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Ilias Roussos n'oubliera jamais le jour où il a été contraint de quitter Santorin, son île natale, comme des milliers d'autres habitants apeurés par un très grand nombre de séismes, un phénomène hors norme qui se poursuit depuis presque un mois. "Trois de mes enfants pleuraient, ma femme était sur les nerfs", confie à l'AFP ce père de quatre enfants, âgé de 54 ans.Depuis plus de deux semaines il vit dans un campement de colonie de vacances dans la banlieue balnéaire du nord-est d'Athènes avec des dizaines d'autres personnes qui ont fui Santorin. Haut-lieu touristique en Grèce, Santorin en mer Egée a été secouée par des milliers de tremblements de terre depuis janvier dont les plus forts étaient d'une magnitude entre 5 et 5,3.Les secousses telluriques se produisent au large de Santorin et des îles proches cycladiques, surtout Amorgos, Anafi et Ios.Mardi, un tremblement de terre d'une magnitude 5 a encore frappé la région. Si ni victimes ni dégâts n'ont été signalés, ces secousses ont toutefois perturbé le quotidien des habitants. Le premier week-end de février, l'activité sismique avait atteint un rythme si intense que même dormir devenait difficile. De nombreux habitants surtout des familles ont alors décidé de quitter l'île.Après avoir passé deux nuits dans sa voiture, Ilias Roussos a décidé de venir à Athènes le 1er février. "Nous sommes partis, que pouvais-je faire d'autre?", dit-il. En quelques jours, la plupart de près de 16.000 habitants de Santorin dont de nombreux travailleurs saisonniers ont abandonné l'île.Destination, soit leurs proches en Grèce continentale soit l'Albanie, pour certains travailleurs originaires du pays voisin.La région a été déclarée en état d'urgence et les écoles restent fermées depuis plus de deux semaines.En sécurité mais sans travailLa mairie d'Athènes a, dans la foulée, décidé d'héberger les personnes arrivées à Athènes dans une colonie de vacances à Agios Andreas à 30 km de la capitale.Environ 130 personnes y vivent déjà dont presque la moitié sont des enfants. "Ils sont tous plutôt de bonne humeur (...) ils se sentent en sécurité ici", assure la responsable du camp Christina Vasiliou. D'une capacité de quatre personnes, chaque maison du camp dispose d'un climatiseur pour le chauffage. Les résidents ont droit à trois repas par jour et un service de lave-linge est mis à leur disposition. Au café du camp, un petit groupe de jeunes est regroupé autour de tablettes et de téléphones portables. Certains suivent des cours scolaires à distance.Des activités sportives et de loisirs sont prévus pendant la journée. "Evidemment nous préférons rester à Athènes plutôt que de retourner à Santorin", dit Edri, 15 ans, avec un petit sourire. Mais les parents s'inquiètent. "C'est un peu difficile avec quatre enfants ici", confie Ilias Roussos. Actuellement au chômage, il n'exclut pas la possibilité de déménager en Géorgie, pays d'origine de sa femme.Ilir Cingerrima, 39 ans, peintre de bâtiment, originaire d'Albanie, déplore d'avoir déjà perdu des offres d'emploi à Santorin. L'année dernière, environ 3,4 millions de personnes avaient visité Santorin. "Si les écoles rouvrent, nous allons rentrer immédiatement", assure Ilir Cingerrima. Sa femme Arjana se dit "extrêmement heureuse". "Nous ne demandons pas grand-chose (...) au moins nous sommes à l'abri, au chaud", se réjouit-elle.20.000 tremblements de terreSelon l'université d'Athènes, environ 20.000 secousses ont été enregistrées depuis le 26 janvier dans la région de Santorin où l'activité sismique est historiquement fréquente.La région n'a pas connu de phénomène d'une telle ampleur depuis le début des relevés, en 1964, soulignent des experts.Santorini fait partie d'une spectaculaire caldeira volcanique. Deux volcans sous-marins proches de l'île, Nea Kameni et Kolumbo, sont entrés en éruption pour la dernière fois en 1950 et 1650 respectivement. Certains scientifiques ont mis en garde contre une possible accumulation de magma mais le comité national d'experts chargé de surveiller l'activité volcanique a minimisé le risque d'éruption.