
Trois plaisanciers ont été pris en otage pendant plusieurs heures dimanche au sud-ouest de la Corse. Ils ont finalement été abandonnés en mer alors que les pirates dérobaient leur yacht de 17 mètres.
L’Armageddon, un imposant yacht de 17 mètres destiné aux longues traversées océaniques, a été abordé dimanche après-midi dans le golfe de Roccapina par un commando de quatre pirates cagoulés et armés, naviguant sur un hors-bord semi-rigide doté d’un puissant moteur. Il s’agit de la première attaque de ce type sur les côtes françaises.
Le couple propriétaire du yacht et un de leurs amis, résidant lui aussi en Corse, avaient décidé de profiter d’une très belle journée pour naviguer près des îlots des Moines, au nord de Bonifacio, dans l’extrême sud de l’île de Beauté. Le mercure évoluait entre 20 et 25°C ce dimanche. Mais la balade a tourné au cauchemar lorsque leur chemin a croisé celui de quatre pirates. Les attaquants ont facilement abordé le yacht dont la vitesse de pointe est de 11 nœuds, soit 20 km/h. Ils ont ensuite neutralisé les trois occupants du yacht en les enfermant dans une cabine pendant trois heures. Puis ils ont dérobé le yacht d’une valeur de plus d’un million d’euros en laissant les trois plaisanciers sur une annexe de secours à plusieurs milles au large de la côte. Les victimes ont réussi à prévenir les autorités dans la nuit, après avoir débarqué sur une plage du village de Campomoro, dans le golfe du Valinco, au nord du lieu de l’attaque.
Une action inédite
Les actes de piraterie sont en forte augmentation ces dernières années - et les navires français ne sont pas épargnés - mais ces actions concernent essentiellement les eaux de la Corne de l’Afrique ou du golfe de Guinée, lorsque les navires marchands jettent l’ancre pour charger leurs marchandises. La Corse, où les autorités encouragent le développement de la croisière et de la plaisance de luxe, n’est pas habituée à ce genre d’agressions. La dernière grande affaire, qui remonte à la fin des années 2000, concernait des vols de yachts à quai, dans les ports du Lavandou (Var), de Cannes (Alpes-Maritimes) et de Bonifacio (Corse-du-Sud). Le dernier navire appartenait à un ami de l’ancien président Jacques Chirac. Tous avaient été repérés sur les pontons par un professionnel du nautisme puis ils avaient été convoyés, non sans avaries, jusqu’à leurs commanditaires tunisiens, des neveux de l’ex-dictateur tunisien Ben Ali.
Fin août 2008, un autre vol spectaculaire avait défrayé la chronique sur les côtes corses: un voilier de 54 mètres de long, attribué au propriétaire du cirque de soleil, avait été braqué dans le golfe de Porto Novo, à quelques encablures de Porto-Vecchio. Les quatre hommes cagoulés avaient dévalisé son coffre-fort en une dizaine de minutes.
Mais il s’agit cette fois-ci du vol en pleine mer, hors saison, d’un navire à l’allure fortement reconnaissable. L’enquête, confiée à la section de recherches de la gendarmerie d’Ajaccio et à la gendarmerie maritime de Toulon, est toujours en cours.
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