Tenue correcte exigée : les maires veulent remettre de l’ordre sur le littoral

Au cœur de la saison estivale, les rues piétonnes des stations balnéaires bruissent de serviettes humides, de peaux salées et de maillots qui n’ont pas toujours quitté la plage. Mais dans certaines communes, cette désinvolture assumée a fini par agacer. Aux Sables-d’Olonne, le maire Yannick Moreau a pris la parole, appelant avec fermeté - et une pointe d’ironie - les vacanciers à faire preuve de retenue : « Un peu de tenue, s’il vous plaît ! »

Ce rappel, relayé sur les réseaux sociaux et repris dans la presse nationale, vise ces estivants qui circulent en centre-ville vêtus d’un simple slip de bain ou torse nu, comme s’il n’existait plus de distinction entre le sable chaud et le bitume du marché. Le propos ne relève pas du caprice : il s’inscrit dans une volonté plus large de préserver l’image et l’atmosphère des stations, là où se rencontrent habitants à l’année, commerçants et vacanciers de passage.

La démarche n’est pas isolée. Dès l’été 2022, Arcachon avait affiché des panneaux explicites sur ses artères principales : « En ville, je m’habille ». La campagne municipale, relayée sur Facebook, rappelait que la liberté estivale ne devait pas effacer les règles implicites du vivre-ensemble. Tenues correctes exigées, donc, pour préserver le charme et la convivialité d’une ville qui ne se résume pas à sa plage.

Cette démarche s’inscrit dans un mouvement plus large : celui de villes littorales qui, sans renier l’accueil chaleureux qu’elles offrent chaque été à des milliers de visiteurs, réaffirment qu’un port, une promenade, un marché de bord de mer sont aussi des espaces partagés, où le bon goût, la tenue - au propre comme au figuré - sont les garants d’un vivre-ensemble apaisé: "accueillir, oui, mais pas à n’importe quel prix."

C’est en cela que l’interpellation sablaise dépasse le simple clin d’œil vestimentaire. Elle devient un manifeste discret pour un tourisme respectueux, pour un été qui n’oublie ni la beauté du lieu ni la dignité de ceux qui l’habitent. Car si les vacances sont, à juste titre, synonymes de relâchement, elles n’ont pas à rimer avec relâchement de tout.

Alors, faut-il réinstaurer le port du canotier et du foulard noué en terrasse ? Non, bien-sûr. Mais rappeler qu’on peut être léger sans être négligé, décontracté sans être exhibitionniste, libre sans être impoli, cela ne semble pas superflu. C’est peut-être même la plus belle preuve d’élégance que l’on puisse offrir à ces villes côtières qui nous accueillent chaque été, et qui aspirent à rester aussi charmantes que leurs cartes postales.

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