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Revers pour les opposants à l'extraction minière sous-marine: la justice norvégienne a débouté jeudi WWF qui poursuivait l'État norvégien, accusé d'avoir voulu illégalement ouvrir une partie des fonds sous-marins du pays à la prospection.Cette décision de justice n'aura pas d'incidence immédiate puisque le gouvernement de centre-gauche a consenti à ne pas délivrer de permis d'exploration cette année, comme il le prévoyait initialement.La branche norvégienne de WWF avait traîné le ministère norvégien de l'Énergie en justice en novembre, lui reprochant de ne pas avoir procédé à des études d'impact suffisantes au regard de la loi avant d'ouvrir des fonds sous-marins à la prospection minière.Le tribunal d'Oslo a débouté l'ONG jeudi. Malgré les objections de scientifiques, d'ONG et d'autres États, la Norvège comptait attribuer ses premiers permis d'exploration minière sous-marine en 2025, ce qui aurait pu en faire l'un des premiers pays au monde à exploiter les fonds sous-marins.Mais en décembre, le gouvernement, minoritaire au Parlement, a renoncé à délivrer de tels permis cette année dans le cadre d'un accord conclu avec un petit parti allié pour faire adopter son budget. Ce n'est peut-être que partie remise: des élections législatives prévues en septembre pourraient changer la donne politique et remettre le sujet sur la table en 2026, de nombreux partis étant favorables à l'extraction minière en mer."Nous ne sommes pas d'accord avec le jugement. Nous allons maintenant examiner attentivement la justification du tribunal de district et évaluer si nous allons faire appel", a commenté la présidente de WWF Norvège, Karoline Andaur. "Le tribunal confond malheureusement ce qui relève d'une évaluation politique, où les politiciens doivent avoir une marge de manoeuvre assez libre, et la question que nous soulevons, à savoir les exigences en matière de connaissances", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Activité controverséeSelon de nombreuses ONG, l'ouverture des fonds sous-marins aux activités minières fait planer une menace supplémentaire sur un écosystème méconnu et déjà fragilisé par le réchauffement climatique. Parmi les possibles dangers, elles citent la destruction directe d'habitats et d'organismes des fonds marins, la pollution sonore et lumineuse, le risque de fuites chimiques provenant des machines ainsi que le déplacement accidentel d'espèces.Les autorités norvégiennes, elles, justifient le processus d'ouverture - réversible - par l'importance de ne pas dépendre de pays comme la Chine pour la fourniture en minéraux essentiels à la transition verte. La prospection, par étapes qui nécessiteront chacune le feu vert du Parlement, permettra de recueillir les connaissances qui font actuellement défaut, assure Oslo. "Le jugement confirme que la base de connaissances était suffisamment solide pour que le gouvernement, avec le soutien d'une large majorité au Parlement, puisse décider d'ouvrir ces zones à l'exploitation minière des fonds sous-marins", se sont félicité les représentants de l'État au procès. "Si ce jugement demeure, il y aura de nombreuses étapes avant une éventuelle extraction" de minéraux, ont ajouté les avocats Karen Mellingen et Asgeir Nygård dans un courriel à l'AFP.Selon la Direction norvégienne du plateau continental, les eaux du pays recèlent très probablement d'importants gisements de minéraux, comme le cuivre, le cobalt, le zinc et des terres rares.Des minéraux qui entrent dans la composition de batteries électriques, de turbines d'éoliennes, d'ordinateurs et de téléphones portables.La communauté internationale aborde une année 2025 cruciale qui pourrait dessiner l'avenir de l'extraction minière en haute mer, alors que l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM), basée en Jamaïque, négocie un "code minier". Celui-ci établira les futures règles d'exploitation des ressources du plancher océanique sous sa juridiction. Une trentaine de pays, dont la France, se sont déjà prononcés en faveur d'un moratoire sur cette activité.