Baie de Girolata : escale sauvage et inoubliable au cœur de la Corse maritime

Un site classé, entre isolement et splendeur
La baie de Girolata fait partie intégrante du Parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO avec la réserve de Scandola voisine, elle représente l’un des derniers havres sauvages de la Méditerranée. Aucun accès routier, aucun bétonnage, aucun développement touristique anarchique : le lieu est resté tel qu’il était il y a plusieurs décennies, avec ses deux plages, ses versants abrupts tapissés de maquis, et ce petit hameau qui semble posé là pour défier le temps.
En approchant par la mer, on longe une côte fascinante, sculptée par les éléments. Roches rouges, criques secrètes, surplombs vertigineux : chaque mille est un tableau mouvant. Puis l’on devine les contours de la baie, sa plage principale, ses quelques maisons au toit de tuile, et le fortin génois qui domine le tout, vestige du XVIe siècle.
Une escale sous surveillance, mais de qualité
Pour préserver ce décor fragile, l’ancrage est interdit dans la zone principale durant la saison estivale. Des coffres écologiques sont mis en place de mai à septembre, gérés par un opérateur local. Le mouillage y est bien organisé, avec une équipe présente sur l’eau pour aider à l’amarrage et garantir le respect des règles environnementales. L’accueil est souvent salué pour sa convivialité et son efficacité, dans un lieu où rien n’est laissé au hasard.
Avant d’entrer dans la zone, il est impératif de se signaler sur le canal VHF 9 ou d’attendre l’approche d’un agent du port à bord de son canot pneumatique. L’accès se fait uniquement sur autorisation, sans franchir les bouées jaunes d’entrée. Un mouillage d’attente est prévu devant ces bouées : les plaisanciers doivent s’y positionner, bouts préparés à tribord, en attendant que le personnel du port vienne installer les amarres avant et arrière. L’ensemble du plan d’eau dispose de 85 places : 41 pour les unités de moins de 12 mètres, 39 pour les bateaux de 12 à 20 mètres, et 5 pour les navires allant jusqu’à 30 mètres. Les profondeurs varient de 1,4 à 7 mètres selon les zones.
Toutes les informations détaillées sont disponibles sur la fiche du port de Girolata.
Une vie simple à terre
À terre, Girolata est un monde en soi. Quelques maisons habitées à l’année, une poignée de restaurants saisonniers, une atmosphère de bout du monde rythmée par les ânes, les randonneurs, et les plaisanciers de passage. Pas de voitures, pas d’éclairage public, pas de superflu. L’électricité arrive en partie par panneaux solaires, et les services sont réduits à l’essentiel, ce qui fait aussi le charme du lieu.
Un petit chemin permet de rejoindre à pied la plage de Tuara ou de prendre de la hauteur pour admirer la baie depuis les hauteurs. À ceux qui prennent le temps, Girolata offre de belles rencontres, un rythme suspendu et une sensation rare de liberté.
Un paradis pour les marins et les naturalistes
Naviguer dans cette zone, c’est aussi explorer l’une des plus belles façades maritimes de Méditerranée. À l’ouest, la réserve de Scandola déploie ses falaises basaltiques, ses grottes marines et ses promontoires sculptés par l’érosion. Classée zone de protection intégrale, elle ne se visite que depuis la mer, et sans mouillage ni débarquement autorisés. De nombreux plaisanciers préfèrent faire une boucle autour de la réserve tôt le matin, lorsque la lumière révèle toutes les nuances de la roche.
Sous l’eau, la richesse est tout aussi spectaculaire : mérous, murènes, dentis, herbiers, coralligène... Les spots de snorkeling ou de plongée autour de Scandola et de Girolata sont parmi les plus riches de l’île. Les fonds sont très clairs et les contrastes de couleurs, saisissants. L’accès restreint contribue à préserver cette biodiversité remarquable.
Une escale à préparer
Naviguer jusqu’à Girolata suppose un minimum de préparation. Le golfe de Porto, dont elle fait partie, est exposé à des vents parfois forts, notamment le libeccio. Le mouillage, bien qu’abrité dans la baie, peut devenir inconfortable si les conditions changent brusquement. Mieux vaut consulter les prévisions météo et anticiper une arrivée en journée.
L’affluence peut aussi être importante en juillet et août. Il est alors vivement recommandé de réserver un coffre à l’avance, via l’organisme en charge. Hors saison, en revanche, l’endroit retrouve son caractère sauvage, presque désert. Le printemps et l’automne sont les meilleurs moments pour y faire escale, avec des lumières douces et des températures idéales.
Girolata n’est pas une escale anodine. Elle ne se visite pas comme une simple crique de passage. Elle s’impose, se mérite, et souvent, elle se grave. De ce mouillage suspendu entre ciel, mer et montagne, beaucoup repartent avec une sensation rare : celle d’avoir touché quelque chose d’intact. Un fragment de Méditerranée encore libre, encore vivant, et profondément beau.
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