Sur une plage flamande, une quinzaine de surfeuses se jettent à l'assaut des vagues glaciales de la mer du Nord: une rencontre pour permettre aux femmes de pratiquer ce sport encore très masculin dans un cadre plus apaisé et "moins agressif".
Fondé en 2019 à la date exacte de la Journée internationale des droits des femmes, le groupe baptisé "North Sea Surf Sisters" a célébré samedi son quatrième anniversaire sur la côté d'Ostende (ouest de la Belgique), avec combinaisons et planches pour une séance de surf "au féminin" sous un ciel bleu et ensoleillé.
L'idée initiale était d'échapper à l'ambiance parfois "toxique" des groupes de surfeurs majoritairement masculins, explique la fondatrice du groupe, Joke Devreese, une Belge de 32 ans originaire d'Ostende, mais qui a pratiqué sa passion de l'Espagne à l'Afrique du Sud.
"Par exemple, tu pagayes vers une vague, et normalement tu as la priorité. Mais le garçon à côté de toi va se dire qu'en tant que femme tu n'y arriveras pas et te griller la politesse", s'énerve-t-elle, estimant que ce genre de situation "sape son énergie".
"Il y a beaucoup de surfeuses en Belgique, mais qui connaissent surtout des hommes (qui font du surf). Ces derniers peuvent être plus insistants (pour s'imposer) devant une vague, mais aussi te dicter comment surfer" en estimant avoir raison, poursuit-elle.
D'où son envie d'un cadre plus accueillant permettant aux surfeuses de pratiquer, de s'améliorer et de sociabiliser: les "North Sea Surf Sisters" organisent désormais des rencontres régulières réunissant des dizaines de participantes, plusieurs fois par mois l'été et plus sporadiquement durant l'hiver.
"Ici, nous donnons juste des conseils" sans jugement "et tout le monde est le bienvenu, quel que soit le niveau. Tout le monde s'applaudit, se sourit, s'encourage (...) on part dans la mer avec ces belles choses partagées", se réjouit Joke Devreese
Ada Turner, 39 ans, originaire d'Allemagne, a 22 ans d'expérience de surf au compteur, et en apprécie d'autant plus l'ambiance bon enfant du jour sur la plage d'Ostende.
En surfant avec des hommes, "vous devez vraiment connaître les règles, car cela peut devenir un peu agressif (...) certains s'arrogent le droit à une vague, et si quelqu'un se met en travers, ils s'énervent très facilement", soupire-t-elle.
Certes, "c'est un sport très intensif physiquement, peut-être davantage à la portée des hommes. Mais si une femme le veut vraiment, elle peut les égaler", s'agace-t-elle. A contrario, le surf entre femmes a, selon elle, un côté "sororal, solidaire et joyeux".
"C'est vraiment une communauté où l'on se soutient, c'est un environnement moins agressif, il y a moins l'impression d'une compétition", sourit-elle, en sortant des rouleaux frigorifiés de la mer du Nord.
L'écart de pratique entre femmes et hommes dans le surf reste important: à titre d'exemple, en 2020, la Fédération française de surf ne recensait que 35% de femmes parmi ses 80.000 licenciés.