
La Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) traverse une période de frustration malgré ce qui aurait dû être un moment de célébration. Depuis cet été, la célèbre institution française reçoit de nouveaux navires de sauvetage, les NSH1 (Navire de Sauvetage Hauturier de première classe), destinés à remplacer les canots tout temps (CTT) utilisés pour les interventions en haute mer. Ces nouveaux modèles, imposants par leur longueur de 17,5 mètres, se distinguent non seulement par leur performance en mer, mais aussi par un design revisité. Fini le vert et orange traditionnel, le célèbre designer français Philippe Starck a apporté une touche moderne avec un mélange de blanc, gris et orange.
Cependant, ces nouveaux navires, qui devraient renforcer la flotte de la SNSM, sont actuellement immobilisés en raison d'une série de normes européennes et de décisions administratives qui les empêchent de prendre la mer. Comme l'explique Jean-Marie Choisy, délégué départemental de la SNSM dans la Manche, ces obstacles sont principalement liés à deux points : des exigences antipollution et la position des radeaux de survie, comme le révélé nos confrères de Ouest France.
Des réglementations européennes inattenduesL'une des principales causes du blocage est l'imposition d'une norme antipollution européenne. "On nous demande d'ajouter un système qui pèse 800 kilos pour un coût de 150.000 euros", déplore Jean-Marie Choisy sur France Bleu Cotentin. Un ajout coûteux et lourd qui n’était pas prévu dans la conception initiale de ces navires. Selon lui, ces réglementations viennent compliquer la mission principale de la SNSM : sauver des vies en mer, parfois dans des conditions extrêmes.
Mais la norme antipollution n’est pas le seul problème. Une "cacophonie" entoure également la position des radeaux de survie sur ces navires. Jean-Marie Choisy explique que le chantier naval avait initialement reçu l’approbation des Affaires Maritimes pour leur positionnement. Cependant, une fois la construction terminée, un changement de décision a imposé de revoir complètement l’installation des radeaux de survie, forçant ainsi la SNSM à envisager des modifications coûteuses et retardant encore l’utilisation des bateaux. Face à cette situation, Jean-Marie Choisy se dit "atterré". "C'est totalement ubuesque", dénonce-t-il. Le fait que ces nouveaux navires, pourtant conçus pour répondre aux exigences les plus pointues de sauvetage en mer, soient aujourd'hui bloqués par des normes administratives semble incompréhensible. "Tout était validé, et au dernier moment, on nous impose de tout modifier."
La SNSM espère désormais obtenir une dérogation pour permettre à ses nouveaux navires de prendre la mer et ainsi accomplir leur mission essentielle : sauver des vies. Dans un contexte où chaque minute peut faire la différence lors des opérations de sauvetage, ces navires, actuellement bloqués à quai, symbolisent un véritable casse-tête administratif.
La situation actuelle freine la modernisation de la flotte de la SNSM, et avec elle, l’efficacité des interventions de sauvetage en haute mer. Reste à espérer que la situation se débloque rapidement pour permettre à ces bateaux de remplir leur noble mission.