Transat Paprec : bientôt l’heure des grandes manœuvres ?
Il n’y a pas que la nuit de lundi à mardi qui a été tonique. La journée d’hier l’a été aussi. « On est en mode grand bulldozer, ce n’est pas fini d’être la guerre », sourit Charlotte Yven (Macif). « C’est ambiance wingsuits ! On est habillé et on a froid comme en hiver », poursuit Lola Billy (Région Bretagne CMB Océane) qui dit « n’avoir jamais fait du portant dans autant de vent ». « La mer est démontée » notait Thomas de Dinechin (Almond for Pure Ocean) dans l’après-midi alors que de nombreuses vidéos montraient les bateaux ballottés par les flots
Les soucis se sont multipliés : des spis endommagés pour Jules Ducelier et Sophie Faguet (Région Normandie) qui ont abandonné, des problèmes d’aériens qui ont obligé Catherine Hunt (Selencia Cerfrance) à monter au mât. « On est fatigués, on n’a pas dormi depuis hier, expliquait son co-skipper, Maël Garnier. C’était compliqué et dangereux mais normalement c’est résolu ».
« La décision la plus importante de la course »
Dans le même temps, tous devaient opérer un choix stratégique déterminant pour la suite et pas si facile à prendre. « La situation est complexe sur la deuxième moitié de la traversée, explique Laure Galley (DMG MORI Academy). On se creuse la tête pour la comprendre et trouver la meilleure route. À un moment, il faudra qu’on s’engage dans une voie ou dans une autre ». Romain Bouillard (Décrochons la lune) décrypte : « on essaie de savoir s’il faut passer au Nord, au Sud, au milieu... C’est vraiment particulier parce que c’est la décision la plus importante de la course »
Ce mercredi matin, Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois), Cap St Barth (Cindy Brin et Thomas André) pointent leur étrave au Nord, Demain (Martin Le Pape et Mathilde Géron) ou encore Les Étoiles Filantes (Quentin Vlamynck et Audrey Ogereau) filent au Sud. Et Skipper Macif (Charlotte Yven et Hugo Dhallenne), longtemps au Nord, a empanné vers le Sud... Que doit-on en conclure ?
« Que la situation est complexe parce que la météo est toujours aussi incertaine dans les jours à venir, souligne Yann Chateau. Ce n’est pas facile de savoir si l’heure des grandes options a débuté ou si on est toujours dans une phase d’observation ».
En revanche, dès hier soir, on a assisté aux premiers empannages vers le Sud. C’est le cas chez Solan Ocean Racing (Maggie Adamson et Calanach Finlayson), Adrien Simon et Chloé Le Bars (FAUN), Victor Le Pape et Estelle Greck (Région Bretagne CMB Espoir) ou encore Romain Bouillard et Irina Gracheva (Décrochons la lune). Mais ce ne sont pas forcément des options définitives puisque tous se sont recalés ensuite. « La plupart essaie de temporiser au maximum, de repousser la prise de décision puisque rien n’est clair », abonde Yann Chateau.
Cette phase de recalage s’explique surtout parce que le vent est légèrement plus fort dans le Sud. Les concurrents devraient continuer à progresser ainsi dans 15 à 18 noeuds de vent ce mercredi. Et Yann Chateau prévient : « les grandes manoeuvres devraient intervenir un peu plus tard, au fil de cette journée ! »
DES NOUVELLES DE LA FLOTTE
Les conditions particulièrement toniques de ces dernières heures rappellent que les marins de la Transat Paprec sont de sacrés compétiteurs. Car il convient de tenir malgré la violence des éléments, la fatigue et la répétition des efforts. Après les pointes les plus virulentes, ce n’est pas fini pour autant : il faut parfois éponger dans le bateau comme Hugo Cardon (Humains en action) ou réussir à dormir dans son ciré parce que le matelas est rempli d’eau comme Pier-Paolo Dean (BANQUES ALIMENTAIRES). « Je vais vous montrer nos petits lits dignes du Ritz », s’amuse le bizuth. Audrey Ogereau a tenté d’apporter une crème au chocolat à Quentin Vlamynck (Les Étoiles Filantes), ce qui s’est avéré très périlleux avec les mouvements du bateau. Ils ont tous les deux gardé le sourire pour autant, comme l’ensemble des concurrents qui filent au coeur de l’Atlantique.
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