
Il y avait beaucoup d’émotion autour de l’IMOCA Holcim-PRB à l’heure de quitter le ponton de Newport, vers 12h40 heure locale aujourd’hui (18h40 heure française). Toute l’équipe à terre était réunie avec les navigants pour fêter le retour en course du bateau suisse après son démâtage pendant la dernière étape. Enfin, tous peuvent repasser en mode compétition. C’est un soulagement et une vraie fierté de ne pas avoir tressailli devant la montagne à franchir pour se relever de cette avarie. Le public Américain ne s’y est pas trompé. Le dernier salut, avant de larguer les amarres, de Kevin Escoffier, Abby Ehler, Charles Caudrelier, Sam Goodchild et Yann Riou (reporter embarqué) a été applaudi longuement et chaleureusement par les milliers de personnes présentes sur les quais du port de Fort Adams. Holcim-PRB quitte les Etats-Unis en tête du classement général et a pris le départ cet après-midi d’une étape déterminante.
Un parcours côtier pour remplacer l’In-Port
Avant de s’élancer sur cette transatlantique entre Newport et Aarhus, les quatre monocoques engagés pour l’étape se sont affrontés sur un long parcours côtier venu remplacer la course In-Port qui avait dû être annulée samedi en raison des conditions météo. Sous les yeux de nombreux américains massés sur la rive de Newport, Kevin Escoffier et son équipage ont évolué dans un décor somptueux laissant place à de magnifiques images de Holcim-PRB passant sous le pont Claiborne Pell. Le seul abonné absent pour magnifier le spectacle était le vent… La flotte a dû progresser dans un souffle très faible, parfois face à un courant soutenu. 11th Hour Racing Team auteur du meilleur départ a bataillé en tête de la flotte avec Malizia tout au long de ces deux grands tours effectués sur la rivière de Newport. Mais au final c’est le bateau allemand qui remporte cette course In-Port. Holcim-PRB termine ce parcours en 3e position. Ces résultats ne rentrent pas en compte dans le classement général mais dans celui de l’ensemble des courses In-Port, qui servira à départager les premiers en cas d’égalité à Gênes, grande arrivée de The Ocean Race. Embarqué en tant qu’invité, le navigateur américain Dan Morris a profité pleinement de ces quelques instants à bord de l’IMOCA suisse et est revenu à terre avec la ferme intention de naviguer une prochaine fois lorsque le vent sera plus fort. « C’est assez génial de naviguer avec cet équipage. Il y a des supers marins dans cette équipe. C’est un grand privilège de pouvoir monter à bord et rester avec eux jusqu’à quelques minutes avant le départ. Ce sont des bateaux à foils de haute technologie, proches de ceux sur lesquels je navigue habituellement. Il y a des similitudes sur les voiles, sur les foils, sur la manière dont les gens travaillent ensemble. Mais la grande différence, c’est que moi je pars naviguer pour quelques heures. Eux partent pour plusieurs jours ». Le double champion du monde de match racing a assuré le show en quittant le bord avec un salto arrière spectaculaire !
Une cinquième étape à haut risque
L’In-Port d’aujourd’hui marquait le lancement de la cinquième étape, une course de 3 500 milles comptant double. Les cinq membres de l’équipage ont assisté ce matin à un long briefing avec Jean-Yves Bernot pour analyser les évolutions des fichiers météo et tenter de trouver ensemble la meilleure route à effectuer pour les prochains jours de course. Comme annoncé déjà hier, les conditions ne sont pas simples et le risque est de ne pas réussir à passer à temps le front dépressionnaire qui évolue entre deux anticyclones. Cela signifierait une transatlantique à vitesse réduite et au près. Juste avant d’embarquer à bord de Holcim-PRB, Charles Caudrelier faisait ce matin un résumé des enjeux pour les premières heures de course : « Je suis content car c’est l’une des plus belles étapes. Et puis l’enjeu est de taille. On va essayer de faire les choses du mieux possible avec cette météo compliquée. Dans deux jours on ne sait pas ce qui va se passer et ça déterminera toute la suite de notre transat. Ça ne va pas être simple à gérer. Ce ne sera pas qu’une course de vitesse. Il y aura beaucoup de décisions à prendre. Dans 24 à 48 heures, il y aura un premier choix à faire. Il y a une bonne fenêtre pour traverser vite. On espère qu’il n’y a pas un bateau qui va réussir à s’échapper. Si on rate la fenêtre pour partir, ça peut être très lent derrière. Donc il ne faut pas que l’un des bateaux parte, sauf si c’est nous ! ». Pour Kevin Escoffier, l’objectif pour cette cinquième étape tient en trois mots : stratégie, vitesse et énergie . « Nous voulons rester en tête du classement. Pour cela, il va falloir que l’on fasse de notre mieux et nous adapter continuellement. Nous allons devoir aller vite sans rien casser. On prendra les décisions les unes après les autres pour que l’étape se déroule comme nous le souhaitons » a conclu le skipper avant de quitter Newport, sans aucun doute l’une des plus belles escales de cette édition 2023 de The Ocean Race.