
Lors des périodes glaciaires, le niveau de la mer a chuté, parfois jusqu’à 120 mètres, et les hommes ont occupé des terres qui se trouvent désormais sous l’eau. Un groupe de chercheurs venus de 11 pays, dont la France, se mobilise donc aujourd’hui pour le développement de l’archéologie sous-marine.
A l’image de l’expédition Planet Solar, menée par le plus grand bateau solaire au monde en Grèce l’été dernier, les missions d’archéologie sous-marine sont indispensables pour comprendre les conditions de vie de nos ancêtres. L’Europe a ainsi vu la surface de son plateau continental exposé augmenter de 40% pendant les périodes glaciaires successives du dernier million d’années. Ces terrains, qui sont désormais sous les flots, ont été occupés progressivement par la végétation, la faune et les humains. Or les chercheurs de l’European Marine Board soulignent que ces vestiges préhistoriques nichés dans les fonds marins sont menacés par l’érosion naturelle et les perturbations industrielles. Il est donc crucial d’étudier rapidement l’histoire préhistorique de l’Europe à l’échelle des bassins maritimes. « Notre patrimoine culturel submergé n’est pas une ressource renouvelable, a expliqué Jan Mees, président de l’European Marine Board. C’est un atout culturel unique et irremplaçable qui peut fournir des réponses à de nombreuses questions scientifiques, au sujet de nos ancêtres préhistoriques, des paysages et du climat. »
Les découvertes des fonds marins
Plus de 2.500 assemblages d’artefacts préhistoriques submergés, dont l’âge varie de 5.000 à 300.000 ans, ont été trouvés dans les eaux côtières et en pleine mer à travers l’Europe. Mais seules quelques-unes de ces découvertes ont été correctement cartographiées par des plongeurs ou évaluées pour la conservation ou l’excavation. Ces vestiges contiennent pourtant des informations précieuses sur l’ancienne navigation maritime, les structures sociales et les technologies d’exploitation des ressources côtières, avant l’introduction de l’agriculture, il y a environ 10.000 ans. Les premières routes reliant l’Afrique à l’Europe ainsi que les zones où nos ancêtres ont survécu aux multiples périodes glaciaires sont donc dans les profondeurs sous-marines.