
Une pratique tolérée, mais sous haute surveillance
En France, la pêche de la langouste est autorisée pour les particuliers dans le cadre d’une pêche de loisir, à condition qu’elle soit pratiquée sans but lucratif et avec des méthodes précises. Elle doit rester strictement non commerciale : toute revente est illégale.
Les techniques autorisées sont très limitées. Seules la pêche à la main (en plongée libre uniquement, sans bouteille) et la pose de casiers sont admises. En revanche, la pêche sous-marine à l’aide d’un harpon ou d’un crochet est strictement interdite, y compris si l’on attrape la langouste à la main lors d’une chasse sous-marine. Cette interdiction vise à protéger les populations, particulièrement sensibles à la surexploitation, et à éviter les prélèvements dans des zones difficiles à contrôler.
Deux espèces principales sont concernées :
o La langouste rouge (Palinurus elephas), fréquente dans les eaux métropolitaines (Méditerranée, golfe de Gascogne, Bretagne sud).
o La langouste blanche (Panulirus argus), présente surtout dans les départements d’outre-mer, notamment aux Antilles.
Des tailles minimales à ne jamais négliger
Pour permettre aux individus de se reproduire au moins une fois dans leur vie, la législation impose une taille minimale de capture, mesurée non pas en longueur totale mais en longueur de céphalothorax (du bord de l’oeil jusqu’à l’extrémité arrière de la carapace, excluant la queue).
o En métropole, la langouste rouge ne peut être capturée que si son céphalothorax mesure au moins 110 mm, ce qui correspond à environ 23 à 25 cm de longueur totale.
o Aux Antilles, cette taille minimale pour la langouste blanche est généralement fixée à 95 mm, bien que certains territoires puissent imposer un seuil plus élevé.
Ce critère est non négociable. En cas de contrôle, la présence d’individus trop petits peut entraîner une saisie immédiate, voire des poursuites. L'amende peut grimper jusqu’à 22 500 euros, avec confiscation du matériel.

Des périodes d’interdiction strictes
Autre élément central : la période de repos biologique, instaurée pour laisser aux langoustes le temps de se reproduire. Pendant ces mois, toute pêche est interdite, y compris la pêche amateur. Ces périodes sont fixées par arrêtés préfectoraux et varient selon les zones.
Voici quelques exemples :
o En Méditerranée française, la pêche de la langouste est interdite du 1er janvier au 31 mars.
o En Guadeloupe, elle est interdite du 1er avril au 31 août.
o En Martinique, elle est interdite du 1er avril au 30 septembre.
Ces périodes peuvent évoluer chaque année, et certaines zones maritimes spécifiques peuvent même être interdites en permanence à la pêche (réserves marines, sites Natura 2000, etc.).
Des quantités limitées pour les plaisanciers
La pêche de loisir est soumise à une autre limite : le nombre de langoustes que l’on peut capturer par jour. Ces quantités sont généralement plafonnées par arrêté préfectoral ou régional. Là encore, les règles varient selon les départements et la pression de pêche locale.
Par exemple, en Guadeloupe :
o Il est autorisé de capturer jusqu’à 3 langoustes par jour et par pêcheur, dans une limite de 12 par bateau, quel que soit le nombre de personnes à bord.
Dans d’autres régions, ces chiffres peuvent être plus bas. Il est donc indispensable de se renseigner auprès des directions de la mer (DM ou DEAL), ou de consulter les arrêtés publiés en ligne sur les sites des préfectures maritimes.
Autre règle importante : les oeufs sont sacrés. Toute langouste portant des oeufs (visibles sous la queue) doit être remise à l’eau immédiatement, et il est strictement interdit de les capturer ou de les conserver, sous peine de sanctions.

Les bons réflexes avant de se lancer
Pêcher la langouste en amateur demande donc bien plus qu’un masque et un seau. Avant de vous équiper, prenez le temps de :
o Vérifier les règles locales en vigueur dans la zone où vous comptez pêcher (arrêtés préfectoraux ou municipaux).
o Mesurer précisément vos captures et relâcher toute langouste en dessous de la taille minimale légale.
o Respecter les dates de fermeture, qui protègent les stocks pendant la reproduction.
o Ne pas dépasser les quotas de captures autorisés.
o Libérer immédiatement toute langouste porteuse d’oeufs.
Enfin, sachez que les agents des Affaires maritimes, de la gendarmerie maritime ou de l’Office français de la biodiversité peuvent effectuer des contrôles à tout moment, à quai, en mer, voire sur la route du retour.
Pêcher une langouste soi-même, c’est possible, mais ce n’est pas une activité improvisée. Entre les périodes d’interdiction, les tailles minimales, les quotas et les zones protégées, mieux vaut être parfaitement informé pour éviter l’illégalité. Loin d’être un simple loisir estival, cette pêche exige une réelle rigueur, à la hauteur de la rareté de la langouste. C’est aussi une manière de contribuer, à son échelle, à la préservation d’un patrimoine marin en danger dans de nombreuses régions du globe.
Et avant de partir pêcher, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.