
La conférence « Our Ocean » (OOC) a mobilisé 133 milliards de dollars de financement destinés à l’action pour les océans au cours de la dernière décennie, selon un nouveau rapport publié ce jour par le World Resources Institute (WRI) pour marquer le 10e anniversaire de la conférence.
Toutefois, le rapport souligne également l’urgence d’élargir les ambitions, en particulier à la lumière des objectifs mondiaux relatifs aux océans, notamment le Traité sur la haute mer et l’objectif 30 x 30, qui demande aux pays de protéger 30 % des terres et des eaux du monde d’ici 2030.
Depuis sa conférence inaugurale en 2014, l’OOC est devenue une plateforme de premier plan pour les États, les entreprises et la société civile pour prendre des engagements visant à promouvoir la conservation marine, les solutions climatiques basées sur les océans et les initiatives d’économie bleue durable.
L’analyse du WRI identifie plus de 2 600 engagements pris dans l’action pour les océans dans le cadre de la conférence au cours de la dernière décennie, d’une valeur globale d’environ 160 milliards de dollars. En janvier 2025, 133 milliards de dollars ont déjà été apportés ou sont en cours de mise en oeuvre (43 % des engagements étant réalisés avec succès, 38 % encore en cours et 18 % restant à commencer).
La majorité des engagements financiers, soit 86,8 milliards de dollars, ont été consacrés à des projets liés au climat océanique, allant de l’éolien offshore et du carbone bleu à l’expédition verte, avec 13 engagements liés au climat évalués à plus d’un milliard de dollars par unité, soulignant l’adoption croissante de l’idée selon laquelle les actions pour l’océan peuvent soutenir les réductions des émissions de dioxyde de carbone tout en garantissant également la conservation marine.
Pour atteindre l’ODD 14 des Nations unies (la vie aquatique), on estime que 175 milliards de dollars par an sont nécessaires à la conservation des océans, tandis que l’objectif global de financement climatique mondial est de 1,3 millier de milliards de dollars par an. Alors que les dirigeants mondiaux se préparent à la COP30 en novembre, l’intégration de solutions basées sur les océans dans le programme mondial de financement climatique est cruciale pour atteindre les objectifs ambitieux.
L’OOC a été particulièrement efficace pour attirer un soutien envers les aires marines protégées (AMP), un outil essentiel de la conservation des océans à une époque où les systèmes marins sont confrontés à une pression sans précédent provenant de la surpêche, de la pollution et du réchauffement des eaux. 42 % de toutes les AMP mises en oeuvre dans le monde peuvent être reliées à des annonces effectuées dans le cadre de l’OOC, couvrant un total de 8,5 millions de kilomètres carrés, une surface correspondant approximativement à la taille du Brésil, selon une étude indépendante de l’Université d’État de l’Oregon.
Ces engagements volontaires revêtent une importance renouvelée au cours de cette année critique pour les océans, contribuant à la concrétisation des récents traités de référence et des objectifs mondiaux pour les océans. Le Traité sur la haute mer (BBNJ) et le Cadre mondial de biodiversité de Kunming-Montréal exigent tous deux une protection sans précédent des océans, y compris l’objectif « 30 x 30 » visant à protéger 30 % des océans du monde d’ici 2030. Jusqu’à présent, seuls 21 pays ont ratifié le Traité sur la haute mer. On estime que 60 nouveaux pays pourront être atteints par la Conférence des Nations unies sur l’océan au mois de juin afin de lui permettre d’entrer en vigueur.
« La 10e conférence « Our Ocean » encouragera la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour faire face à la crise à laquelle nos océans sont confrontés sous le slogan « Our Ocean, Our Action ». La conférence se concentrera principalement sur les réalisations et les réussites des 10 dernières années, tout en établissant également l’orientation future de la coopération internationale pour la prochaine décennie. Il s’agit d’un moment important pour la coopération internationale, apportant une base fondamentale à nos efforts collectifs tendant vers un avenir partagé », a déclaré Do-hyung Kang, ministre des Océans et de la Pêche de la République de Corée.
Nos recherches démontrent que la conférence « Our Ocean » est une plateforme de premier plan pour mobiliser les financements et les actions vitales pour les océans. Cependant, une ambition mondiale élargie est nécessaire pour relever les défis urgents. Nous savons, par exemple, que les solutions océaniques facilement disponibles peuvent fournir jusqu’à 35 % des réductions annuelles des émissions de gaz à effet de serre nécessaires d’ici 2050 pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C. Il est temps de comprendre le potentiel des océans ». Dr Tom Pickerell, directeur mondial du programme océanique du WRI.
«De l’écotourisme aux expéditions écologiques, en passant par les énergies renouvelables, un développement durable dynamique et des océans en bonne santé peuvent aller de pair. La conférence « Our Ocean » est un artisan important de cette vision et j’espère qu’elle inspirera les parties prenantes publiques et privées à s’impliquer davantage dans le monde entier. » Dr Dionysia-Theodora Avgerinopoulou, envoyée spéciale du Premier ministre grec pour les océans, membre du Parlement hellénique, coordinatrice de la Conférence « Our Ocean » 2024.
Le rapport d’avancement du WRI comprend une série de recommandations visant à améliorer les résultats futurs de l’OOC, notamment :
o Combler activement les lacunes géographiques et politiques dans les engagements de l’OOC afin d’augmenter l’inclusion et de mobiliser l’engagement en Afrique, en Amérique latine et en Asie du Sud.
o Renforcer les partenariats avec les États tout en élargissant l’engagement avec le secteur privé, les universités, les organisations intergouvernementales, les communautés locales et les groupes sous-représentés.
o Améliorer la plateforme en ligne de l’OOC pour améliorer la qualité, la cohérence et la transparence des données.
o Approfondir l’analyse thématique des engagements, notamment des analyses, des évaluations régulières des avancées et étudier les obstacles et des solutions de mise en oeuvre.
o Augmenter la coordination entre l’OOC et d’autres forums multilatéraux, notamment la Conférence des Nations unies sur l’océan, afin de traiter le risque de duplication entre les plateformes d’engagement volontaire et de stimuler l’ambition océanique mondiale.
o Étudier les possibilités de fournir aux organisations un soutien plus concret de mise en oeuvre de leurs engagements en partageant des connaissances internes et en établissant des partenariats extérieurs.