
Tous les ingrédients étaient réunis pour que l’ouverture de ce Sail Grand Prix de San Francisco soit dingue ! Du vent fort (18-25 nœuds - 30-40 km/h), du courant, le brouillard accroché au Golden Gate Bridge et plus de 3 000 spectateurs en folie dans le ‘race stadium’. Mais surtout beaucoup de suspense quant au dénouement de cette Saison 4 de SailGP avec, notamment, un match serré entre la France et l’Espagne pour le dernier ticket d’accès à la Grande Finale à 2 millions de dollars. Et pour pimenter le tout, une bonne dose de stress côté tricolore après la rupture d’un safran à l'entraînement hier, les privant d'entraînement avec le reste de la flotte et mettant leur capacité d’adaptation à l’épreuve.
Course 1 : le retour des Barbares de brise
Très beau départ des Français d’entrée de jeu ! En tête à la première marque, plus vite plus bas au portant, ils ne cessent de prendre de l’avance et ne laissent aucune chance à leurs adversaires. Dans ces conditions engagées qui leur vont bien, les tricolores peuvent compter sur leur contrôleur de vol Jason Saunders, particulièrement à l’aise avec la configuration « aile de 18 mètres - petits foils » du F50. Mais aussi sur les précieuses informations transmises par la stratège Manon Audinet, qui déroule le fil de la course clairement et sereinement à bord du catamaran volant lancé à plus de 80 km/h… Une superbe démonstration de la part des Français sur cette première course en flotte donc, de bon augure pour la suite de l’épreuve. Derrière, les Danois et les Canadiens, à surveiller, terminent deuxièmes et troisièmes. Mais les Espagnols, moins à l’aise dans ces conditions musclées et très très mal partis, terminent septièmes après avoir lutté pour remonter la flotte et ne lâcher aucun point.
Course 2 : bord breton
Confiants, les Français sont à nouveau dans le coup pour la deuxième manche, notamment grâce à un départ encore très efficace de Quentin Delapierre, pas forcément le premier à couper la ligne mais bien lancé et plus rapide que les autres. Les Espagnols sont à nouveau à la peine au départ et semblent peu stables en vol. Au coude à coude avec les Français, les Australiens attaquent et prennent le lead. Les Bleus font des choix osés pour trouver du vent frais, mais la flotte se resserre et les croisements sont de plus en plus chauds. Très bas sous la layline de la dernière marque avant l’arrivée, les Français forcent le passage en lofant au maximum, au point de poser les deux coques. C’est limite avec les Néo-Zélandais mais ça passe et crée un ralentissement qui resserre la meute avant le très court bord vers la ligne d’arrivée. Les Canadiens, pleine balle, tentent d’empêcher les Danois de passer la ligne mais se font avoir à leur propre jeu. Leur F50 s’encastre sur la bouée et ils écopent de 4 points de pénalité sur l’épreuve et perdent 2 points au classement général du championnat, ce qui les écarte définitivement de la Grande Finale. Derrière, les Espagnols profitent du chaos pour grappiller deux places et terminent sixièmes. Devant, les Australiens remportent cette course 2 avec beaucoup d’avance devant les Britanniques et les Français.
Course 3 : France/ Espagne, match retour
Troisième départ du jour très impressionnant de Quentin Delapierre qui lance une grande abattée pour se positionner sous le vent de la flotte, et vient lofer les Espagnols pour ne pas griller la ligne. Moins lancé mais bien placé, le F50 tricolore accélère et joue vite aux avant-postes. Les Danois, très à l’aise aussi dans ces conditions, prennent la tête d’une flotte très compacte. Les Français et les Espagnols semblent commencer à se chercher avec des chassés croisés très serrés. Puis les Bleus tentent de se faufiler entre la dernière marque au vent et les Britanniques pour leur prendre la deuxième place. La manœuvre est délicate et ce sera finalement une belle troisième place pour laquelle ils se seront bien battus.
Ce soir, il y a de quoi se réjouir dans le clan tricolore mais il ne faut pas s’emballer. Vivement demain pour le bouquet final !
Quentin Delapierre, pilote France SailGP Team : « On n’avait qu’une seule envie c’est de mettre de l’intention et de l’énergie dans le bateau. Pas naviguer pour le plan parfait mais naviguer pour s’en sortir quoi qu’il arrive. Je suis hyper fier de ce qu’a fait l’équipe aujourd’hui. Ce n’était pas du tout donné de faire une journée comme ça, même au milieu des manches, et on a fait des trucs que je nous ai rarement vus faire. Je trouve qu’on s’est battus comme des dingues et on n’a rien lâché comme si on la voulait plus que les autres. Maintenant il reste demain, mais fier d’avoir fait une belle journée comme ça.
On est rassurés sur le bateau parce qu’on n’a pas très bien dormi à vrai dire. Hier on a tapé un truc dans l’eau donc on n’a pas pu naviguer de la journée d'entraînement. Surtout ils nous ont changé un safran et on avait vraiment de très mauvaises sensations. Il s’est avéré qu’aujourd’hui c’était bien mieux, on a eu un super feeling donc on a retrouvé le sourire.
Demain, pour l’instant, on est virtuellement en finale et c’est une bonne chose. Il faudra vraiment avoir un oeil sur les Espagnols qui vont sûrement venir nous voir pour nous faire déjouer. À nous de bien contrôler ça et s’ils ne viennent pas, de faire exactement la même chose qu’on a fait aujourd’hui sur les départs, sans se mettre de pression ou quoi que ce soit. Juste en ayant envie de mettre de l’intention et de l’intensité à bord. »