et opportunités liées au développement d’une économie bas carbone, l’Afrique du Sud devra faire face à un déficit chronique de production énergétique avec son parc vieillissant de centrales, tout en visant la baisse du charbon et en limitant les conséquences sociales de la sortie de cette ressource.
Avec une augmentation attendue de la demande énergétique et un déficit de capacité électrique, la diversification du bouquet énergétique est devenue un objectif prioritaire pour assurer la sécurité d’approvisionnement. Solution la plus évidente : ajouter des énergies renouvelables bon marché le plus rapidement possible. Dans un pays qui figure parmi les trois premiers pays du monde en termes de potentiel solaire et possède des ressources éoliennes gigantesques, les énergies renouvelables représentent une alternative crédible à faibles émissions.
Pour respecter les objectifs climatiques et rester compétitif au niveau international, le secteur minier sud-africain devra se réinventer en soutenant le développement socio-économique que s’il favorise la décarbonation. Comment ? En s’appuyant sur ses réserves de matières premières pour répondre à la demande de minéraux de transition, tels que le lithium, le manganèse et les métaux du groupe du platine, utilisés dans les secteurs verts tels que les technologies renouvelables, les piles à combustible, les électrolyseurs et les batteries.
C’est dans ce contexte que, lors de la COP26 de Glasgow, la France s’est engagée avec l’Union européenne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, à soutenir la transition énergétique juste (Just Energy Transition) pour accompagner l’Afrique du Sud dans la sortie progressive du charbon. Premier du genre, ce partenariat servira de modèle en cas de réussite pour tous les pays du continent.
Un chantier technique complexe
Pour se préparer aux navigations à venir, le navire laboratoire a fait l'objet d'un chantier technique de plusieurs semaines dans l’archipel des Seychelles, le temps de procéder à des travaux sur le système hydrogène embarqué et au remplacement de nombreux panneaux photovoltaïques endommagés et fatigués des navigations sous les tropiques.
L'équipage a également profité de ce chantier pour optimiser les circuits de refroidissement des technologies mis à rudes épreuves, notamment avec de fortes chaleurs. Nos ingénieurs ont également procédé à une maintenance importante sur les compresseurs de la chaîne hydrogène permettant de maintenir les performances initiales de stockage.
Compte tenu des conditions climatiques cycloniques du sud de l'océan Indien et des travaux d'optimisation et de maintenance nécessaires, Energy Observer reprendra la mer début avril à la fin de la saison cyclonique, direction la Tanzanie, Mayotte, Madagascar puis l'Afrique du Sud.
La prochaine destination sera la Tanzanie, qui se trouve également en dehors de la zone cyclonique. Ensuite, le catamaran pourra mettre le cap vers le sud lorsque le danger sera écarté.
Les Seychelles ont été identifiés pour accueillir le chantier puisque cet archipel est la frontière de la zone cyclonique saisonnière. Le cyclone Freddy a par exemple engendré une houle de 12 m (soit la hauteur de nos mâts) qui aurait pu fortement endommager notre laboratoire.
Une première escale fédératrice
Cette escale technique sur l'île de Mahé a été ponctuée de visites d’institutionnels avec le soutien de l'ambassade de France aux Seychelles, de représentants du gouvernement seychellois, ainsi que de partenaires de l'Odyssée tel que le groupe Qair.
Mr Ahmed Afif, vice-président des Seychelles, Mr. Flavien Joubert, ministre de l’Environnement et de l’Energie, Mme Olivia Berkeley Christmann, Ambassadrice de France aux Seychelles et Mr Tony Imaduwa, Secrétaire permanent du ministère de l’Energie, sont ainsi montés à bord du navire laboratoire pour en découvrir les technologies embarquées et tout leur potentiel de déploiement dans des sites isolés.
La mission pédagogique d'Energy Observer s'est poursuivie avec l'accueil à bord de nombreuses écoles de l'île de Mahé (dont l’école maritime, l’école internationale, et l’école française), en partenariat avec l'Alliance Française et la Sustainable Ocean Alliance ainsi que des ONG locales (La Seychelles Islands Foundation, La Seychelles Conservation and Climate Adaptation Trust, The Marine Conservation Society), sous l'égide d'Energy Observer Foundation.