
Alors que la région la plus touristique du Pakistan a annoncé bannir pour cinq ans la construction d'hôtels autour de plusieurs lacs célèbres, gérants et habitants du Gilgit-Baltistan se félicitent vendredi de cette décision.
Visitée chaque année par près d'un million de touristes, la région montagneuse dans le nord du pays est réputée pour ses vallées luxuriantes, ses lacs cristallins et ses glaciers majestueux, dont le deuxième plus haut sommet du monde.
Mais ces dernières années, le nombre de chantiers menés principalement par des entreprises extérieures à la région y a explosé, poussant les autorités à interdire en début de semaine pour cinq ans la construction et l'expansion d'hôtels autour de trois lacs de la vallée de Hunza. "Si nous laissons construire des hôtels au rythme actuel, nous aurons bientôt affaire à une forêt de béton", a commenté vendredi auprès de l'AFP Khadim Hussain, de l'Autorité de protection environnementale de la province. "Or, les touristes ne viennent pas pour voir du ciment, mais pour admirer les beautés naturelles", a-t-il ajouté, assurant que "l'objectif de ce ban est aussi de garantir le traitement des déchets et (le respect) d'autres normes environnementales".
Le mois dernier, un touriste étranger avait publié une vidéo rapidement devenue virale sur Instagram, affirmant qu'un hôtel déversait ses eaux usées dans le lac Attabad, utilisé pour répondre aux besoins en eau douce, rare, de la ville de Hunza.
Le lendemain, les autorités avaient imposé à l'établissement une amende de 4.500 euros, mais les réactions indignées avaient continué et jeté la lumière sur les constructions effrénées autour de sites naturels et leurs conséquences. "La protection de l'environnement et des sites naturels est la responsabilité de chacun", salue Shah Nawaz, gérant d'un hôtel et habitant de la vallée de Hunza.
Asif Sakhi, militant politique et habitant de la vallée de Hunza abonde: "nous avons remarqué des changements rapides à cause du tourisme", assure-t-il, pointant que "ces complexes touristiques" détruisent lacs et rivières car ils ne respectent pas les normes environnementales".
Avec désormais 15 vols par semaine depuis les autres villes du Pakistan, et même des vols directs depuis Dubaï, le nombre de touristes a explosé au Gilgit-Baltistan.
Ce tourisme contribue à accentuer la crise énergétique dans laquelle est englué le cinquième pays le plus peuplé du monde, entre problèmes de financement, gestion erratique, croissance démographique et impact du changement climatique.