
VIDEO - Yvan Bourgnon, engagé dans un tour du monde en solitaire sur un catamaran de sport, a bouclé avec succès sa quatrième étape. Il est arrivé au Panama dimanche après six jours et neuf heures de navigation depuis la Martinique.
Pour cette dernière étape transatlantique, Yvan Bourgnon a connu un chavirage éprouvant, un incendie, mais aussi des glissades magiques qui lui donneraient presque envie de signer pour une nouvelle transatlantique. C’est la dernière ligne droite qui a permis au marin suisse de retrouver le calme, un alizé modéré, sans grain et sans orage. « Pour la première fois depuis le début du défi, j’ai pu exploiter mon catamaran sur des glissades interminables, s’est-il réjoui. Je suis très surpris par la vélocité de mon petit engin. » Une belle récompense qui lui a permis d’arriver au Panama avec un large sourire, malgré les difficultés de l’étape.
Une vie de poisson
Yvan Bourgnon va passer quatre à cinq jours au Panama, juste le temps de soigner sa peau très abîmée par le soleil, le vent et le sel. "Je ne me plains pas car je savais que ma peau allait souffrir, commente-t-il. Même si je m’attendais davantage à des crevasses qu’à des maladies de peau en tant que tel." L’humidité permanente sur son fragile esquif a provoqué de l’eczéma et des réactions allergiques. "J’ai eu des crises de démangeaison intenses", explique le marin qui attend avec impatience son rendez-vous sur le dermatologue panaméen et le retour de son médecin de référence à Brest. Il profitera également de l'étape pour améliorer l'étanchéité de ses outils électroniques, exposés en permanence aux éléments extérieurs.
D'autant que le marin a dû faire face à un deuxième chavirage. « Sur la fin de la deuxième journée, alors que j'avale les milles avec une facilité déconcertante, je me fais surprendre par le seul grain de toute mon étape avec toute la voilure en place, explique-t-il. Il cherche alors à affaler son spi, sans s'inquiéter outre mesure, mais le bloqueur résiste et son catamaran chavire par l'avant. "J'étais moins tendu que lors de mon premier dessalage au milieu de l'Atlantique, assure-t-il. Surtout que je suis tombé dans la voile. Mais le plus dur fut de redresser mon bateau car le vent est rapidement tombé. J'étais également gêné par mon gilet de sauvetage, gonflé automatiquement au contact de l'eau, alors que je devais crapahuter et grimper jusqu'à quatre mètres de haut." La procédure de resalage, en pleine nuit, lui prend une heure et il doit s'y prendre à quatre reprises pour grimper tout en haut du flotteur, donner ainsi du mou au hauban, et incliner le mât. "Il me faudra déployer des forces incroyables pour remonte à bord, le catamaran ne m'attendant pas pour repartir au galop", précise-t-il. Mais il n'était pas encore au bout de ses peines. Loin de là. "Mon pilote automatique n'a pas apprécié son séjour prolongé dans l'eau et des flammes ont aussitôt surgi. Je n'ai pas réfléchi longtemps et j'ai jeté l'un de mes deux pilotes pour éviter l'embrasement de mon bateau." Il lui faudra ensuite une journée pour ranger, réparer et faire la liste de la vingtaine d'éléments passés par-dessus bord. "Mais à part ce problème-là, rien ne m'a fait défaut, assure Yvan Bourgnon avec optimisme. C'est un bateau sympa avec lequel j'ai pu faire une belle performance." Le marin insiste sur son arrivée magique au Panama. "J'ai dû mal à réaliser que je viens de terminer l'un des trois océans de mon défi, explique-t-il. Il m'est arrivé tellement de choses depuis mon départ des Sables d'Olonne et je suis toujours en vie !" Pour la prochaine étape, Yvan Bourgnon mettra le cap sur les îles Galápagos, en passant par le mythique Canal de Panama, où le passage des gigantesques écluses et le voisinage de centaines de cargos représentera la principale difficulté.