Journal de bord – 23 mai 2025 : Cap Corse, quand le lieu le plus venté de France retient son souffle

Étape du jour : Capraia - Saint-Florent
Départ : Île de Capraia (Italie)
Arrivée : Saint-Florent (Haute-Corse)
Distance parcourue : 45 milles nautiques
Durée de navigation : 8 heures
Prévisions vs réalité : un nord modéré... et un ouest discret
Selon les modèles (METEO CONSULT, AROME, ICON), un vent de nord faible à modéré (5 à 10 noeuds) était attendu tout au long du trajet, avec un affaiblissement à l’approche du Cap Corse.
Sur l’eau, la situation se révèle légèrement différente :
- Le vent est plus soutenu que prévu, autour de 15 noeuds
- Et légèrement plus ouest que nord, ce qui permet de progresser efficacement au près
La mer, en revanche, garde le souvenir de la veille : un coup de vent à 45 noeuds qui a secoué la pointe nord de l’île laisse derrière lui une houle résiduelle d’ouest d’environ 1 mètre, bien présente malgré l’accalmie.
Stratégie et improvisation : code 0 et plan B
Dès la sortie du port, mer moutonneuse et prudence de rigueur : un ris est pris, la trinquette déployée. Le voilier avance à 8 noeuds pour contourner Capraia par le nord.
Dans le bord vers le Cap Corse, le vent s’oriente nord-ouest. C’est là que Gilles, notre skipper, annonce une nouveauté: « Code 0 ! ». Cette grande voile d’avant, plus généreuse que le génois, nous permet de maintenir une belle cadence. Résultat : encore 8 noeuds de moyenne, tout en confort.
À l’approche du Cap Corse, c’est le contraste. Dans l’un des lieux les plus ventés de France, le vent se dérobe. Nous tombons dans une zone de dévente, classique dans cette topographie et situation synoptique. Le moteur prend le relais, devant le sémaphore, qui la veille affrontait les 45 noeuds d’un véritable coup de vent.
Quand la mer oblige à revoir ses plans
Initialement, nous devions mouiller devant Centuri, point de départ stratégique pour la traversée du lendemain. Mais sur place, la houle résiduelle, toujours bien marquée, rend le mouillage risqué, trop exposé, avec une tenue douteuse de l’ancre et un risque de se retrouver sur les cailloux. Le port de Centuri est trop exigu pour nous accueillir.
Décision rapide : cap au sud, direction Saint-Florent, 15 milles plus loin. Une baie mieux protégée, un port accessible, et une sécurité assurée pour la nuit. Ce détour de 3 heures aura été la condition d’un repos serein avant une dernière grande traversée.
Leçon météo du jour
Une mer agitée n’est pas qu’un effet du vent présent.
Elle peut être le résidu d’un vent passé, même plusieurs heures après son départ. Malgré une journée calme, la houle héritée du coup de vent de la veille a dicté notre stratégie, nous forçant à adapter notre point de chute.
En mer, le vent et la mer ne parlent pas toujours d’une même voix.
Vie à bord : efficacité croissante, langage commun
Les jours en mer portent leurs fruits :
- Les manoeuvres sont fluides
- Les postes sont identifiés
- Le vocabulaire est acquis, avec en prime une nouvelle venue : la voile de code 0
Autre allié précieux du jour : le Bloc Marine, qui nous permet en un clin d’oeil de vérifier les infos du port de Saint-Florent, non prévu au départ. Réflexe simple, mais crucial dans l’adaptation de la navigation.
Phrase du jour : « Vent qui mollit n’est pas mer assagie. »
Une réalité physique... et une vérité tactique.
Demain, retour sur le continent. Une grande traversée nous attend, avec un départ prévu à 2h du matin. Dernière nuit courte avant le clap de fin de cette immersion au coeur de la météo vécue.
Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.