Sel rose de l’Himalaya : mythe marketing ou véritable trésor minéral ? 4/9

Culture nautique
Par Figaronautisme.com

C’est le roi des sels tendance : cristaux rose saumon, packaging soigné, promesses de pureté minérale et de bienfaits pour le corps. Pourtant, sous cette couche de glamour salin se cache une histoire bien plus brute, profondément ancrée au Pakistan. De la mine à nos assiettes, voici tout ce que vous avez (vraiment) besoin de savoir sur ce sel aux multiples facettes.

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C’est le roi des sels tendance : cristaux rose saumon, packaging soigné, promesses de pureté minérale et de bienfaits pour le corps. Pourtant, sous cette couche de glamour salin se cache une histoire bien plus brute, profondément ancrée au Pakistan. De la mine à nos assiettes, voici tout ce que vous avez (vraiment) besoin de savoir sur ce sel aux multiples facettes.

Un sel préhistorique… mais pas vraiment himalayen
Contrairement à ce que son nom laisse croire, le sel rose de l’Himalaya ne provient pas directement des flancs enneigés de l’imposante chaîne de montagnes, il vient en réalité de Khewra, une ville pakistanaise située à environ 300 kilomètres au sud de la chaîne himalayenne. Là se trouvent des gisements de sel gemme vieux de 250 à 300 millions d’années, témoins d’une mer disparue bien avant les dinosaures.
La mine de Khewra, parfois surnommée “la cathédrale de sel”, est un site titanesque : plus de 40 kilomètres de galeries souterraines, avec des salles sculptées, un hôpital troglodyte, un petit train minier, une mosquée faite de blocs de sel translucides, des bassins et des ponts. Elle est la deuxième plus grande mine de sel au monde (après celle de Goderich au Canada) et constitue un vrai centre touristique, avec plus de 250 000 visiteurs par an que l'on peut visiter : l’entrée coûte moins de 2 €, et il existe même un hôtel troglodyte à l’intérieur pour les curieux en quête d’immersion salée.

Entre légendes et réalités : qu’a-t-il de si spécial ?
Le mythe commence souvent ici : “il contient 84 minéraux essentiels”. C’est vrai… mais très exagéré. Les oligo-éléments comme le magnésium, le potassium ou le fer sont présents, mais à des niveaux si faibles qu’ils n’ont aucun effet mesurable sur la santé dans le cadre d’une consommation normale. Le goût, lui, est parfois perçu comme un peu plus doux, moins amer que celui du sel raffiné, mais là encore, c’est subtil et subjectif.
Cela ne veut pas dire qu’il est inutile : non raffiné, sans additifs, non blanchi, le sel rose peut séduire justement par ce qu’il ne contient pas, en opposition au sel industriel enrichi d’anti-agglomérants. Il se distingue aussi par sa texture et sa couleur, bien sûr : allant du rose très pâle au rouge-orangé selon la teneur en oxydes de fer.
On l’utilise aussi bien en cuisine (gros cristaux, moulins, plaques de cuisson) qu’en bien-être (lampes, bains, inhalateurs…). Sur ce dernier point, attention à l’emballement : aucune étude scientifique sérieuse ne confirme ses bienfaits thérapeutiques, qu’il s’agisse de sommeil, d’asthme ou de “purification de l’air”. Ces effets relèvent souvent du placebo ou de l’ambiance zen que procure son apparence.

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Le goût du sel… et de l’or
Le sel rose est un produit exporté dans le monde entier, souvent vendu 50 à 100 fois son prix d’achat au Pakistan. Le pays produit plus de 400 000 tonnes de sel gemme par an, dont une bonne partie est rose, et l’export repose presque exclusivement sur Khewra et quelques mines voisines. Sur place, un kilo coûte moins de 20 centimes. Mais une fois conditionné et distribué dans les épiceries fines d’Europe ou des États-Unis, il peut atteindre 15 à 30 € le kilo, selon le packaging, l’origine certifiée et le discours marketing.
Certaines entreprises occidentales ont même tenté d’obtenir l’exclusivité d’exploitation ou de distribution de blocs entiers de sel rose, provoquant un débat au Pakistan sur la nécessité de reprendre le contrôle économique de cette ressource nationale.
Ce sel est donc aussi un symbole : celui d’un artisanat ancien devenu produit de luxe mondialisé, au carrefour entre tradition, géopolitique et marketing.

Où en trouver ?
Le sel rose se trouve désormais un peu partout, mais tous les produits ne se valent pas. Certains sont de simple sel de Chine teinté (oui, ça existe). Pour éviter les arnaques, voici quelques adresses sûres et testées :
À Paris :
• Velan (quartier indien, Passage Brady) : bon choix de sels et épices d’import direct, souvent à bon prix.
• Le Comptoir Colonial (rue Lepic) : version haut de gamme, conditionnement raffiné.
• Terre Exotique (disponible chez Lafayette Gourmet ou La Grande Épicerie) : belles sélections, traçabilité soignée.
En ligne :
• Épices Shira : boutique sérieuse, gros et petit conditionnement, livraison rapide.
• Épices du Monde : large gamme, y compris plaques à cuire en sel rose.
• Pakmarket.fr : directement importé du Pakistan, conditionnement simple mais efficace.
Tarifs indicatifs :
• Moulin de 100 g : entre 3 et 7 €
• Sachet d’1 kg en vrac : 4 à 10 €
• Bloc de cuisson : de 20 à 60 € selon la taille
• Lampe décorative : entre 25 et 80 €

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Le sel rose dans tous ses états : insolite, arty et gastronomique
Pour les curieux et les passionnés, le sel rose de l’Himalaya réserve aussi son lot d’anecdotes étonnantes. Le Pakistan a notamment édité une série spéciale de timbres à l’effigie de la mine de Khewra, symbole national et fierté minérale. Un musée du sel y a même vu le jour, avec des reconstitutions miniatures des anciennes galeries. Et l’expérience peut devenir immersive : on peut passer la nuit dans un hôtel troglodyte, ou séjourner dans un centre de soins souterrain à 300 mètres de profondeur, conçu pour soulager les pathologies respiratoires. Côté objets, le sel rose inspire les artisans locaux qui sculptent des statues, cendriers ou mortiers dans ces blocs naturellement colorés. Les lampes les plus efficaces restent celles taillées dans un bloc brut, sans LED intégrée. Enfin, en cuisine, certaines tables étoilées utilisent des plaques entières de sel rose comme surface de cuisson, parfaites pour des gambas snackées, des sashimis ou même pour tempérer du chocolat. Un cristal à la fois décoratif, fonctionnel et… plein de surprises.

Le sel rose de l’Himalaya est un vrai produit du terroir… pakistanais. Il séduit par sa beauté brute, sa pureté relative et sa polyvalence en cuisine ou en déco. C’est un produit authentique, ancien, parfois victime de son succès, mais qui continue de faire rêver. Un mythe ? Oui, un peu. Un trésor ? Peut-être. Mais un phénomène culturel et économique, sans aucun doute.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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