
Ce matin, les premiers équipages de la Course des Caps - Boulogne-sur-Mer - Banque Populaire du Nord, emmenés par MACIF Santé Prévoyance de Sam Goodchild, toujours en tête, ont fait leur retour en Manche après avoir franchi le détroit du Pas de Calais. Ils évoluent désormais dans un étroit couloir entre le DST Calais et les côtes anglaises, enchaînant sans relâche les virements de bord pour progresser vers la pointe nord-ouest de la zone interdite. Une fois ce passage délicat franchi, il leur restera un dernier bord rapide au portant pour foncer vers Boulogne-sur-Mer, où les leaders sont attendus sur la ligne d’arrivée entre 12h30 et 14h30. Derrière eux, de nombreux équipages naviguent encore en mer du Nord, confrontés à une navigation exigeante. Dans ce secteur, bancs de sable, champs d’éoliennes, pointes exposées et zones interdites compliquent la progression et réclament une attention de chaque instant. Une fois ces pièges déjoués, ils pourront à leur tour entamer la dernière portion menant à Boulogne-sur-Mer.
Les écarts se resserrent : le suspense relancé
Comme attendu, le schéma météo en mer du Nord a provoqué un net resserrement de la flotte de la Course des Caps - Boulogne-sur-Mer - Banque Populaire du Nord, relançant l’intensité de la régate à tous les niveaux. En tête, l’équipage de MACIF Santé Prévoyance, mené par Sam Goodchild, conserve une avance d’une vingtaine de milles. Mais derrière, la bataille est féroce : Association Petits Princes - Quéguiner d’Elodie Bonafous et Holcim - PRB de Nicolas Lunven se livrent un mano à mano intense et ne font presque qu’un sur la cartographie. Plus en retrait, Malizia - Seaexplorer (Will Harris) voit Charal (Jérémie Beyou) revenir fort après un bord de reaching efficace. « Le vent nous a donné une belle opportunité de revenir. Mais ce n’est pas facile : il y a plein de dévents, du courant, des bancs de sable... c’est très technique ! »,confiait le triple vainqueur de la Solitaire du Figaro, 4? du dernier Vendée Globe, soulignant la difficulté d’évoluer dans ce secteur exigeant, où le resserrement des positions n’est pas uniquement le fruitdu vent instable, mais aussi la conséquence d’un parcours piégeux, jalonné de bancs de sable, de champs d’éoliennes, de plates-formes pétrolières et de zones interdites. Comme le rappelle Tom Dolan : « Il faut vraiment rester vigilant quand on déboule là-dedans, surtout, comme en ce moment, le vent est très instable, assez chaotique. Mais il faut plutôt voir ça comme une opportunité, car si la situation n’est pas simple, elle ne l’est pas non plus pour les premiers : tout peut arriver, et ça peut peut-être nous permettre de revenir. » Alors que chacun joue sa carte dans ce passage décisif, la tension monte encore d’un cran.
Un final sous haute tension
Cela va se vérifier encore davantage dans l’ultime tronçon vers Boulogne-sur-Mer où les marins vont devoir multiplier les virements de bord dans un véritable zigzag infernal, coincés entre le DST de Calais et les côtes anglaises. « On va devoir réaliser une trentaine de manœuvres. Ça promet d’être compliqué : on a la côte d’un côté, le DST de l’autre. Si on se rate, on finit soit sur la plage, soit dans la zone interdite. Il faudra vraiment être précis », prévient Jérémie Beyou, conscient du risque de perdre beaucoup de temps et des places précieuses dans cette portion aussi technique que physique. Cette ultime section, longue d’une centaine de milles, s’annonce éreintante pour des équipages déjà éprouvés par plusieurs jours de navigation intense. Mais tous savent que le salut viendra ensuite : un dernier bord rapide au portant, dans une trentaine de nœuds de vent, pour foncer vers la ligne d’arrivée. Sam Davies, skipper d’Initiatives Cœur, résume parfaitement l’état d’esprit à bord : « On a quand même deux petites 'carottes’ pour rester à fond et tout donner : le petit bord de portant dans du vent soutenu pour finir en beauté, et la bière à l’arrivée ! » Selon les derniers routages, les premiers bateaux sont attendus entre 12h30 et 14h30 ce samedi, et les arrivées devraient ensuite s’enchaîner jusqu’au cœur de la nuit, à l’exception de New Europe, attendu seulement lundi matin à Boulogne-sur-Mer. La fin de cette Course des Caps s’annonce palpitante, à l’image de l’ensemble du parcours : fou, imprévisible et d’une intensité hors norme.